L’Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical) qui milite pour le développement du mécénat auprès des entrepreneurs, a dévoilé les derniers chiffres de son baromètre du mécénat d’entreprise en France. Ce baromètre, publié tous les deux ans, repose sur les données fiscales 2020 transmises par la DGFIP et une enquête Ifop menée en 2022 auprès de 1 401 entreprises de plus de 10 salariés. "Nous pouvions nous attendre à un rebond. Les chiffres sont finalement sensiblement les mêmes que ceux de la dernière enquête", résume Catherine Gineste, déléguée régionale d’Admical. "Avec des données fiscales qui remontent à la crise sanitaire et un sondage mené en pleine crise ukrainienne, le mécénat n’a pas été une victime collatérale des crises et le sondage montre même que 60 % des entreprises ont maintenu leurs actions et 15 % vont augmenter leur budget de mécénat", souligne Yann Queinnec, délégué général de l’association.
Quatre fois plus d’entreprises mécènes en 10 ans
Alors qu’en France, 4,6 % des entreprises ont déclaré des dons en 2020, ce pourcentage tombe à 2,75 % en région Paca, qui se situe en queue de peloton, juste devant les départements d’outre-mer et la Corse. Si le chiffre peut paraître "décevant", selon Catherine Gineste, une fois mis en perspective, il atteste d’une nette évolution au cours des 10 dernières années. "Avec 5 969 entreprises régionales mécènes et 74 millions d’euros de dons déclarés, le nombre d’entreprises ayant déclaré des dons a été multiplié par 4,1 et le montant des dons a été multiplié par 4,4 en 10 ans", ajoute la déléguée régionale.
Pour Yann Queinnec, les chiffres du baromètre laissent aussi apparaître une marge de progression considérable, dans toutes les régions. "Avec 3,6 milliards d’euros consacrés au mécénat d’entreprise en 2021, ce n’est pas une paille, mais nous pourrions faire beaucoup plus. Les entreprises pourraient donner 10 fois plus si elles utilisaient à plein le dispositif fiscal. Par ailleurs, 91 % des entreprises ne sont pas mécènes."
Faire progresser le mécénat sous toutes ses formes
Cette marge de progression, Admical entend aller la chercher dans les territoires, auprès des PME et ETI. L’association qui compte aujourd’hui 200 adhérents, pour moitié des entreprises et pour moitié des porteurs de projets - culturel, social ou sportif -, vise les 500 adhérents rapidement.
"Que ce soit à travers notre baromètre, nos compétences d’accompagnement en interne, nos formations, nous voulons porter la cause du mécénat auprès du plus grand nombre d’entreprises." Puis, le mécénat est vecteur de sens, comme en témoignent les motivations des entreprises mécènes, à savoir renforcer leur ancrage territorial, fédérer et fidéliser les collaborateurs, s’aligner avec les valeurs et engagements en matière de RSE. Enfin, le mécénat est financier, mais aussi de compétences et offre, à ce titre, un réservoir important de progression, et surtout d’innovations. Si son développement a été contrarié par la crise sanitaire, le mécénat de compétences est "un sujet dont nous entendons parler de plus en plus. Il n’y a pas une semaine sans qu’un adhérent évoque ce sujet", confirme Catherine Gineste.
Le mécénat à plusieurs
Pour Admical, un autre fait se confirme : le regroupement des entreprises, une tendance qu’avait relevée Catherine Gineste dès 2021, qualifiant la région Paca de "laboratoire d’initiatives collectives de mécénat." Ces initiatives sont d’ailleurs poussées par Admical, qui a créé un incubateur dédié au mécénat collectif territorial, pour permettre à des entreprises qui souhaitent être proactives sur leur territoire de le faire. "Une PME sur son territoire ne va pas changer la donne toute seule, mais à dix, l’impact est décuplé", remarque Yann Queinnec. Ce programme d’accompagnement est appelé à grandir. Il a fait ses débuts à Marseille, avant le Covid, et continue de soutenir un projet, porté par Onet, le groupe d’assurance Candide et la Compagnie Fruitière, un projet qui vise la création d’une plateforme de l’engagement, permettant de regrouper des entreprises qui souhaitent développer le mécénat de compétences.
