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Le robinetier Kramer fait sa mue en ensemblier de la salle de bains
Meuse # Industrie manufacturière # Stratégie

Le robinetier Kramer fait sa mue en ensemblier de la salle de bains

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L’entreprise de robinetterie meusienne Kramer ajoute à son métier " historique " la fabrication de sanitaires en céramique, se positionnant ainsi comme un ensemblier de la salle de bains. Porté par les enjeux de responsabilité sociétale, le groupe de 200 salariés anticipe une hausse des deux-tiers de son chiffre d’affaires.

L’ex usine Jacob Delafon devrait produire 100 000 pièces en 2024 — Photo : Kramer

L’entreprise de robinetterie basée à Étain, dans la Meuse, a attendu son heure. Longtemps en butte à la concurrence asiatique, son repreneur en 1999, Manuel Rodriguez, estime que le moment est venu de donner une nouvelle envergure à son entreprise de 200 salariés, en la positionnant comme "un grand ensemblier français de la salle de bains".

Fournisseur privilégié des marques de distributeurs, la société avait déjà fait entrer dans son giron une grande marque : elle avait repris il y a quatre ans le spécialiste de la robinetterie de luxe Horus à Obernai (Bas-Rhin). L’entreprise meusienne a franchi une marche supplémentaire en 2021 en rachetant l’usine historique de Jacob Delafon à Damparis (Jura), rebaptisée Jurassienne de céramique française. Le dirigeant de 53 ans compare le site à "l’Olympia du sanitaire" et explique que "l’ajout des céramiques sanitaires à notre activité historique de robinetier transforme Kramer en véritable ensemblier de la salle de bains". Il pourrait y ajouter à terme les bâti-supports de WC suspendus voire les meubles de salles de bains.

Pour le moment, Kramer se concentre sur la montée en puissance de son usine jurassienne dont le démarrage a été retardé de onze mois par la flambée des coûts énergétiques. Le groupe vient d’y rapatrier la fabrication des céramiques sanitaires d’Horus, jusqu’alors sous traitée outre-Manche.

Rachat d’un distributeur

Plutôt familière de la distribution en gros volumes, la société cherche également à atteindre les plus petits revendeurs. Cette stratégie s’incarne dans le rachat de Sarodis (Maine-et-Loire) au printemps 2023, un concepteur et distributeur de produits de salle de bains d’une vingtaine de salariés, auquel Kramer fournissait la robinetterie. "Nous allons nous appuyer sur les compétences de cette entreprise en matière de distribution traditionnelle et digitale pour jeter les bases d’une nouvelle entité, Kramer Distribution", annonce Manuel Rodriguez.

Kramer a de sérieux atouts à faire valoir pour atteindre son objectif d’augmenter des deux tiers son chiffre d’affaires à l’horizon 2025. Celui-ci devrait d’ailleurs atteindre les 40 millions d’euros cette année. Son président estime que la montée en puissance, en Europe, des enjeux de réduction des émissions de CO2 et plus largement de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) redonne des marges de compétitivités aux PME industrielles françaises. En effet, ces enjeux s’imposent déjà aux clients du robinetier meusien, à savoir les distributeurs de matériaux, au premier rang desquels Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, ex Point P. Mais l’entreprise s’applique aussi à elle-même ces principes, au travers d’une solide stratégie RSE. Elle a formé 100 % de ses salariés au développement durable, n’utilise plus de plastique dans ses emballages, assemble ses produits en France, etc. Des objectifs chiffrés à trois ans ont été définis comme l’abaissement de 20 % de ses émissions de CO2 ou encore des achats réalisés à 40 % auprès de PME-TPE françaises.

Pour se donner les moyens de ses ambitions, le groupe sécurise l’ensemble de sa chaîne de valeur. Il a notamment pris une participation minoritaire en 2018 dans son fournisseur historique, l’italien WTS (Water tech solutions). Cette opération a permis de cofinancer les investissements de l’entreprise de fonderie, d’usinage et de chromage transalpine en vue d’augmenter ses moyens industriels.

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