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Les boulangeries Sophie Lebreuilly à la conquête de la France
Pas-de-Calais # Distribution # Implantation

Les boulangeries Sophie Lebreuilly à la conquête de la France

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Depuis ses quartiers établis à Etaples, dans le Pas-de-Calais, la chaîne de boulangeries Sophie Lebreuilly multiplie les ouvertures de boutiques. L’enseigne, qui comptait 67 boulangeries fin 2023, vise les 500 boulangeries en 2030. Ce rythme de croissance sera soutenu par une nouvelle ouverture de capital durant l’année. L’objectif est de conforter ses récentes positions d’acteur national.

Olivier et Sophie Lebreuilly, fondateurs et dirigeants de la chaîne de boulangeries Sophie Lebreuilly, née à Etaples (Pas-de-Calais) en 2014 — Photo : Sophie Lebreuilly

La chaîne de boulangeries Sophie Lebreuilly appuie sur l’accélérateur. L’entreprise compte septupler ses points ventes à l’horizon 2030, pour conforter sa récente position d’acteur national. Dix ans après sa création à Étaples (Pas-de-Calais), où se situe son siège, Sophie Lebreuilly compte 67 magasins, 900 collaborateurs, pour un chiffre d’affaires 2023 de 47 millions d’euros. Les deux cofondateurs, Olivier et Sophie Lebreuilly, visent désormais "une centaine de points de vente fin 2024, puis 500 boutiques en 2030". Dans le courant de l’année, l’entreprise va réaliser un nouveau tour de table, en vue de nourrir ses ambitions.

Un succès né d’un pari un peu fou

Sur la seule année 2023, Sophie Lebreuilly a ouvert trente boutiques, ce qui représente quelque 300 embauches. "Nous sommes désormais la quatrième chaîne de boulangeries en France, derrière Marie Blachère, Louise et Ange", revendique fièrement Olivier Lebreuilly, codirigeant et cofondateur. Il faut dire que ce projet était à l’origine un pari un peu fou. Cadres parisiens, Olivier et Sophie Lebreuilly ont tout quitté en 2014 pour ouvrir une boulangerie à Étaples, dans le Pas-de-Calais, près du Touquet. "Nous avons vendu notre appartement alors que Sophie attendait notre deuxième enfant", se souvient le dirigeant.

Tous deux passionnés de gastronomie, ils n’ont pas voulu se lancer dans la restauration avec deux enfants en bas âge. La boulangerie était une alternative intéressante : "c’était un secteur d’activité en pleine mutation et situé en dehors du périmètre d’Amazon. C’est-à-dire sans risque de subir un jour une concurrence féroce venue du web", souligne Olivier Lebreuilly. Si l’idée est séduisante, "les trois premiers mois ont été difficiles, reconnaît le dirigeant. Il a fallu apprendre un métier et le comprendre." Le tout, en imposant leur vision d’une boulangerie dotée d’espaces de restauration, "dans un contexte d’essor du snacking", de pâtisseries faites dans un atelier en interne et de pain fait sur place… Ayant pour cœur de cible les 35-55 ans, une boutique Sophie Lebreuilly classique s’étend en moyenne sur 200 m², avec 20 places assises.

Un potentiel de 1 000 boulangeries en France

Pour l’heure, le pari de la création est relevé et Sophie Lebreuilly se concentre sur l’accélération de son maillage national. Avec sa soixantaine de boutiques, l’enseigne couvre essentiellement le grand nord de la France. Elle est aussi présente dans les Sud-Est et Sud-Ouest, à la suite d’acquisitions réalisées courant 2022. La chaîne de boulangeries compte s’étendre dans le centre de la France en particulier, dans des villes de 10 000 à 15 000 habitants. "Le combat, c’est l’emplacement, résume Olivier Lebreuilly. Nous ciblons des axes de passage, comme des ronds-points à proximité de zones commerciales ou parfois, des centres-villes". Le dirigeant estime que le marché français offre, à terme, un potentiel de 1 000 boutiques.

Ces six prochaines années, la part belle sera faite à la franchise : "La première boutique en franchise a été ouverte en 2018 et nous en comptons une dizaine sur un total de 67. Nous allons accélérer ce type d’ouvertures, d’autant que nous avons beaucoup de demandes", annonce le dirigeant. C’est dans cette optique que l’enseigne a ouvert une boulangerie en plein Paris, avenue Marceau, en septembre dernier. "C’est un flagship. Cette boutique va servir à la fois de vitrine pour ce développement en franchise, tout en nous offrant de la visibilité", précise-t-il.

Plusieurs ouvertures de capital

Olivier Lebreuilly, qui compare volontiers son entreprise à "une start-up en hypercroissance", a rapidement dû ouvrir son capital pour financer la multiplication des points de vente. Une première opération a eu lieu en 2015, auprès de Finorpa et Generis Capital Partners, suivie par l’entrée en 2020 du fonds FrenchFood Capital, puis par celle de l’entrepreneur Daniel Abittan en 2022, un spécialiste de la franchise. "Nous allons compléter le tour de table en 2024, pour continuer à grossir", annonce le dirigeant, qui n’en dévoilera pas plus pour le moment. Dès 2020, les deux fondateurs sont devenus minoritaires au capital. "Cette notion de majorité est un faux débat, s’agace Olivier Lebreuilly. Faire entrer un fonds au capital, ce n’est pas un gros mot. La question n’est pas de savoir quelle part il prend, mais ce que l’on va faire des fonds !".

Le contexte économique corse le jeu

Une boutique représente en moyenne un investissement de 900 000 euros et génère un chiffre d’affaires de 1,2 à 1,4 million d’euros, avec une dizaine de salariés. Face à la multiplication des ouvertures, l’enseigne n’est pas rentable dans sa globalité, mais "l’exploitation au quotidien l’est", assure le dirigeant. Et ce, malgré une année 2023 "sportive", entre la hausse des prix des matières premières ou des coûts de l’énergie. "Nous avons répercuté cette hausse sur nos prix, mais pas dans sa totalité. Nos marges sont donc en baisse. Nous essayons aussi d’avoir des boutiques bien isolées, avec du matériel qui consomme peu. Nous luttons contre le gaspillage…", détaille le dirigeant. C’est un cap compliqué que l’enseigne compte bien passer avec le soutien de ses actionnaires. D’autant que l’aventure n’en est qu’à ses débuts, à en croire Olivier Lebreuilly qui teste actuellement plusieurs concepts, en vue de se diversifier : la distribution de pizzas, la livraison ou encore une petite activité de traiteur.

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