"Femmes de tête, faites pour cheffer !" La sortie détournée de Jacques Chirac et l’image de l’ancien président aux côtés de Simone Veil s’affichent partout : sur le mur, sur les t-shirts et même sur la tasse de Richard Papazoglou, le nouveau président de la Chambre de commerce et d’industrie Meuse-Haute-Marne. Sous sa houlette, la chambre consulaire a acté la naissance d’un réseau dédié à l’accompagnement des femmes dans leurs projets de création ou de reprise d’entreprise. Un nouveau dispositif, propre à la CCI locale, qui ouvre le 8 mars.
Selon Richard Papazoglou, "la question de la place des femmes dans la vie économique n’est pas assez prise en considération". "Le plafond de verre existe toujours, assure-t-il, et nous voulons y répondre avec ce réseau consacré à l’entrepreneuriat féminin. D’autant qu’en Meuse, il y a un vrai besoin." La preuve : sur les 214 entreprises créées en 2021 dans le département, seuls 28 % l’ont été par des femmes. C’est 12 points de moins qu’au niveau national. "Nous avons une mission d’intérêt public à ce que les femmes gagnent en confiance et en visibilité", ajoute le président de la CCI.
Accompagnement collectif et individuel
Ce réseau désormais intitulé "Femmes de tête" trotte dans la tête d’Isabelle Allheily-Tatot, conseillère en création et en reprise d’entreprise à la CCI Meuse-Haute-Marne, depuis près de cinq ans. C’est elle qui porte le projet. "Je sais qu’il y a beaucoup de femmes qui ont envie de créer. Mais quand j’ai vu ces chiffres, je me suis demandé comment nous pouvions faire pour les accompagner. Nous avons donc créé ce réseau pour les aider à réaliser qu’elles peuvent être à la fois femmes, mères de famille et cheffes d’entreprise."
Concrètement, ce réseau proposera un accompagnement collectif via des ateliers thématiques chaque mois et des partages d’expérience, mais aussi un accompagnement individuel pour la création ou la reprise en tant que telles. "Nous savons par exemple que les femmes font face à davantage de difficultés pour obtenir un prêt, déplore Isabelle Allheily-Tatot. Les banquiers ont un discours différent si le porteur est féminin ou masculin." Le réseau pourra donc organiser des séances de coaching pour mieux "pitcher" son projet : "Nous voulons travailler sur ce phénomène d’imposture ressenti par l’entrepreneuse et l’aider à prendre confiance en elle en lui expliquant qu’elle est légitime."
Rendez-vous le 8 mars 2023
La CCI Meuse-Haute-Marne rappelle qu’en 2021 les entreprises créées dans le département par des femmes sont encore largement orientées vers le commerce (56 %) et les services (38 %) et encore trop peu vers l’industrie (6 %). "Quand je m’installe, la prise de risque est toujours plus mesurée si je suis une femme, indique la directrice générale de la CCI 55 Nadine Lods-Mercier. Et j’irai plus facilement dans des secteurs où je me sens plus légitime. Il faut le dire, il est encore difficile de se faire une place dans l’industrie. Nous devons sortir de ces clichés et ce réseau est aussi là pour ça."
Une remise de prix dédiés à l’entrepreneuriat féminin aura lieu dans un an. "L’idée sera d’apporter aux lauréates une dotation financière mais surtout une mise en lumière de leurs projets", décrit Richard Papazoglou. A ce jour, sur les 6 093 entreprises existantes dans le département de la Meuse, seulement 1 357 (22 %) sont dirigées par des femmes.
