Jean-Baptiste Guillaume (IAC Partners) : "La relocalisation a du sens"
Interview # Industrie

Jean-Baptiste Guillaume associé au sein du cabinet de conseil IAC Partners "La relocalisation a du sens"

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Expert en compétitivité industrielle, Jean-Baptiste Guillaume croit en la relocalisation de l’industrie française. Si relocaliser permet une meilleure maîtrise des chaînes d’approvisionnement, cet associé au sein du cabinet de conseil IAC Partners estime de plus en plus de relocalisations s’effectueront pour des questions environnementales.

Jean-Baptiste Guillaume, associé au sein du cabinet de conseil IAC Partners — Photo : IAC Partners

Quels sont selon vous les principaux leviers de la relocalisation dont le nombre s’envole depuis le déclenchement de la crise sanitaire ?

J’en vois deux principaux : les risques liés à la supply chain et les enjeux environnementaux. La crise du Covid-19 a révélé la forte dépendance de l’industrie à des chaînes d’approvisionnement mal maîtrisées qu’une pandémie ou un bateau en travers du Canal de Suez peuvent mettre à mal. La relocalisation permet de limiter les risques pesant sur les délais et les coûts d’approvisionnement en raccourcissant la chaîne logistique. Mais, pour moi, la tendance majeure est liée aux objectifs de réduction d’impact environnemental que se fixent les entreprises. À un moment donné, l’intérêt économique de produire dans des produits à bas coûts de main d’œuvre va être dépassé par les exigences de résultat sur le plan environnemental, sous la pression combinée des consommateurs et des marchés financiers en faveur de pratiques plus vertueuses. Si on met dans la balance la hausse du niveau de vie dans les pays émergents et l’impact environnemental lié au transport des produits finis, la relocalisation a du sens.

Quelles activités est-il envisageable de relocaliser en France ?

Il y a d’abord un enjeu de faisabilité. Relocaliser des activités d’assemblage ne pose pas de problème. En revanche, rapatrier des technologies que nous avions perdues, comme celle des semi-conducteurs, nécessite des investissements publics massifs. Mais ce ne seront pas les majorités des relocalisations, qui portent plutôt sur des savoir-faire que nous maîtrisons déjà, comme l’injection plastique. Il faut également pouvoir produire à un coût compétitif, en intégrant dans le calcul l’ensemble des coûts que j’évoquais précédemment, à savoir le transport et le coût environnemental.

"En simplifiant les produits, en diminuant le nombre de composants entrant dans leur fabrication, il est possible de diminuer les coûts et donc de relocaliser."

Tout dépend également de la valeur que le consommateur accorde à un produit : il peut être prêt à payer plus pour un jean made in France, probablement moins pour un composant automobile dont il ignore l’existence. Pour améliorer la compétitivité de la production nationale, il y a également un travail à mener, d’une part, sur la compétitivité des process de production par un recours accru à l’automatisation, à la robotisation et aux nouvelles technologies (intelligence artificielle…), d’autre part, sur la conception même des produits. En simplifiant les produits, en diminuant le nombre de composants entrant dans leur fabrication, il est possible de diminuer les coûts et donc de relocaliser.

À terme, le mouvement de relocalisation pourrait-il perdurer ?

Actuellement, les industriels sont en train de définir des plans pour réduire l’impact de leur activité. Les objectifs environnementaux qu’ils se fixent, sous la pression de la norme réglementaire et de la pression citoyenne, sont tellement élevés qu’ils passent par la relocalisation. Les entreprises vont s’appuyer sur des réseaux de fournisseurs plus proches. Donc, oui, la relocalisation est une tendance que je vois comme lourde à moyen et long terme, lorsque les entreprises auront atteint une maturité suffisante.

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