Près de 85 000 emplois ne sont pas pourvus dans la filière numérique en France, contraignant les entreprises à ouvrir au maximum leurs canaux de recrutement. Prenant sa part dans la lutte contre cette pénurie, dans une démarche d’inclusion et d’insertion professionnelle, IBM France a créé sur son site montpelliérain un programme de formation au codage en intelligence artificielle (IA) ouvert aux demandeurs d’emploi. Après une promotion inaugurale de 17 apprenants lancée en 2020, IBM Académie dévoile sa deuxième promotion, riche de 22 personnes âgées de 19 à 49 ans.
Mieux gérer l’évolution des carrières
Après la sélection des profils, assurée par Pôle Emploi et IBM, le programme démarre par six mois de formation, coordonnée par des prestataires (les sociétés LearnQuest et Needemand) et par des ingénieurs d’IBM Montpellier. La plateforme numérique utilisée par les apprenants vise d’abord à les familiariser à la logique informatique. Pour cette édition 2023, des modules créés spécifiquement par des entreprises associées au programme en amont sont venus l’enrichir. "Le savoir est devenu bien plus important que le diplôme. La vie fait qu’on peut démarrer comme boulanger et évoluer en ingénieur IA. C’est ça l’évolution des carrières en 2023", estime Driss Benchakroune, dirigeant de Needemand.
Cette phase étant déjà bouclée, elle est suivie d’un cycle de 18 mois d’alternance dans des entreprises locales, qui se conclura en fin d’année 2024. Parmi les groupes et PME qui, en plus d’IBM, se sont associées à l’initiative figurent SLB (ex-Schlumberger), le Crédit Agricole du Languedoc, BforeAI et Ivalua. Les formations délivrées par IBM Académie, renforcées par les certifications reconnues d’IBM, permettent de viser des postes de niveau Bac + 3 ou Bac + 4 : développeur informatique, data analyst, data scientist, etc. Face au manque de talents dans ce secteur, un volet cybersécurité a été rajouté au programme d’IBM Académie, ouvrant la voie vers des embauches comme analyste en sécurité ou auditeur en sécurité offensive.
L’ambition de la féminisation
Le contexte pénurique se perçoit aussi dans la mixité médiocre des métiers numériques. IBM Académie tente d’y parer autant que possible, son taux de féminisation passant de deux à trois apprenantes avec cette promotion. Dont Emilie, âgée de 41 ans et mère de deux enfants. "Après des études dans le paramédical, j’ai commencé à travailler dans la télédétection. Puis la vie de famille et une certaine lassitude m’ont éloignée du milieu médical. Une fois installée dans le sud de la France, Pôle Emploi m’a suggéré de m’intéresser à cette formation qui, à ma grande surprise, acceptait les mamans ! C’est une opportunité car je n’aurais jamais cru trouver ma nouvelle voie professionnelle après seulement six mois de formation", témoigne l’apprenante, désormais en alternance chez SLB.
La présidente d’IBM France, Béatrice Kosowski, était la marraine de la première promotion. Sous son impulsion, l’initiative née à Montpellier a été dupliquée dans les Hauts-de-France, en attendant l’Île-de-France. Elle était présente à nouveau dans la métropole héraultaise pour célébrer la deuxième promotion : "Les meilleurs résultats sont atteints quand on les inscrit dans la durée, comme cette expérimentation, souligne-t-elle. Le numérique est un secteur extraordinaire, car il évolue en permanence, comme le prouve le groupe IBM qui se réinvente depuis 112 ans (il est présent à Montpellier depuis 1965, NDLR). Les apprenants auront de nombreuses opportunités, car aucun secteur ne peut s’en passer". Sur le plan mondial, le groupe informatique américain ambitionne de former 30 millions de personnes d’ici 2030.
