L’idée peut sembler folle. Transporter du fret en Méditerranée, dans une goélette de 35 mètres simplement propulsée par la simple énergie éolienne, le vent. Le projet porté par trois associés, Bruno Daniel, Djamina Daniel-Caseneuve et Pierre Grateau, cofondateurs de la start-up marseillaise Hisseo, a vu le jour en 2023 sous le statut de société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Un statut qui permet à l’entreprise d’associer les parties prenantes à sa gouvernance. C’est le cas du chantier d’architecte naval breton L2O Naval, basé à Lorient.
"Nous voulons développer le transport de fret à la voile en Méditerranée, mais il ne s’agit pas de revenir en arrière, à l’époque des clippers", explique Djamina Daniel-Caseneuve. Hisseo, le bateau conçu par la jeune entreprise, bénéficie en effet des avancées technologiques issues de la course au large. Le navire en aluminium pourra emporter une centaine de palettes, soit l’équivalent de 100 tonnes et disposera de deux cales thermorégulées.
Décarboner le transport maritime
L’objectif consiste avant tout de convaincre des entreprises, des chargeurs engagés ainsi que des entreprises de l’agroalimentaire qui souhaitent décarboner leur activité. "Notre navire permettra de réduire de 90 % l’impact carbone du transport de nos utilisateurs, tout en préservant la biodiversité marine, sans émissions de bruit", indique Djamina Daniel-Caseneuve. Décarboner le transport maritime est "un enjeu de société. Le vent est une source d’énergie largement disponible. Il ne s’embarque pas dans les soutes et l’utiliser ne retranche pas de l’énergie à d’autres activités à terre. Tout cela fait sens", poursuit la dirigeante.
Mise à l’eau du navire prévue en 2026
Lauréate de l’appel à projets Logistique bas carbone en Provence lancé par la Région Sud et l’Ademe en octobre 2023, Hisseo a d’ores et déjà lancé les premières phases de la construction. Le travail du bureau d’études L2O Naval devrait déboucher sur une mise à l’eau du navire en 2026.
Le coût du navire est évalué à 4,9 millions d’euros. Pour réunir cette somme, Hisseo va tout d’abord lancer, au printemps 2024, une levée de fonds citoyenne d’un montant d’un million d’euros sur une plateforme réunissant des projets à impact, que l’équipe est en train de sélectionner.
Quatre lignes maritimes envisagées
Mais l’ambition de l’équipe d’Hisseo ne se limite pas à la construction du premier navire. "Nous voulons petit à petit développer une flotte et l’opérer, mais notre modèle économique trouve sa rentabilité dès notre premier bateau", poursuit la cofondatrice qui annonce ainsi les quatre lignes d’ores et déjà envisagées par la société : Marseille – Alicante, Marseille – Sicile, Marseille – Tunisie et Marseille – Turquie.
"Nous sommes en train de signer des lettres d’intention avec différents clients et ce sont eux qui nous ont orientés sur ces destinations. Nous envisageons de mettre en place des rotations régulières, au moins une rotation par trimestre dans un premier temps", détaille Djamila Daniel-Caseneuve, qui poursuit : "Nous voulons vraiment revaloriser le transport maritime. Le navire va ainsi être immatriculé au Registre international français (RIF), à Marseille et sera opéré par quatre marins français".
