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"Jamais l’agglomération de Laval n’a vendu autant de foncier aux entreprises que depuis trois ans"
Interview Laval # Attractivité

Florian Bercault président de Laval Agglomération "Jamais l’agglomération de Laval n’a vendu autant de foncier aux entreprises que depuis trois ans"

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Le président de Laval Agglomération, Florian Bercault veut maintenir la dynamique économique que connaît l’agglomération mayennaise ces dernières années. Pour cela, il compte sur le développement de plusieurs sites stratégiques à Argentré, à Saint-Berthevin, à la Gravelle et autour de la gare de Laval.

Florian Bercault, président de Laval Agglomération, devant les travaux du centre-ville de Laval, le 5 janvier 2024. Logements, investissements, mobilités… L’élu veut activer tous les leviers ciblés d’attractivité du territoire mayennais — Photo : Frédéric Gérard

Laval Agglomération a lancé des ateliers pour imaginer sa politique d’attractivité. Actuellement, comment se situe le développement économique du territoire ?

Jamais l’agglomération n’a vendu autant de foncier aux entreprises que depuis trois ans, cela suit le cycle de réindustrialisation de la France. En 2023, treize projets de ventes foncières ont été accompagnés par Laval Économie, pour l’équivalent de 7,5 hectares. Sans doute que le Covid a remis en avant l’intérêt des villes moyennes, et pour nous, c’est positif.
Mais je pars du principe que l’activité économique était en danger. Sur le territoire, on a peu de tertiaire, et beaucoup d’industries, dans l’agroalimentaire, le textile de luxe, le numérique aussi. On parle beaucoup de Laval Virtual, mais comment en faire un succès ? Il faut attirer de nouvelles entreprises, de nouveaux emplois. Ma volonté, c’est qu’on puisse se développer, avec de nouvelles règles du jeu, des règles redéfinies pour que la collectivité ne subisse plus l’aménagement des espaces publics et l’utilisation du foncier, que ce soit pour les entreprises ou les logements. L’agglo est engagée dans une démarche Territoires pilotes de sobriété foncière. Malgré cette stratégie, on voit que le développement n’est pas seulement endogène.

Où en est le Parc Grand Ouest, à Argentré, cette grande zone d’activité dont le foncier est préempté depuis une douzaine d’années et le dossier en gestation depuis 2019 ?

C’est un dossier qui dure, oui… Mais nous arrivons quasiment en phase finale. Nous espérons un lancement de chantier fin 2024, nous attendons pour cela le retour de l’Autorité de l’environnement. Si nous recevons un avis favorable, il y aura certaines conditions ; mais je pense qu’on construit un projet intelligent avec les contraintes d’aujourd’hui.

" À Argentré, 75 hectares seront dédiés à l’industrie"

Sur les 150 hectares du site, 75 hectares seront dédiés à l’industrie avec de grandes parcelles, et les 75 autres hectares seront plus orientés vers la préservation de l’environnement avec des énergies renouvelables, des productions agricoles, un tiers-lieu, etc. J’ai par ailleurs demandé au ministre [avant le remaniement, il s’agissait alors de Roland Lescure, NDLR] que cette zone d’Argentré soit classée parmi les "50 nouveaux sites industriels clé en main". Nous l’avions obtenu pour La Motte-Babin, à Louverné : cette zone s’est remplie et construite en trois ans, les deux derniers bâtiments logistiques devraient être livrés cette année.

Argentré devait initialement accueillir une plateforme multimodale. Où en est ce dossier ?

La zone rail-route a été jugée plus pertinente à Saint-Berthevin [bordée par l’autoroute et le chemin de fer, à l’ouest de Laval ; Argentré est située à l’est, NDLR]. La mise en route est conditionnée au financement par l’État, mais la signature du contrat de plan Etat-Région 2021-2027 [plus précisément l’avenant aux transports et mobilités signés en novembre 2023, NDLR] offre des garanties et un bon signal. Cela peut aller vite, on a bon espoir. Le foncier est disponible, les études sont faites. Plusieurs acteurs privés s’y intéressent. Une plateforme rail-route permettrait des gains en termes d’émissions de CO2 et, avec le prix du pétrole aujourd’hui, le train redevient compétitif. Le groupe Pigeon par exemple, s’est positionné pour approvisionner sa base près de Paris. On espère aussi y implanter des usines. Mais ça, ce ne sera pas en 2024.

Qu’en est-il de la zone d’activités de La Gravelle, aux portes de la Bretagne ?

Récemment, trois ventes ou installations ont eu lieu. Notamment le projet de FM Logistic qui comprend deux bâtiments, pour un total de 40 000 m² de surface. Des discussions sont également en cours pour des cellules artisanales. Et on espère que beaucoup de sous-traitants vont venir renforcer le tissu économique dans le textile et la maroquinerie.

"Nous allons multiplier le nombre d’implantations de sièges sociaux"

L’un des gros chantiers en cours se situe dans le quartier de la gare de Laval. Comment cette zone se transforme-t-elle ?

Nous allons multiplier le nombre d’implantations de sièges sociaux, comme pour Mann + Hummel Filtrations en septembre. Enedis va prendre place en février. En ce début d’année, les chantiers des sièges sociaux de Séché Environnement et Méduane Habitat seront lancés. Des espaces sont en cours de commercialisation dans le bâtiment Quai 53 (cinq étages de bureaux, commerces, parkings). Au premier trimestre interviendra aussi la livraison de la résidence "La Station" du groupe Duval avec la Maison de l’entreprise, des bureaux, un restaurant et douze appartements. De même pour la résidence Gaïa, du groupe Paillard, avec 66 logements, ainsi qu’un espace de vie et de travail en commun [construite en lieu et place de l’ancien siège de la Coopérative des agriculteurs mayennais, NDLR]. Derrière, se fera aussi la construction, après démolition, du projet "Poste-immo" dont la livraison est attendue en 2025, avec 35 logements, un restaurant en toit-terrasse, une conciergerie, un espace détente sport et fitness… Rue des Trois Régiments, les travaux du projet Nexity, de 80 logements, ont également commencé sur le dernier lot foncier.

Et du côté nord de la gare ?

De l’autre côté de la passerelle, on a un beau projet avec des logements sociaux et 400 places de parking (dont 150 pour les habitants de l’immeuble). Ce sera l’entrée vers une zone allant vers le campus. C’est ce que j’appelle "le triangle d’or", entre la zone de l’Aubépin, le quartier de la gare et la zone industrielle des Touches qu’il va nous falloir redensifier. Cela correspond à notre stratégie d’attractivité de l’agglomération avec un territoire mixte équilibré, créateur de valeur ajoutée et inscrit dans la transition, avec des mobilités accessibles. Nous voulons qu’il y ait 10 000 étudiants demain à Laval à l’horizon 2030. À l’extrémité de cette zone, le dernier lot de la Technopole a été vendu à Lepage, parc Céres.

"Au-delà d’une rénovation du stade Francis-Le Basser, il y a une réflexion sur l’installation d’activités économiques"

Au milieu de cette zone, se trouve également l’enceinte du Stade Lavallois Mayenne FC. Un projet de modernisation est-il toujours à l’étude ?

Au-delà d’une rénovation du stade Francis-Le Basser, il y a une réflexion sur l’installation d’activités économiques, avec des sièges sociaux, des salles de séminaires, etc. À partir du printemps, des premières rencontres autour du stade entre les différents acteurs auront lieu, sur les aspects financiers en particulier.

Au-delà des activités économiques, le parc habitations semble manquer…

De la gare au quartier Ferrié, nous avons des besoins de logements à combler, et des quartiers à structurer. J’ai donc écrit au gouvernement [fin décembre, au ministre du Logement, Patrice Vergriete, NDLR] après la suppression du dispositif Pinel pour favoriser des investissements dans les zones prioritaires de la ville, autour du centre, qui en ont besoin, en, demandant un zonage infracommunal expérimental pour des aides à l’investissement locatif et l’accession à la propriété (prêts à taux zéro, etc.).

Combien compte investir Laval agglo pour accompagner ces mutations ?

L’agglomération va investir 150 millions d’euros à l’horizon 2026, dont 57 millions pour l’année 2024. Cela comprend la nouvelle usine des eaux et son raccordement, pour assurer l’approvisionnement en eau potable et contourner le centre-ville ; la gestion des déchets et notamment une nouvelle déchetterie zone des Touches à Laval ; l’enseignement supérieur avec des travaux à l’Estaca, l’UCO et la nouvelle Maison des étudiants ; la reprise en régie du centre aquatique l’Aquabulle, des investissements dans la reconstruction du quartier Saint-Nicolas, la ferme urbaine, la Scic du Tiers-lieu multi-activités [le permis de construire a été accordé, NDLR] ; la dépollution et une partie de déconstruction de l’ancienne fonderie de Port-Brillet en y accompagnant de nouveaux projets, etc. Tout cela participe à l’attractivité d’un territoire. On a aussi investi dans les énergies et la mobilité.

La collectivité avait eu un litige avec RATP Dev, l’opérateur des transports de bus, qui ne répondait pas à ses yeux aux engagements sur les horaires. La question est-elle réglée ?

Nous avons tapé du poing sur la table, les usagers seront indemnisés. Les négociations sont en cours. Un travail est mené avec les chauffeurs pour organiser les nouvelles lignes. Nous avons déjà étendu les horaires lignes, dès 4 h 30 pour les usagers qui doivent aller travailler, des bus plus tôt mais aussi plus nombreux le week-end. Nous avons aussi augmenté la fréquence des deux lignes principales qui représentent 50 % du trafic, et nous avons créé une nouvelle ligne du quartier Saint-Nicolas à la zone des Touches. Nous investissons 1,5 million d’euros de plus sur plus de 12 millions dans les bus au cours du mandat. Ce qui n’est pas rien !

Laval # Attractivité # Infrastructures # Collectivités territoriales # Stratégie # Économie