Didier Chabassieu, président du directoire du groupe aixois de data marketing HighCo (500 salariés) ne mâche pas ses mots : " 2024 va être une année agitée…" Et pour cause, la disparition d’une grande partie des magasins Casino intervient dans une période difficile, déjà marquée par l’inflation sur les produits alimentaires (+12,3 % en 2023 et +20 % en deux ans) et la guerre des prix entre distributeurs. Pour HighCo l’enjeu est primordial. L’entreprise réalise en effet 80 % de son chiffre d’affaires auprès des acteurs de la grande distribution alimentaire. Un marché en pleine évolution. "La vente de Casino a été très rapide. Nous travaillions avec l’ensemble des enseignes du groupe, qui était notre premier client depuis trente ans", précise Didier Chabassieu. HighCo envisage ainsi un repli de près de 10 % sur l’ensemble du groupe pour 2024, soit environ près de 7 millions d’euros de marge brute en moins (l’entreprise ayant généré 74,35 millions d’euros de marge brute en 2023), même si certains contrats avec Casino demeurent encore valables jusqu’à la fin 2026 (avec les enseignes Franprix, Monoprix et les petits magasins Casino de proximité). " Nous sommes en cours de discussion pour établir un nouveau cadre de collaboration pour le second semestre 2024 ", annonce le dirigeant.
Développer l’activité avec les autres distributeurs
Pour faire face à cette baisse, le groupe va essayer de développer son activité non seulement avec Intermarché, qui est actuellement son deuxième client, mais également avec Leclerc ou Carrefour, trois enseignes qui tirent leur épingle du jeu en cette période d’inflation et trustent le podium des parts de marché dans l’alimentaire. "Carrefour a racheté Cora, Leclerc compte pour près de 50 % du e-commerce en France, en se classant après Amazon, et Intermarché va reprendre un grand nombre de magasins Casino. Le vrai problème du secteur, depuis deux ans, c’est l’inflation", observe Didier Chabassieu. Mais cette tension sur le pouvoir d’achat conduit également les enseignes à accroître leurs activités de promotion. "En 2023, notre activité liée aux coupons de réduction a connu une croissance de 9 % et celles des activités promotionnelles différées (NDLR : offres de remboursement, jeux, primes…) de 142 %", ajoute le dirigeant. En 2024, le groupe a envoyé 1,36 milliard de SMS marketing, soit une croissance de près de 100 % depuis 2020.
Forte rentabilité du groupe en 2023
L’activité d’HighCo se répartit en trois grands pôles : la partie mobile (25 % de l’activité, via les SMS, applis, sites mobiles…) qui devrait se maintenir en 2024, la partie agence et régie (25 %), qui va être très impactée par Casino et, enfin, ce que l’entreprise appelle l’activation (coupons, promotions…). "Dans cette dernière catégorie, nous avons notamment lancé des opérations de jeux en magasin et en digital, pour Leclerc", ajoute Didier Chabassieu.
En 2023, l’activité d’HighCo a déjà marqué un repli de 2,7 % de sa marge brute. Mais, l’entreprise a, en revanche, fortement amélioré sa marge opérationnelle, de plus de 22 %. Marge opérationnelle qui, depuis 2013, n’a connu qu’une seule année de repli en 2020 lors de la pandémie liée au Covid-19. En onze ans, la rentabilité de l’entreprise est ainsi passée de 12,3 à 22,1 %.
