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Jean-Pierre Savarino (CCI Nice Côte d’Azur) : « Nous devons attirer beaucoup plus d’investisseurs pour accompagner les start-up »
Interview Alpes-Maritimes # Informatique

Jean-Pierre Savarino président de la CCI Nice Côte d'Azur Jean-Pierre Savarino (CCI Nice Côte d’Azur) : « Nous devons attirer beaucoup plus d’investisseurs pour accompagner les start-up »

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En s’appuyant sur une enquête confiée à EY et réalisée auprès de 100 acteurs de la filière numérique azuréenne, la CCI Nice Côte d’Azur a dressé un état des lieux de l’écosystème local. De quoi permettre à la Chambre de commerce et d’industrie présidée par Jean-Pierre Savarino, d’établir une feuille de route pour faire du numérique dans les Alpes-Maritimes un levier de croissance et aider les start-up à se transformer en scale-up.

La CCI Nice Côte d'Azur, présidée par Jean-Pierre Savarino, veut doper la filière numérique dans les Alpes-Maritimes, composée seulement aujourd'hui de 2,1% de PME — Photo : Olivia Oreggia

4 292 TPE pour seulement 180 PME et 4 ETI dans le numérique, la Côte d’Azur est-elle en retard ou est-ce une bonne élève qui peut mieux faire ?

Jean-Pierre Savarino : Cela veut dire que nous sommes très bons en phase initiale, dans la partie innovation et création, nous avons un potentiel assez exceptionnel mais la transformation en ETI et sociétés de taille moyenne est plus compliquée. Cela est souvent tributaire de l'accompagnement financier qui est aujourd'hui de plus en plus difficile à trouver. Nous avons une augmentation très significative des sociétés en amont, start-up ou autre, mais on a de grandes difficultés à trouver les partenaires financiers pour passer la deuxième phase, le développement de l'entreprise et la mise sur le marché.

Cela est-il propre à notre territoire ?

J-P. S. : Non, c'est une particularité française mais notre territoire y est très sensible car nous avons beaucoup de petites entreprises en amont qui veulent franchir ce seuil et donc un besoin beaucoup plus important d'accompagnement et d'investisseurs.

Nous devons donc trouver des moyens supplémentaires pour attirer des investisseurs, les mettre en liaison avec les start-up et PME qui veulent aller vers un marché international, car on sait que ce ne sont pas les banques qui financent ce type de croissance mais plutôt des investisseurs privés ou des organismes spécialisés dans l'investissement des start-up et entreprises innovantes. Nous n'en avons pas assez.

D'où la nécessité de créer des événements, des rencontres. Les grands groupes ont aussi leur rôle à jouer dans l'accompagnement des entreprises. Il faut attirer de grands groupes, surtout concentrés aujourd'hui sur la région parisienne.

Est-ce parce que, pendant très longtemps, l’économie azuréenne était surtout focalisée sur le tourisme ?

J-P. S. : Je ne crois pas que nous nous focalisions sur le tourisme mais disons que nous étions dans une démarche naturelle, plus facile. Notre environnement est, de base, très attractif pour le tourisme. On aurait dû faire certainement des efforts supplémentaires pour ces autres aspects de l'économie. Mais il y a eu une prise de conscience, des choses se font par exemple sur le taux d'immobilier des entreprises. Les efforts faits commencent à peine à porter leurs fruits aujourd'hui. Depuis 3 ans, de façon régulière, l'offre est supérieure et permet de donner aux entreprises qui le souhaitent une implantation sur notre territoire. Cela n'était pas forcément le cas auparavant. Il faut aussi des mesures sur l'habitat des actifs ainsi que pour améliorer la mobilité. Les collectivités y travaillent. On sait que les investissements se font sur du moyen et long terme. La demande est beaucoup plus forte que la capacité à réaliser au quotidien.

Quelles sont les actions concrètes à mener, quelle est votre feuille de route ?

J-P. S. : Le premier domaine est la formation. C'est essentiel. On voit bien qu'une partie de la formation n'est pas faite dans l'enseignement traditionnel. Nous devons pallier ce manque par des filières différentes, que ce soit l'apprentissage ou l'alternance. Il faut créer de nouvelles filières. La CCI Nice Côte d’Azur a commencé avec des parcours différents tels que développeurs web labellisés grand école du numérique. Il y aura des filières supplémentaires proposés dans le Campus de l’apprentissage dont la première pierre sera posée à Nice avant l'été pour une livraison à la rentrée 2020.

Nous devons aussi élargir la potentialité de faire venir des salariés de l'international. A Sophia-Antipolis, plus de 1000 postes sont toujours à pourvoir aujourd'hui dans le numérique. Cela n'évolue pas car c'est exponentiel, la demande continue de se développer, les besoins augmentent. Cela créé des tensions au niveau des salaires et du turn-over dans les entreprises.

Il faut aussi créer des salons, des forums. La CCI organisera dans le deuxième semestre 2019, une rencontre avec investisseurs et entreprises du numérique. Je suis raisonnablement confiant. Il y a une prise de conscience mais nous devons accélérer. Il faut des actions concertées du monde économique, des collectivités et de l'Etat. On voit, à l'image du label 3IA ou la confirmation du label French Tech, que cela donne des résultats. La réussite ne peut être que collective. La CCI a un rôle de coordination à jouer là-dedans. Nous voulons aller vite.

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