Les effets de la crise sanitaire se résorbent progressivement pour la compagnie maritime finistérienne Brittany Ferries. À commencer par son trafic passagers, qui retrouve peu à peu ses niveaux d’avant-crise. "Les lignes normandes renouent progressivement avec les étiages (en hydrologie, le niveau moyen le plus bas d'un cours d'eau, NDLR) de 2019", indique-t-elle dans un communiqué, ajoutant que les réservations sur les lignes normandes confirment le rétablissement annoncé et traduisent un retour vers la normale de son attractivité touristique. En 2023, la totalité de ses lignes est par ailleurs redevenue opérationnelle et ses capacités sont même supérieures à 2019. "On enregistre en 2023 une hausse de 18 % des réservations depuis 2022 sur les lignes transmanche pour la haute saison, soit une baisse 21 % de réservations sur la même période au regard des chiffres de 2019 ", détaille la compagnie roscovite, qui emploie 2 768 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 444,7 millions d’euros en 2022, contre 469 millions d’euros en 2019.
Reprise progressive du trafic passagers
"Le retour à des chiffres positifs se constate également sur les lignes bretonnes opérées par Brittany Ferries", poursuit-elle."La région Bretagne en est largement bénéficiaire avec 2,4 millions de nuitées enregistrées en 2022 et une retombée économique chiffrée à hauteur de 215 millions d’euros. Les réservations d’avril à octobre 2023 sont à la hausse : +7 % au regard de la même période en 2022, mais toujours -14 % si l’on prend les chiffres 2019".
Les lignes vers l’Irlande poursuivent quant à elles leur essor. "Entre avril et octobre 2019, Brittany Ferries avait des réservations à ce stade de 75 700 passagers entre l‘Irlande et la France. Le chiffre montait à 109 200 passagers en 2022, toujours sur cette haute saison. En 2023, les réservations enregistrées se chiffrent à 126 500, soit plus de 67 % d’augmentation depuis 2019 et 16 % de plus depuis 2022. Cette croissance compense pour une bonne part les baisses de trafic sur le transmanche sur les ports de Roscoff et Cherbourg, et dans une moindre mesure Le Havre".
Contraction systémique du fret face au low cost
Les nouvelles sont cependant moins bonnes du côté du fret. "En fret, l’activité continue de s’infléchir avec un marché global transmanche en retrait de 20 % par rapport à 2019 et une baisse de 8 % par rapport à 2022 sur les six derniers mois. Cette tendance est la conséquence directe de la baisse des flux de commerce extérieur britannique vers l’Union européenne et le report des flux irlandais du landbridge (pont terrestre) vers les lignes directes Irlande-continent. Il est impossible, dans les conditions actuelles du marché, de pouvoir se maintenir sur les objectifs initialement fixés. Depuis début avril, Brittany Ferries enregistre 2 000 unités de moins par mois qu’attendu, ce qui signifie potentiellement une contraction de -15 % de ses perspectives globales en fret", avertit la compagnie roscovite, qui s’inquiète par ailleurs de la baisse sensible du pouvoir d’achat des Britanniques qui se fait sentir sur plusieurs de ses lignes transmanche, ainsi que de la guerre tarifaire qui fait rage sur les ports du Pas-de-Calais entre Irish Ferries, P & O et DFDS.
