L’échalote traditionnelle de Bretagne se bat pour sa survie au niveau européen
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L’échalote traditionnelle de Bretagne se bat pour sa survie au niveau européen

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Concurrence déloyale, tromperie… Le collectif de l’échalote traditionnelle de Bretagne ne mâche pas ses mots pour alerter les politiques et les consommateurs sur les menaces qui pèsent sur sa survie, alors que s’apprête à déferler sur le marché français une nouvelle variété hollandaise d’oignon allongé abusivement présentée comme "échalote".

À l’inverse des variétés de semence, l’échalote traditionnelle requiert une production de type maraîchère très gourmande en main-d’œuvre, notamment pour planter et récolter les bulbes — Photo : Collectif de l'échalote traditionnelle de Bretagne

Bernard Cadiou, le président du Collectif de l’échalote traditionnelle de Bretagne, l’admet : il peut être difficile, à l’œil nu sur un étal, de faire la distinction entre une échalote issue de la multiplication de bulbes et un oignon, issu d’une semence. Mais en amont, les méthodes de production sont pourtant radicalement différentes. "À la différence de l’oignon de semis qui est cultivé et récolté de façon extrêmement mécanisée, l’échalote traditionnelle est issue d’une production de type maraîchère et familiale. Cette production est très exigeante et gourmande en main-d’œuvre car la plantation, l’arrachage et le tri sont entièrement réalisés à la main", insiste Bernard Cadiou, dont le collectif rassemble près de 200 exploitations agricoles en Bretagne et Pays-de-la-Loire. Deux régions qui cumulent à elles deux 80 % de la production d’une filière qui pèse chaque année 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 3 000 emplois.

Agriculture traditionnelle contre agriculture mécanisée

Pour les producteurs, l’arrivée imminente sur le marché d’une nouvelle variété d’oignon allongé issu de semence illustre un nouveau coup dur porté à leur production. "Au niveau européen, le protocole de l’Office Communautaire des Variétés Végétales (OCVV) énonce une série de dispositions techniques permettant de différencier oignon et échalote, et donc de protéger cette dernière. Pourtant, depuis plus de 20 ans, un pays membre de l’UE, les Pays Bas, fait fi de ces règles et procède à l’inscription de variétés de semis en tant qu’échalote, alors que chaque nouvelle variété inscrite se rapproche toujours plus de l’oignon. Et ces tentatives ont déjà été mises en évidence à plusieurs reprises par le passé", dénonce le collectif qui rassemble des membres de l’association de producteurs bretons Cerafel, de la coopérative angevine Fleuron d’Anjou, de la section nationale de l’échalote et de l’Association des producteurs libres.

De gauche à droite : Bernard Cadiou, président du Collectif de l’échalote traditionnelle de Bretagne, Adrien Corre, membre du Cerafel et président de la Section nationale de l’échalote et Éric Porhel, représentant de l’Association des producteurs libres — Photo : Jean-Marc Le Droff

Un appel de détresse de la filière à destination des politiques

"Depuis plus de 20 ans, malgré les alertes et la mobilisation des professionnels de la filière, rien ne change. Au sein de l’Union Européenne, un pays continue à passer outre les règles communes et à imposer ses propres intérêts commerciaux. Pendant ce temps, les producteurs d’échalotes traditionnelles perdent des parts de marché et les consommateurs sont dupés, avec des étiquettes peu claires et peu fiables. Nous tirons donc une nouvelle fois la sonnette d’alarme face au risque de disparition imminente de l’échalote traditionnelle !".

Après des courriers adressés à des élus français et des associations de consommateurs, l’appel à la mobilisation semble avoir été entendu par plusieurs parlementaires, parmi lesquels le député Didier Le Gac et la sénatrice Nadège Havet. "Nous avons également rencontré en décembre la députée Sandrine Le Feur et le député européen Jérémy Decerle. Un courrier cosigné par plusieurs élus a par ailleurs été envoyé au ministre de l’Agriculture, au commissaire européen en charge de l’agriculture et au GEVES. La problématique a également été exposée au ministère de l’Agriculture le 11 décembre dernier", détaille le collectif, qui se bat par ailleurs pour que l’appellation "échalote de Bretagne" devienne une IGP.

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