Le choix n’est pas dû au hasard, et rend très "fier" le président du groupe Le Duff, Louis Le Duff, fondateur d’un empire industriel à 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. C’est à Rennes, en Bretagne, que Patrick Martin, le nouveau président du Medef, a décidé de faire sa première halte en région, depuis son élection le 6 juillet dernier. Au siège d’une entreprise agroalimentaire florissante, qui double son activité tous les quatre ans, il vient montrer tout son engagement à défendre les entreprises et les industriels français dans leurs projets de développement. À commencer par le groupe Le Duff (Bridor, Del Arte, Brioche Dorée…), contraint d’abandonner son projet d’une usine de viennoiseries surgelées Bridor à Liffré, près de Rennes, en raison de la pression des écologistes. Et cela, malgré un projet - à 250 millions d'euros - remplissant toutes les conditions légales et réglementaires.
"Si on n’y prend pas garde, notre pays va continuer à se déchirer"
"Ça me désole parce que le groupe Le Duff est un cas emblématique de ce que la France sait faire, de ce que les territoires, les industries et les entreprises familiales savent faire, souligne le nouveau patron des patrons. J’y vois une forme d’incohérence que notre pays se doit de régler. Il faut valoriser les territoires et les savoir-faire français, avoir de l’emploi à proximité des populations, mais il faut que cela se traduise dans les actes. Pendant tout mon mandat, je ferai en sorte qu’on objective les sujets et qu’on apporte de la sérénité parce que si on n’y prend pas garde, notre pays va continuer à se déchirer. On le paiera en termes de production et d’emplois alors qu’on remplit toutes les conditions pour réussir. Si on tue l’initiative et la liberté d’entreprendre sous toutes ses formes, il ne faudra pas s’étonner que les tensions qui existent s’exacerbent."
Les impôts de production et les prix de l’énergie parmi les sujets prioritaires
A l’heure où le poids de l’industrie dans le PIB de la France diminue année après année (il pesait 13,4 % en 2021 selon France Industrie), comme le fait remarquer Louis Le Duff, Patrick Martin se dit attaché à "réunir les conditions d’une réelle et impérative réindustrialisation".
"Là où l’industrie passait pour une vieillerie il y a quelques années, il y a eu cette prise de conscience qu’au contraire c’était la locomotive de l’économie, en termes de création de richesses, de qualification des emplois, de rémunérations, d’innovations et d’exportations. C’est une première victoire."
Parmi les sujets dont le dirigeant de l’entreprise rhônalpine Martin Beylasoud (2 770 salariés, 1 Md€ de CA) souhaite s’emparer en priorité ces prochaines semaines, au bénéfice de la compétitivité des industries, il y a ceux des prix de l’énergie, des impôts de production (le gouvernement pourrait freiner leurs baisses), mais aussi les qualifications et la disponibilité de la main-d’œuvre.
Louis Le Duff se montre convaincu que Patrick Martin réussira à la tête de l’organisation patronale, qui représente plus de 125 000 entreprises en France : "Il a une autorité naturelle, il réussira à faire passer ses idées aux patrons". Quant à savoir si le patron breton pourrait investir de nouveau demain sur son territoire, Louis Le Duff, peu bavard sur le sujet, laisse toutefois la porte ouverte. "Le passé, c’est le passé, maintenant nous sommes branchés sur le futur."
