Innovation sociale : « On assiste à une explosion des dossiers liés au développement durable »
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Stéphane Eyer délégué général de l'Union régionale des Scop Midi-Pyrénées Innovation sociale : « On assiste à une explosion des dossiers liés au développement durable »

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En novembre s'ouvre le mois de l'économie sociale et solidaire (ESS), dont Catalis est l'un des promoteurs en Occitanie. Cet incubateur accompagne les porteurs de projets d'innovation sociale, afin de créer des réponses économiques viables aux besoins des zones rurales. Précisions avec Stéphane Eyer, qui pilote le dispositif.

En cinq ans, l'incubateur Catalis a notamment permis la création d'une dizaine de coopératives sur le territoire de l'ancienne Midi-Pyrénées, indique le délégué général de l'Union régionale des Scop Midi-Pyrénées Stéphane Eyer — Photo : UR Scop Occitanie

Le Journal des Entreprises : Vous avez conclu en septembre votre dixième appel à projets. Quelle est la vocation de l’incubateur Catalis ?

Stéphane Eyer : Le dispositif est né en 2014, à l’initiative de l’ancienne région Midi-Pyrénées. Elle voulait se doter d’un dispositif capable d’accompagner des projets à forte valeur sociale ajoutée sur l’ensemble du territoire. L’enjeu est d’apporter une réponse économique viable à un besoin local, quand ce besoin n’est pas couvert par l’économie traditionnelle ou la puissance publique.

L’accompagnement commence par une pré-incubation de trois mois, pour donner aux porteurs de projets toutes les cartes pour définir leur business plan. Un jury évalue ensuite leur capacité à mener un projet entrepreneurial, et la viabilité du modèle économique. La période d’incubation de six mois permet ensuite de définir très précisément le business plan, et va parfois jusqu’à organiser un tour de table avec les différents financeurs.

Quel bilan tirez-vous de votre action ?

S. E. : Depuis 2014, nous avons reçu 300 demandes et accompagné 125 projets. Tous ne se sont pas concrétisés, certains parce qu’ils n’ont pas trouvé leur modèle économique, mais la plupart parce qu’ils sont encore en phase de maturation. Notre positionnement sur l’économie sociale et solidaire implique souvent des modèles économiques hybrides entre le secteur marchand et une partie subventionnée, que ce soit par les collectivités territoriales, des fondations privées ou des entreprises. Ce type de montage demande du temps.

Cela dit, 45 % des projets lancés sont encore en fonctionnement trois ans après. Ils se structurent soit sous forme associative quand le développement de l’activité ne permet pas de générer des emplois, soit en coopératives quand le modèle est fort économiquement. Une dizaine de coopératives ont déjà vu le jour, pour une vingtaine d’emplois à ce jour.

À Sainte-Affrique (Aveyron), nous avons accompagné la naissance de la coopérative La Pimpanelle. Elle va transformer des châtaignes récoltées par des exploitants, eux-mêmes organisés en Scop. Le modèle va créer sept emplois et doit générer des bénéfices qui permettront de restaurer certaines châtaigneraies aujourd’hui à l’abandon, avec l’objectif de maintenir le patrimoine écologique du Sud-Aveyron.

Quelles tendances voyez-vous émerger dans vos appels à projets ?

S. E. : Depuis deux ans, on constate l’explosion des dossiers liés au développement durable. Rien que sur la production d’énergies renouvelables, nous accompagnons des projets (éolien, photovoltaïque, hydraulique) dans les huit départements de l’ex-Midi-Pyrénées. Nous travaillons actuellement à rapprocher ces différents projets pour mutualiser les besoins et favoriser la création d’emplois partagés.

L’économie circulaire est un autre thème majeur, avec le développement croissant de ressourceries ou de recycleries. Le troisième secteur le plus porteur concerne l’agriculture ou le maraîchage biologique, avec la recherche croissante de circuits courts.

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