« L’effet domino des défaillances d’entreprises va être catastrophique en 2021 »
Interview # Finance # Nominations

Simon Lubais président de la nouvelle Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes de Normandie « L’effet domino des défaillances d’entreprises va être catastrophique en 2021 »

S'abonner

Élu depuis 16 ans à la Compagnie régionale des Commissaires aux Comptes de Caen, et directeur associé du cabinet KPMG de Caen, Simon Lubais a pris la tête de de la nouvelle Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes de Normandie, née de la fusion des instances de Caen et de Rouen. Il estime que la mission des commissaires aux comptes sera « cruciale » pour aider les entreprises à surmonter la crise.

Simon Lubais : « Notre mission d’accompagnement est cruciale. »
— Photo : © CRCC

Vous venez d’être élu à la tête de la nouvelle Compagnie Régionale des Commissaires aux Comptes de Normandie. Quelles sont vos ambitions pour votre mandat ?

Simon Lubais : Il s’agit d’abord de réussir la fusion des instances de Caen et de Rouen de la Compagnie Régionale. Depuis le 1er novembre dernier, nous fonctionnons avec une organisation unique, un territoire plus large, mais avec deux fois moins d’élus, puisque nous ne sommes plus que douze. Nous allons donc devoir réinventer les gouvernances pour utiliser les forces vives du territoire. Avec un premier objectif : réenchanter le métier de commissaire aux comptes, jadis considéré comme la voie royale à la sortie des écoles de commerces, mais déconsidéré depuis la loi Pacte.

Quel est, aujourd’hui, l’état d’esprit des chefs d’entreprise et quelles sont les principales problématiques rencontrées par vos clients depuis la crise sanitaire ?

Simon Lubais : Nos clients (4 800 entreprises sont accompagnées au sein de la CR normande, NDLR) ont été touchés de plein fouet par la crise sanitaire et la crise économique, mais ils sont surtout déroutés par les allers-retours des décisions prises au niveau national. Avec des mesures de protection sanitaire qui varient tous les quinze jours, la gestion d’une entreprise au sein de cet environnement anxiogène se montre complexe. Les dirigeants ne disposent pas de vision sur le long terme et affichent des difficultés à s’organiser, d’autant que la plupart des aides proposées par le gouvernement sont très complexes à mettre en place. Notre premier travail, en tant que commissaires aux comptes, a été de passer en revue tous nos clients, de les appeler et de faire le point, avec eux, sur la nature de leurs difficultés. Notre mission d’accompagnement est cruciale.

Comment voyez-vous l’après-crise ?

Simon Lubais : Paradoxalement, nous avons enregistré une baisse des défaillances d’entreprises de 30 à 40 % par rapport à d’habitude, car beaucoup de dirigeants ont eu recours aux PGE (prêt garanti par l’État), aux aides sectorielles et ont opté pour un décalage de versement des charges. Un des grands enjeux pour 2021 est que l’on va se retrouver avec des entreprises qui étaient déjà fragiles avant la crise, et qui déposeront le bilan, certes plus tardivement, mais avec un passif plus lourd. L’effet domino va être d’autant plus catastrophique, qu’il va fragiliser encore plus les autres partenaires et fournisseurs. On a déséquilibré l’économie en favorisant les plus fragiles et en pénalisant ceux qui arrivent à se maintenir au-dessus de la ligne de flottaison. Mais il faut se projeter dans l’avenir car une fois la crise passée, il va nous falloir aider les entreprises à redémarrer. Nous avons déjà constaté une augmentation des demandes d'attestations de viabilité et des attestations relatives au chiffre d’affaires et de tous documents qui permettent aux chefs d’entreprise de rassurer leurs partenaires sur leur solvabilité.

Caen Rouen # Finance # Nominations