En 2015, plus de 63.000 entreprises françaises n'étaient pas en mesure de régler leurs factures. Ce chiffre, en augmentation de 1,1 % par rapport à 2014 (selon la Banque de France), montre toute la fragilité de la trésorerie de nos entreprises. Le tout dans un contexte où « les évolutions des prix des matières premières et des taux de change euro/dollar exercent une influence défavorable », ajoute une enquête de juin 2016 de l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE).Pourtant, qu'elles soient déficitaires ou excédentaires, les entreprises ont un oeil de plus en plus attentif sur leur trésorerie. D'après une récente étude du cabinet Mazars, 75 % des sociétés interrogées considèrent que le pilotage de la trésorerie est un enjeu croissant. Certaines pour garantir tout bonnement leur survie. D'autres pour réaliser des économies et tenter de se constituer un trésor de guerre. « Longtemps, les prévisions de trésorerie ont été considérées comme un luxe par un grand nombre d'entreprises, mais l'environnement économique plus difficile les a poussées à revoir leur position », note d'ailleurs Guillaume Devaux, associé Mazars en charge de la cellule financement et trésorerie d'entreprise.
Un jeu de leviers à actionner
Si les entreprises semblent avoir pris conscience que, comme le souligne Gérard Leseur, président du Réseau Entreprendre, « la trésorerie est le sang de l'entreprise », rares sont celles qui maîtrisent les différents canaux qui servent à l'alimenter. « Pour l'améliorer l'optimiser, il faut jouer sur différents leviers que sont le poste clients, la rotation des stocks et le poste fournisseur. On peut gagner de la trésorerie simplement en accélérant de deux jours l'encaissement de ses factures clients et en décalant de deux jours le règlement de ses fournisseurs. C'est ce que fait très bien la grande distribution, en encaissant immédiatement ses clients et en payant ses fournisseurs à 30 jours », explique Yves Ollier, dirigeant associé au sein du cabinet d'expertise-comptable Agex-Ollier. Parfois, cette variation des leviers ne suffit pas et l'entreprise doit prendre des solutions plus drastiques en commençant par réduire ses frais généraux ou en faisant appel à des techniques de financement comme la cession Dailly, l'affacturage ou l'escompte. Dans certains cas, il est même opportun de demander un échelonnement du règlement de ses dettes fiscales et sociales. Le temps de retrouver de l'air.
