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Le joaillier Orest prend ses quartiers dans sa nouvelle manufacture de Saint-Dié
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Le joaillier Orest prend ses quartiers dans sa nouvelle manufacture de Saint-Dié

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L’entreprise de joaillerie Orest (125 M€ de CA, 700 salariés), installée à Erstein en Alsace bénéficie à plein de la croissance de ses clients, les marques de luxe. Pour répondre à la demande, Orest a injecté 7,5 millions d’euros dans une nouvelle manufacture à Saint-Dié et prévoit encore de changer de dimension avec le rachat de sa maison mère, Platinum Invest, par le groupe LVMH.

Denis de Becker, PDG du groupe Platinum Invest et Jean-Julien Koerim, responsable du site de Saint-Dié — Photo : Jules Petras

Dans le marché mondial de la joaillerie, "relativement stable et autour de 400 milliards d’euros par an", déclare Denis de Becker, le dirigeant d’Orest, entreprise de joaillerie, le luxe connaît une croissance "absolument extraordinaire". En effet, les grandes maisons "connaissent une évolution de leurs ventes de 10 à 15 % par an et grignotent les parts de marché des bijoux non signés", poursuit le chef d’entreprise, qui profite à plein de cette mutation du marché.

Et pour cause, l’entreprise Orest, dont le siège social et principal site de production se situe à Erstein en Alsace, est spécialisée dans la fabrication de bijoux dits de joaillerie fine : c’est-à-dire à prix public entre 1 000 à 50 000 €. Le créneau est porteur et l’industrie sous-capacitaire. Pour affronter la forte demande des Hermès, Van-Cleef, Cartier et consorts, Orest ne pouvait plus se contenter de son site historique d’Erstein : "notre site Alsacien était à saturation", se souvient Denis de Becker.

Le nouveau site de Saint-Dié-des-Vosges, un investissement de 7,5 millions d’euros pour le joaillier Orest — Photo : Jules Petras

Un investissement de 7,5 millions d’euros

Le chef d’entreprise acte alors la décision d’installer une nouvelle unité à Saint-Dié, dans les Vosges, commune où il réside. Il engage un investissement de 7,5 millions d'euros, dont 5 millions pour l'immobilier et 2,5 millions d'euros pour l'outil de production. Et en mai 2023, les salariés d’Orest prennent leurs quartiers dans ce nouveau bâtiment qui compte d’ores et déjà 160 salariés.

Denis de Becker croit en cette ville : "Nous avons un confrère installé à Saint-Dié, et ensemble nous impulsons un écosystème complet autour de la joaillerie". Ainsi, les deux industriels ont monté, en partenariat avec l’Education nationale, une formation de CAP joaillerie dont la première promotion démarrera début octobre 2023. "Nous avons acquis le matériel, et la formation se déroulera dans les locaux de l’UIMM à Saint-Dié", précise le dirigeant.

La stratégie est d’allouer les nouveaux moyens de productions à la marque Tiffany que LVMH souhaite développer en Europe

Dans le même temps que cette implantation, Denis de Becker a travaillé à la constitution d’un groupe intégré dans le domaine de la joaillerie avec le rachat coup sur coup de deux sociétés. D’une part BD Product en janvier 2022, une société près de Besançon, spécialisée dans la fabrication de petits composants qui entre dans la fabrication des bijoux.

Puis en juillet 2022, deuxième acquisition avec la société parisienne Abysse qui fabrique des bijoux dit "de haute joaillerie", c’est-à-dire au-delà des 50 000 € prix public par pièce. L’ensemble, réuni sous la houlette du groupe Platinum Invest, peut servir une clientèle du luxe sur une vaste typologie de bijoux, et profite en même temps de l’internationalisation de la fabrication de composants.

Pour former le personnel, Orest s’associe avec un confrère afin de financer le matériel d’un nouveau CAP sur Saint-Dié — Photo : Jules Petras

Nouvel actionnaire

Un nouveau groupe à la durée de vie éphémère, puisque cette ETI régionale a séduit les appétits d’un de ses clients, le mastodonte LVMH. Le groupe aux 75 marques de luxe, boucle le rachat de la majorité des parts de Platinum Invest et prendra dès septembre 2023 possession de son fournisseur.

"La stratégie est d’allouer les nouveaux moyens de productions à la marque Tiffany que LVMH souhaite développer en Europe", confie Denis de Becker, qui indique toutefois qu’il continuera de servir la clientèle existante dans les volumes actuels. "Nous allons encore développer le site de Saint-Dié. Nous devrions être 300 à la fin 2024 et 400 à la fin 2025", ambitionne le patron d’Orest. Selon lui, le site devrait même arriver à saturation d’ici 2026 et, par conséquent, un agrandissement est déjà dans les tuyaux. "En 2024, nous devons commander l’extension, avec un bâtiment qui devra accueillir 800 à 1 000 personnes pour répondre à la croissance de nos clients", conclut le dirigeant.

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