C’est un CV atypique pour un préfet. À 55 ans, agrégé de droit "tombé dans la marmite de l’action publique", Hugues Moutouh est logiquement passé par de nombreux cabinets ministériels ainsi que par le Conseil d’État. Il a aussi été préfet de la Creuse, de la Drôme puis de l’Hérault avant de s’installer il y a deux jours à peine, dans les Alpes-Maritimes. Mais l’ancien professeur d’Université, parfois qualifié de "préfet bulldozer " pour ses positions sans langue de bois, a aussi fait un crochet dans le secteur privé, entre 2012 et 2019. D’abord dans un cabinet d’avocats parisien puis dans un groupe industriel. "C’est une casquette que je mets moins en avant, confie-t-il, la casquette entrepreneuriale. J’ai d’abord été directeur général puis président du directoire, où j’ai fait un deal et vendu une société qui ne m’appartenait pas. J’ai donc une vision un peu différente de celle de mes collègues."
Un ex-chef d’entreprise face à la bureaucratie
Un préfet passé par la case chef d’entreprise, voilà qui suscite un intérêt marqué parmi les dirigeants maralpins attentifs aux moindres signaux qui pourraient avoir un impact sur le tissu économique. Présidents de la CCI Nice Côte d’Azur, de l’UPE 06, de l’UIMM Côte d’Azur, de la CCI Paca ou du directoire des Aéroports de la Côte d’Azur étaient ainsi logiquement présents lors de la prise de fonction d’Hugues Moutouh.
Dans son discours, ce dernier s’est adressé à eux, rappelant son expérience. "J’ai été confronté à la bureaucratie. Je pensais naïvement en prenant la tête de cette entreprise de 1 300 salariés et 500 millions d’euros de chiffre d’affaires (groupe ECOR, Dauphin Environnement, NDLR) avoir toutes les armes, les réseaux et les relations pour la contourner et je me suis retrouvé à me taper la tête contre des règlements, des fonctionnaires, qui finalement ne s’intéressaient pas toujours suffisamment à la valeur ajoutée que, moi entrepreneur, je produisais. Je sais les difficultés que vous endurez et j’essaierai d’appliquer les textes avec la plus grande intelligence."
"Un État qui ne soit pas bloquant"
Dans ce département des Alpes-Maritimes qu’il définit comme "extrêmement attractif économiquement", le nouveau préfet veut donc rassurer. "Tout le monde a envie d’avoir un siège ici, il y a une effervescence entrepreneuriale assez stupéfiante sur ce territoire. Un chef d’entreprise ne demande pas grand-chose si ce n’est un État qui ne soit pas bloquant. Il faut, le plus en amont possible, être au courant des projets des élus et des partenaires privés et se dire que notre objectif, c’est l’installation d’une entreprise, l’extension d’une ligne de production, ou l’arrivée sur un nouveau site, et à partir de là, savoir comment faire. Si l’idée première de l’élu ou du chef d’entreprise n’est pas la bonne, nous ne les laisserons pas se casser les dents face à la loi sur l’eau ou autre. J’y veillerai. Je ne suis pas là seulement pour appliquer la réglementation du ministère de la Transition écologique mais aussi pour appliquer les directives et relayer les impulsions de Bruno Lemaire à Bercy. C’est ma responsabilité de faire la synthèse et de l’interpréter de façon constructive."
Les acteurs économiques azuréens ont d’ores et déjà demandé à rencontrer Hugues Moutouh.
