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Un nouvel espace de travail collaboratif comme symbole du rebond de LTR Industries
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Un nouvel espace de travail collaboratif comme symbole du rebond de LTR Industries

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À Spay, dans la Sarthe, les 310 salariés du fabricant de tabac reconstitué LTR Industries (groupe SWM) utilisent un nouvel espace de travail collaboratif, lieu de création comme de détente. Cette politique du bien-être au travail accompagne un retour de la croissance après des années difficiles. SWM est désormais portée par les cigarettes "Heat not burn" ou HNB.

L’équipe de la Colloc bretonne a aidé les dirigeants de SWM Spay à créer l’espace de travail collaboratif avec les salariés de l’entreprise — Photo : Rémi Hagel

On entre dans une longue salle lumineuse, accueillante, avec des meubles issus de la récupération. Dans ces 377 m2, on trouve une cuisine et un coin salon. Derrière ont été pensées des salles plus petites : salles de création ou de réunion, mais aussi salle de sport et même de sieste. C’est un espace de travail collaboratif, "entre le bureau et la maison". "On l’appelle Espace co", lance Julie Lamy, responsable des ressources humaines du fabricant de tabac reconstitué LTR Industries (groupe SWM), à Spay, près du Mans (Sarthe).

Ouverte en avril, il a été co-conçu avec des salariés volontaires de l’usine, accompagnés par La Colloc (14 salariés, 700 000 € de CA), basée à Lorient (Morbihan). "Habituellement on voit ce type d'espaces dans le secteur tertiaire, c'est plus rare dans l’industrie", commente Antoine Uzu, le directeur du site. Un espace similaire a été mis sur pied à l'usine SWM de Quimperlé (Finistère).

L’essor du Heat not burn

SWM (connue localement comme LTR) est l’une des sept usines de la division Engineered Papers du groupe américain SWM Schweitzer-Mauduit International (5 000 personnes, 1,4 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2021, avec une prévision à environ 1,7 milliard pour 2022). Son cœur d’activité historique est la reconstitution de tabac à base de poussières et de chutes, qu’elle fournit ensuite en retour à ses clients cigarettiers. Le site du Mans emploie 310 personnes, pour un chiffre d’affaires de plus de 80 millions d'euros. Il produit plus de 42 000 tonnes de tabac reconstitué chaque année. Il a connu des années de décroissance dues au recul de la consommation de cigarettes. L’entreprise a licencié, passant de 360 salariés en 2014-2015 à 260 en 2018-2019. Depuis septembre 2021, l’activité est de retour, 45 personnes ont été embauchées, une dizaine de postes et une douzaine d’alternants sont encore recherchés. "En novembre 2021, nous avons redémarré une machine qui était à l’arrêt depuis 2014", apprécie le directeur.

L’usine SWM de Spay emploie 310 personnes — Photo : Rémi Hagel

Ce décollage est permis par les nouveaux créneaux développés par le groupe américain, en particulier les produits HNB (pour Heat not burn), soit "chauffés pas brûlés". Ces nouvelles technologies réduisent les quantités de goudron et de nicotine aspirées par le fumeur, qui ne rejette que de la vapeur. Cela reste un petit segment, mais qui augmente de 40 % par an. Pour le site de Spay, il représente déjà 30 % du chiffre d’affaires, en seulement cinq ans. "Définitivement, c’est un axe de croissance pour nous", affirme Bruno de Veyrac, responsable des produits nouvelle génération chez SWM. Pour assurer cette évolution vers le HNB, LTR a investi près de 8 millions d'euros depuis trois ans. Au-delà du tabac, SWM diversifie son savoir-faire à d’autres fibres, et réalise notamment des emballages à base de feuilles de thé ou de cacao.

Salariés impliqués

Le nouvel Espace Co' incarne ce retour à l’optimisme après des années difficiles. "Nous avons traversé une phase de décroissance, un plan de sauvegarde de l’emploi. Puis il y a eu le Covid, entraînant des difficultés à s’organiser, où l'on se voyait moins. Pour le HNB, nous avons adapté l’usine à de nouveaux enjeux : ce sont de nouvelles machines, mais aussi une nouvelle façon de travailler", décrit Antoine Uzu. L’Espace Co' veut participer à cette approche. "Nous avons tendance à bien travailler les uns pour les autres, mais pas les uns avec les autres", développe Raoul Hervé, directeur R & D et développement durable de la branche Engineered Papers de SWM. Il entend sortir du management pyramidal. "Nous voulons décloisonner, faire que chaque voix compte. Quand on vient dans cet espace collaboratif, le statut de chacun reste sur le pas de la porte. C’est un lieu où il est possible d’échanger, le temps d’une pause ou d’une réunion d’équipe."

Les salariés peuvent passer un moment en salle de sport — Photo : Rémi Hagel

Le projet Espace Co' a été monté avec une implication forte des salariés. 80 personnes ont participé à divers ateliers. Le gros œuvre a été réalisé par des entreprises extérieures, mais l’aménagement a été effectué par le personnel. Certains ont créé des meubles en récupérant des caisses de fournitures, d’anciennes lampes de machines, d’autres ont chiné, ont peint, etc. "Ce n’est pas juste un vernis, assure le directeur Antoine Uzu. Cela a été possible parce qu’on a passé d’autres étapes, qu’on a de bonnes relations avec les partenaires sociaux." En proposant l’accès à une salle de sport, voire des animations, l’Espace Co' intègre le rapport au travail des jeunes générations, pour qui la frontière entre vie professionnelle et personnelle est plus fine, estime le directeur. Un argument pour recruter.

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