Comment réduire l’usage de fertilisants azotés pour une agriculture plus efficiente et plus respectueuse des sols et des ressources en eau ? Confronté à la succession de périodes de plus en plus sèches, le breton Timac Agro, leader sur le marché de la nutrition végétale et filiale du groupe Roullier (10 000 collaborateurs, 4,1 Md € de CA en 2022) a accéléré sur ce sujet en 2023 sa collaboration avec le Carnot MICA mulhousien, centre de transfert de technologies spécialiste des matériaux innovants.
Réduire de deux à cinq les intrants agricoles
C’est sous la férule de la structure publique d’appui à la recherche mulhousienne (le réseau Carnot compte 39 instituts en France) qu’un laboratoire commun, le premier en collaboration avec le CNRS dans le domaine de l’agriculture, mais aussi en collaboration avec l’Université de Haute Alsace et l’industriel Timac Agro a vu le jour.
"La recherche porte sur la manière de libérer les principes actifs, dans un objectif de fertilisation ou de lutte contre les maladies, de manière contrôlée, en fonction de la nature des sols et des stimuli, explique Lionel Limousy, directeur du Carnot MICA. L’idée est de faire du sur-mesure et de réduire ainsi de deux à cinq l’apport d’intrants. Avec un second objectif : réduire l’empreinte carbone de la production de fertilisants".
Près de 430 contrats de R & D signés
Au tableau des belles prises de Carnot MICA en 2023 figure notamment la signature d’une collaboration ayant débouché sur l’ouverture d’un laboratoire entre l’ICPEES strasbourgeois (Institut de chimie et procédés pour l’énergie, l’environnement et la santé) et un acteur majeur du secteur des mobilités, sur la thématique des matériaux polymères et de l’électrospinning (la mise au point de membranes nano fibreuses) cette fois.
En quelques chiffres, le Carnot MICA rassemble pour l’heure 18 membres (9 centres techniques et 9 laboratoires de recherches). Il a accompagné sur l’année dernière 500 structures partenaires sur des sujets allant la santé à l’énergie. Et conclu 429 contrats de R & D.
MICA a développé en 2023 un chiffre d’affaires "B to B" de 13,5 millions d’euros. 45 millions d’euros, si l’on prend en compte les financements issus de la Région et du Programme d’Investissements d’Avenir (lancé par l’État) . Dans sa dynamique de croissance, l’institut mulhousien bénéficiera d’ailleurs en 2024 d’un abondement en hausse 7 % de l’Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur de 2,4 millions d’euros.
Un partenariat avec la recherche québécoise
2024 s’annonce sous le signe de l’internationalisation du Carnot mulhousien avec la signature d’un appel à projets commun avec deux regroupements sectoriels de recherche industrielle québécois. Précisément en vue d’un partage des compétences en matière de décroissance et de décarbonation.
Un projet en vue autour de l’hydrogène en Alsace
Un axe de recherche évidemment central, en Alsace également. Des discussions sont notamment en cours avec John Cockerill, qui se développe de manière intensive dans le Haut-Rhin, à Aspach, sur la production d’hydrogène par électrolyse. Le Carnot MICA pourrait faire fructifier, le cas échéant, l’expérience de son réseau en matière de "membranes de perméation polymères", entre autres.