Lorient
Le port de Keroman se projette au Moyen-Orient
Lorient # Pêche # International

Le port de Keroman se projette au Moyen-Orient

S'abonner

Gestionnaire du premier port de pêche breton, la Sem (Société d’économie mixte) de Lorient Keroman souhaite renforcer un partenariat stratégique et prometteur avec le sultanat d’Oman à travers la modernisation et l’exploitation du port de Duqm, nouveau centre de gravité de la péninsule arabique.

Avec déjà 500 navires débarquant chaque semaine à Duqm, le port omanais prévoit un effort de modernisation titanesque — Photo : DR

De mémoire de pêcheurs bretons, c’est une opportunité de développement à l’international sans précédent. Suite à une visite du port de pêche de Lorient à l’occasion du salon Itechmer en octobre 2019, une délégation officielle du Sultanat d’Oman avait manifesté l’ambition de développer dans la localité de Duqm, un ensemble portuaire inspiré de l’écosystème lorientais. Bâti autour d’un consortium réunissant plusieurs experts dont Maurice Benoish, ancien président de la Sem (Société d’économie mixte) de Lorient-Keroman, un avant-projet avait été élaboré puis retenu par les autorités omanaises, conduisant à l'établissement de la société franco-omanaise Marsa Al Duqm Investments en 2021. Constituée à parts égales de quatre associés, dont la Sem Lorient-Keroman, entreprise gestionnaire du port de pêche de Lorient, la SAS Ker-Oman est engagée à hauteur de 30 % dans cette structure qui s’est vue confier l’exploitation du futur port de Duqm pour une durée de 28 ans.

Débouchés et approvisionnement

" À ce jour, environ 500 navires débarquent chaque semaine à Duqm et y font leur avitaillement ", assure Maurice Benoish, président de la SAS Ker-Oman. Les perspectives se révèlent encore plus engageantes pour le port de pêche de Lorient et ses acteurs, en recherche de nouveaux débouchés sur leurs expertises métiers, mais également attentifs à sécuriser des approvisionnements afin d’alimenter une industrie halieutique qui traite chaque année environ 80 000 tonnes de poissons. Chef-lieu d’Al Wusta, région aride du centre d’Oman, à distance équivalente entre la capitale Mascate au nord, et la ville de Salalah au sud, Duqm ouvre un accès privilégié aux eaux poissonneuses de l’Océan Indien, à l’écart du très sensible détroit d’Ormuz. Proche d’importants gisements gaziers, la ville devrait voir passer sa population de 50 000 à 200 000 habitants d’ici 2040.

200 000 tonnes de poisson d’ici 2030

Encore dépendant de la rente des hydrocarbures qui représente environ 30 % de son PIB et 80 % de ses recettes budgétaires, Oman est engagé dans une ambitieuse stratégie de diversification économique afin d’assurer son développement dans la durée ainsi que sa souveraineté alimentaire. Le sultanat s’appuie sur une zone économique exclusive de 535 000 km2 pour développer des pêcheries qui sont composées de plus de 20 000 navires et dont la production est passée d’environ 150 000 à plus de 900 000 tonnes sur la dernière décennie. Cette nouvelle ambition est matérialisée autour du projet de pôle halieutique à Duqm qui mobilise près de 300 millions d’euros d’investissements. Mobilisant une enveloppe de 80 millions d’euros, les travaux pour la réalisation des superstructures interviennent début 2024 avec une livraison escomptée en 2026. Le port de Duqm espère le débarquement et la valorisation annuelle de 200 000 tonnes de produits de la mer sur un horizon à 5 ans, puis 500 000 tonnes au bout de 10 ans. Ce futur pôle économique du Moyen-Orient visera aussi à abriter l’essor d’activités annexes liées au tourisme, à la plaisance et à la course au large.

Lorient # Pêche # Agroalimentaire # International # Écosystème et Territoire