Hervé Martel : « Les ports doivent être davantage entrepreneurs »
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Hervé Martel président du directoire du port de Marseille-Fos Hervé Martel : « Les ports doivent être davantage entrepreneurs »

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Après des semaines de suspense, de tergiversations ministérielles, Hervé Martel, directeur du port du Havre depuis dix ans, a été nommé président du directoire du Grand port maritime de Marseille. Trois semaines après avoir jeté l’ancre dans la Cité phocéenne, le président de l’Union des ports de France, lève un coin de voile sur ses priorités.

— Photo : NBC

Quel est votre dossier prioritaire ?

Hervé Martel : De nombreux dossiers figurent en haut de la pile ! Les journées sont trop courtes. Depuis ma prise de fonction, je rencontre les clients, les élus, les administrations, les collaborateurs, les partenaires comme Euroméditerranée. Le développement et l’implantation d’industriels sur le domaine portuaire font partie des dossiers prioritaires. Les questions environnementales sont ici extrêmement présentes avec des préoccupations quant à la qualité de l’air dans les bassins Est et à la protection des espèces à l’Ouest. Nous devons poursuivre nos efforts dans les domaines de la transition énergétique, de la production d’énergie et avancer sur le numérique, les nouvelles technologies.

Les ports doivent être davantage entrepreneurs. Nous devons être réactifs, plus agiles vis-à-vis d’un monde en évolution. Nous devons avancer sur tous les fronts, sur toutes les filières. Certaines, les conteneurs et la logistique sont dans une bonne dynamique, d’autres moins. C’est le cas du charbon. Quant au projet stratégique, après les premiers échanges de janvier lors du conseil de surveillance, il sera examiné vers fin la mai en présence des nouveaux administrateurs.

Quelle est votre vision de l’aménagement des bassins Est ?

H. M. : C’est un sujet majeur avec l’attribution du marché de réaménagement du hangar J1 en janvier (qui sera accueillera en 2023 des bureaux, un hôtel ou encore une piscine). L’aménagement des quais a commencé avec le J4 suivi par Les Terrasses du Port. Les visions sur ce territoire ne sont pas totalement partagées par les dockers, les entreprises, les élus, les aménageurs. Il faut vraiment se parler sur ces questions. Les décisions se prendront au conseil de surveillance. Une étude est en cours de finalisation sur l’aménagement de la zone allant du J1 au J4. Le dialogue est nécessaire avec les associations de riverains tout en rappelant les enjeux économiques de la croisière. Euroméditerranée doit devenir un partenaire du port.

Où en est Marseille-Fos dans son projet d’avitaillement des navires au gaz naturel ?

H. M. : Marseille sera prêt en 2021, à l’arrivée des premiers navires au gaz de CMA CGM. Au-delà de l’avitaillement en gaz des navires, se pose la question de l’alimentation depuis nos terminaux gaziers de la Corse et de la Sardaigne pour leur production d’électricité. Il faudra un navire caboteur. Les choses entre acteurs économiques avancent mais rien n’est arrêté.

Quelle importance accordez-vous à la coordination interportuaire en Méditerranée ?

H. M. : En matière de coopération interportuaire, l’expérience de l’axe Seine a dix ans. J’ai été moteur de ce rapprochement entre trois ports d’État (Rouen, Le Havre et Paris, NDLR) très complémentaires sur des filières très structurées à l’échelle d’un territoire que ce soit dans l’énergie, la chimie et l’agroalimentaire. Pour travailler une chaîne logistique avec Carrefour, Auchan, Ikea ou Maisons du Monde, vous commencez par l’entrée des flux dans le port maritime et continuez avec les entrepôts de distribution, comme c'est le cas à Rouen et à Gennevilliers par exemple. Il y a un intérêt à structurer une offre portuaire à l’échelle de ces trois ports. Je pense retrouver la même chose sur un axe Sud/Nord, sur le Rhône avec l’association MedLink Ports. Nous avons une coopération à structurer. Sur la façade méditerranéenne, nous devons trouver des sujets de coopération gagnant-gagnant tels que la transition écologique et le numérique.

La coopération entre Marseille et le Havre a débuté l’an passé avec la desserte de la Suisse par le fer. Pourrait-elle s’accentuer ?

H. M. : La navette suisse est un bon exemple, je suis convaincu qu’il y a des choses à faire. Le Havre et Marseille sont complémentaires. La stratégie nationale portuaire, en cours d’élaboration, est bâtie autour de cette complémentarité des deux grands ports nationaux.

Le contournement ferroviaire au sud de Lyon est-il un enjeu stratégique ?

H. M. : Cela fait des années qu’il est question de l’élargissement de l’hinterland du port de Marseille, ce serait cohérent de pousser des investissements sur le contournement ferroviaire de Lyon. Nous devons développer les modes ferroviaire et fluvial. Ceci étant, nous avons également un vrai sujet quant à l’amélioration des accès routiers vers les bassins Ouest.

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