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La transition numérique, pivot de la transformation du modèle d’affaires des ETI
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La transition numérique, pivot de la transformation du modèle d’affaires des ETI

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Le groupe Bouhyer et Manitou Group sont deux ETI industrielles de notre territoire. À l’image des 5 400 ETI françaises, elles ont dû accélérer leur numérisation pour se transformer. Lors d’une table ronde organisée par KPMG, leader de l’audit et du conseil, et le Medef 44, les deux entreprises ont partagé leurs expériences sur cette étape clef de développement et de transformation de leur modèle d’affaires.

Hervé Rochet, Membre du Conseil exécutif et directeur de la transformation de Manitou Group, Chiara Danieli, Directrice générale du groupe Bouhyer, ont partagé leurs expériences respectives avec Wolfgang Legoff, associé de KPMG en charge des activités de conseil pour la Région Ouest et co-auteur d’une étude récente sur la digitalisation des ETI en France — Photo : David Pouilloux

Un grand chambardement est l’expression qui vient à l’esprit lorsque l’on fait la somme des transformations auxquelles les PME et les ETI ont dû et doivent encore aujourd’hui faire face. Les défis à relever ne manquent pas : digitalisation des services, hausse du coût de l’énergie et décarbonation, transformation de leur modèle d’affaires, renforcement de la cybersécurité, changement de leur politique de ressources humaines et de gouvernance. Comment affrontent-elles cette kyrielle de changements ?

Technologies de l’information

Fin mars 2024, à l’occasion d’une table ronde organisée à Nantes, par KPMG, leader de l’audit et du conseil, et le Medef 44, deux ETI de Loire-Atlantique ont fait part de leurs expériences en la matière : Manitou Group et le Groupe Bouhyer. "Nous sommes passés de 50 à 150 salariés dans nos services liés aux technologies de l’information, et cela seulement en trois ans, rapporte Hervé Rochet, membre du conseil exécutif et directeur de la transformation de Manitou Group (5 500 salariés ; 2,87 Md€ de CA en 2023). C’est une accélération phénoménale, et l’on continue à recruter. Aujourd’hui, on mesure son importance au fait que nous avons en permanence 4 salariés à plein temps qui forment nos collaborateurs."

Priorité à la formation

Les Fonderie Bouhyer, à Ancenis, où l’on fabrique des contrepoids pour les machines de levage — Photo : Groupe Bouhyer

La digitalisation des entreprises n’est pas le seul enjeu de transformation des entreprises, même elle est bien entendu un moyen de l’accélérer et de la mesurer. Le Groupe Bouhyer (60 M€ de CA) est implanté à Ancenis, non loin du groupe Manitou. Chiara Danieli est la directrice générale de ce groupe industriel qui fabrique des contrepoids en fonte pour les machines de levage.

"La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui repose sur le reporting extra-financier, nous impose des contraintes très fortes. Nous appelons de nos vœux qu’elle soit davantage graduée dans le temps et dans les niveaux d’exigence. Pour une bonne raison : nous sommes une ETI de 300 personnes et non de 3 000. Nous n’avons pas les mêmes moyens qu’un grand groupe, mais on exige de nous de respecter les mêmes normes, les mêmes réglementations, et le même timing que les grosses ETI, remarque Chiara Danieli. Pour ce qui nous concerne, nous avons priorisé la formation de nos salariés, et leur bien-être, valorisé leur savoir-faire et insisté sur le respect des personnes. Par ailleurs, nous misons sur l’ancrage territorial pour notre approvisionnement qui se fait à moins de 30 km à la ronde. Quant à la RSE, elle fait partie de notre ADN : 100 % de notre matière première, c’est de l’acier issu du recyclage. Nous venons de lancer un audit énergétique." Elle ajoute : "on veut une Europe verte, avec une économie verte, et c’est très bien. Mais nous sommes à l’export, face à une concurrence internationale qui est beaucoup moins verte que nous. Il faut nous laisser du temps pour nous adapter et innover pour conforter nos atouts."

1 000 milliards d’euros de chiffre d’affaires

Matthieu Hybert, délégué général du Medef 44 — Photo : Medef 44

Ces deux témoignages illustrent les résultats d’une enquête récente conduite par KPMG sur le thème de la "grande accélération" du numérique et de son impact sur le développement économique des 5 400 ETI françaises. Ces dernières cumulent 1 000 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représentent 25 % de l’emploi dans notre pays. "Nos ETI structurent le territoire, souligne Matthieu Hybert, délégué général du Medef Loire-Atlantique. Il était important de comprendre comment elles s’emparaient de sujets comme la transition numérique, les simplifications administratives, le logement des salariés ou l’impact de la CSRD."

Le numérique : une transformation pivot

"Dans notre enquête conduite auprès de 200 dirigeants d’ETI, environ 75 % de ces dirigeants affirment que l’évolution de leur modèle d’affaires passera principalement par la transformation numérique, déclare Wolfgang Legoff, associé de KPMG en charge des activités de conseil pour la Région Ouest et co-auteur d’une étude récente sur la digitalisation des ETI en France. La transformation numérique est une transformation pivot qui marque le passage d’une entreprise centrée sur le produit à une organisation centrée sur le client. Le numérique constitue un puissant levier de renforcement de la performance et de la rentabilité des ETI".

"Par ailleurs, précise Wolfgang Legoff, la numérisation des processus et celle de la relation clients ont été les premières étapes de cette dynamique, menées avec le succès que l’on connaît. Pour aller plus loin, les ETI doivent aujourd’hui exploiter tout le potentiel du numérique et des données qu’elles produisent pour se différencier et construire un vrai avantage concurrentiel. Les dirigeants vont s’en saisir de manière pragmatique pour faire évoluer leur modèle d’affaires en ouvrant de nouveaux marchés, en personnalisant la relation clients et en poursuivant le développement de leur excellence opérationnelle."

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