Huttopia veut camper hors de France
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Huttopia veut camper hors de France

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Avec une croissance de 20% en moyenne portée en France par 48 camping, dont quatre "villages" sous leur marque, sur le marché domestique, la « machine » est désormais rodée. L'énergie des cofondateurs se porte désormais à 100% sur l'international.

— Photo : © AH

Céline Bossanne parle d’Huttopia comme si tout était encore à inventer. « C’est le cas ! », rigole la co-fondatrice, chargée du marketing et du produit aux côtés de son époux Philippe, PDG. Partie d’un investissement de 40 000 euros il y a 18 ans, leur société anonyme affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros et 250 salariés (1.000 en haute saison). Une croissance de 20% en moyenne portée en France par 48 camping en France, dont 28 campings et quatre villages sous a marque Huttopia.

Dans l’Hexagone qui compte 9 000 campings, la « machine » est désormais rodée. Faites le calcul : à raison de cinq rachats de site par an, comptant 140 à 200 emplacements en moyenne, lesquels font tous l’objet d’une rénovation de 1 à 2 millions d’euros (5 à 6 millions d’euros s’il s’agit d’une création), la rentabilité est réelle. Et impressionnante puisque certains sites peuvent, après transformation, connaître une croissance de leurs chiffres d’affaires de 300 ou 400%. « On s’inscrit dans un vaste mouvement, celui du besoin de nature qui explose, suivant les courbes de croissance du fait urbain » explique la dirigeante. « Mais, déplore-t-elle, il est de plus en plus compliqué aujourd’hui en France de créer des campings tant les réglementations sont complexes ». Exemple : le dernier site ciblé en Gironde n'a toujours pas abouti après plus… de six années de démarches. « On s’aperçoit qu’il est souvent plus simple d’ouvrir des sites dans un pays méconnu plutôt qu’en France où on se décourage » confie-t-elle.

« On s’adresse au marché intérieur chinois, avec l’idée d’installer des sites Huttopia le long de la Route de la Soie »

Cap sur l’international donc. Huttopia annonce ainsi l’ouverture d’un village dans le Maine, à l’extrême nord-est des Etats-Unis, et un autre à Los Angeles. Dans le même temps, les dirigeants ont signé mi-mars l’acquisition d’un camping dans le parc des Adirondacks (Etat de New-York). Et espèrent inaugurer en 2020 un nouveau "village" dans une exploitation viticole de Californie. Le couple revient aussi d’un séjour dans les plaines du Québec chez les Indiens Cris. « Ce furent cinq jours incroyables ! » s’exclame la dirigeante. Les Cris voudraient installer des Tentes "Creetopia" sur leur territoire, nouveau modèle qui sera créé spécialement pour eux par la filiale d’Huttopia, Cabanon, société basée dans les Hauts-de-France.

Durant l’été, les Bossanne s’envoleront vers l’Argentine. « Pour visiter des terrains à aménager à la demande du gouvernement », indique Céline Bossanne. Une profusion de projets, qui ne verront sans doute pas tous le jour, mais l'idée est de garder un esprit "d'explorateur".

Des campings sur la Route de la Soie

« Le délai entre le moment où la société visite un terrain et l’instant où elle va en prendre possession peut durer des années », admet Céline Bossanne. Qui parle d’expérience. Depuis 2013, ils ont installé aux côtés de leur partenaire local, un camping aux pieds du mont Huashan, à 120 km de l'est de Xi’an, en plein centre de la Chine. Dans ce pays, Huttopia n’est évidemment pas -législation oblige- propriétaire des campings, mais concède sa marque, son savoir-faire et sa philosophie tout en participant au management des sites.

Ainsi en avril dernier, cinq Chinois ont passé trois semaines dans les villages et camping français d’Huttopia pour s’imprégner de l’esprit et des méthodes de la marque. « L’art de vivre à la Française séduit vraiment les Chinois, tandis qu’il existe une volonté politique pour développer ce genre d'hébergement de tourisme, qui n’existe tout simplement pas aujourd’hui », constate Céline Bossanne. Selon elle le président Xi Xinping veut créer des espaces de loisirs à l’extérieur des grands centres urbains. « On s’adresse au marché intérieur chinois, avec l’idée d’installer des sites le long de la Route de la Soie » glisse-telle. Entre sept et huit terrains sont à l’étude. « Mais la route est longue ! » plaisante-t-elle. Et l’échec toujours possible : en 2015, un camping inauguré dans le Sichuan a fermé ses portes quelques mois après l’ouverture, racheté par un (généreux) promoteur immobilier.


Une nouvelle usine de chalets

Deux ans et demi après avoir racheté le fabriquant de chalets en bois Gitôtel (devenu Hekipia), Algonquin, la holding d’Huttopia, vient de miser trois millions d’euros dans la rénovation d’une usine de 10 000m² à Chessy-les-Mines, à quelques kilomètres de la première. « Cet outil qui va nous permettre d’accompagner la croissance que nous ambitionnons » décrit Céline Bossanne. Passée d’une production de 70 chalets au moment de la reprise en 2015, à 300 en 2017, l’usine devrait en produire entre 370 et 400 l’année prochaine. Dont une partie pour l’export. De sept salariés lors de la reprise en 2015, ils sont désormais 20 avec un bureau d’études renforcé.

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