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Ports de Boulogne-Calais : "Le Brexit est derrière nous, on va pouvoir passer à autre chose"
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"Le Brexit est derrière nous, on va pouvoir passer à autre chose"

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Pour Jean-Marc Puissesseau, président de la SEPD, la société concessionnaire des ports de Boulogne-sur-Mer et de Calais, le Brexit est désormais une étape franchie. Si la crise sanitaire continue toutefois de brouiller les perspectives, Jean-Marc Puissesseau compte sur la mise en service, courant 2021, de l’extension du port pour redresser la barre.

— Photo : SEPD

En ce début d’année, quelles sont les conséquences du Brexit sur l’activité du port de Calais ?

Depuis le début du mois de janvier, il faut reconnaître que tout se passe bien. Après une première semaine calme, le port a enregistré une augmentation du passage de camions. Alors que le mercredi 6 janvier, nous avons enregistré 884 camions à l’export et 895 à l’import, dès le lundi 12 janvier, nous étions à 1 600 camions à l’export et 1 500 à l’import. Les flux ont donc doublé en l’espace d’une semaine. Cette progression nous a rapprochés, dès la mi-janvier, d’un trafic normal, dans sa fourchette basse. Ce calme est normal étant donné le surstockage réalisé en octobre, novembre et décembre 2020 par les Britanniques, dans l’hypothèse d’un no-deal. Ces premiers jours de l’année constituent par ailleurs un test de fluidité : cela nous permet de constater que le système mis en place fonctionne bien, notamment la douane intelligente. Le port de Calais a investi 13,8 millions d’euros pour se préparer à cette sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne… Mais le Brexit est à présent derrière nous, on va pouvoir passer à autre chose.

Il reste tout de même la crise sanitaire… Comment s’est-elle traduite en 2020 et quelles sont les perspectives ?

Dès le début de la crise sanitaire le trafic voyageurs s’est effondré et il est quasi inexistant en ce début d’année. Les sociétés d’autocars ont tout arrêté en avril, mai et juin 2020. En juillet, nous avions jusqu’à 600 autocars dans une journée… Et il n’y a presque plus de trafic de voitures. Sur l’année 2020, nous avons enregistré 5,5 millions de passagers en moins, ce qui représente une perte de chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. En 2021, sur l’activité voyageurs, tout va dépendre de l’évolution de la crise sanitaire. Nous espérons une reprise en juin… Sur le fret cette fois, nous avons perdu 6 à 7 % de chiffre d’affaires en 2020, par rapport à 2019, avec 1,7 million de camions. En 2019, la SEPD (société d’exploitation des ports du détroit, qui gère les ports de Calais et Boulogne-sur-Mer NDLR) affichait un chiffre d’affaires de près de 105 millions d’euros. En 2020, il s’établit à 70 millions, soit une baisse d’environ 30 %.

La mise en service de l’extension du port de Calais va-t-elle vous contribuer à redresser la barre ?

L’extension du port (qui représente au total 863 M€ d’investissements, NDLR) va être livrée en mai, avec une mise en service en octobre, le temps que tout le monde prenne possession des lieux. Concrètement, cela va nous apporter de nouveaux bateaux, qui étaient jusque-là trop longs pour naviguer dans le port : un bateau pour la compagnie DFDS en 2021 et deux pour la compagnie P & O en 2021/2022. Il y aura également plus de surface de parking, des espaces plus agréables pour les passagers, comme un bâtiment de front de mer avec restaurant, zone duty-free, et un bâtiment d’entrée de port, en zone publique, où s’installera le siège de la SEPD. Nous avons aussi investi dans un terminal ferroviaire et j’espère que nous allons en profiter. Nous sommes bien placés pour nous diversifier dans le domaine de la remorque non accompagnée. Notre objectif est d’être un expert du roulier en général, et de développer en particulier le "non accompagné". Dans ce domaine, nous réfléchissons d’ailleurs à l’ouverture de lignes vers l’Irlande.

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