Guillerm a choisi le préfabriqué pour une croissance en béton
# BTP # Conjoncture

Guillerm a choisi le préfabriqué pour une croissance en béton

S'abonner

Avec le rachat de Jousselin en Maine-et-Loire en 2019, Guillerm, le groupe de Plouvorn, a fait le choix d’accélérer sur l’activité de béton préfabriqué tout en délaissant le gros œuvre. Aujourd’hui, l’entreprise avance sur deux jambes car elle a aussi conservé son activité principale : la construction de maisons individuelles.

Maxime et Romain Guillerm sont la cinquième génération à la tête du groupe Guillerm — Photo : Isabelle Jaffré

Après l’arrivée de chaque nouvelle génération à sa tête, le groupe Guillerm (145 salariés chez SAS Guillerm et 75 chez Jousselin, 40,4 M€ de CA) a pivoté. Maxime et Romain Guillerm, la cinquième génération, ne font pas exception à la règle. L’entreprise de charpente créée en 1910 à Plouvorn, a évolué au fil des ans pour devenir un groupe du bâtiment spécialisé dans la construction de maisons individuelles et d’éléments en béton préfabriqué.

1,8 million d’euros d’investissement à Plouvorn

Arrivés respectivement dans l’entreprise familiale en 2013 et 2014, Maxime et Romain Guillerm ont acté la fin de l’activité gros œuvre en 2018. Elle avait été développée par leur aïeul et fondateur de l’entreprise, Hervé Signard. "Chaque génération a un peu travaillé sur ce qui lui plaisait et correspondait au marché de l’époque", indiquent les deux dirigeants. Ainsi, la construction de maisons individuelles a toujours été une constante dans l’entreprise depuis plus de 100 ans. L’activité béton préfabriqué a, elle, démarré avec une usine de produit béton dès 1971. Mais elle s’est vraiment développée avec l’arrivée du père des deux patrons actuels, Alain Guillerm, en 1992.

Ce dernier a même réalisé un investissement de 1,6 million d’euros en 2013 pour un nouveau siège à Plouvorn, à côté de l’ancien, en béton préfabriqué. "C’est un matériau que j’aime beaucoup et le siège sert ainsi de vitrine de notre savoir-faire", expliquait Alain Guillerm en 2013. Aujourd’hui, les deux fils investissent également. Une enveloppe d’1,8 million d’euros est prévue pour reconstruire le bâtiment historique qui abrite l’atelier menuiserie. "Il y a 1 500 m² à détruire et à reconstruire pour moderniser cet espace où l’on fabrique moules et coffrages, améliorer les flux et surtout permettre d’améliorer les conditions de travail des 4 salariés qui y sont", explique Maxime Guillerm. Le chantier va être réalisé en deux phases afin de ne pas trop perturber l’activité. Il commencera au quatrième trimestre 2022 pour une livraison espérée à l’été 2023.

Orientation stratégique vers le béton préfabriqué

L’arrêt progressif de l’activité gros œuvre (environ 10 millions d’euros de chiffre d’affaires au début des années 2010 contre 4 à 5 millions d’euros la dernière année) s’est concrétisé par le rachat en 2019 de la branche béton préfabriqué de Jousselin, basée à Ombrée d'Anjou (Maine-et-Loire). "Ils ont des performances que nous ne possédons pas, soulignait alors Alain Guillerm. Le pré mur isolé architectonique, du béton fibré ultra-performant, ainsi qu’un banc de polissage". Les deux entreprises "ont des savoir-faire et des produits complémentaires", ajoutent les dirigeants actuels. En fonction des chantiers, du lieu, de ce qui y est réalisé, c’est Jousselin ou Guillerm qui prend la main.

Jousselin réalise notamment des panneaux suspendus en béton ocre matricé, ici à Saint-Denis – Nozal — Photo : DR

Aujourd’hui, le groupe fabrique des escaliers, des balcons, façades, des pans de murs, etc. "Ce sont des pièces très techniques, très lourdes, qu’il est compliqué de réaliser sur chantier, d’où leur production en usine, précise Romain Guillerm. Cela a été une véritable orientation stratégique. Nous avons arrêté le gros œuvre aussi car nous étions en concurrence avec nos propres clients de l’activité béton préfabriqué." Guillerm et Jousselin travaillent pour des bâtiments publics et du logement collectif. "Nous ne faisons pas du standard mais bien des pièces sur-mesure."

Depuis le rachat, Guillerm a investi chez Jousselin. "Nous avons notamment rallongé les rails de maintien du pont roulant afin qu’ils puissent aller jusqu’en extérieur et ainsi améliorer la manutention des pièces. En tout, nous avons injecté 1,1 million d’euros depuis le rachat", précise Maxime Guillerm. Un nouvel investissement est dans les tuyaux pour un atelier d’armatures pour le béton. "C’est un petit investissement de 150 000 euros mais il est stratégique pour internaliser cet aspect", insiste le dirigeant. Guillerm à Plouvorn possède déjà un tel atelier, qui permet à la société de maîtriser toute la chaîne de A à Z, grâce également à son propre bureau d’études d’une dizaine de dessinateurs. "C’est notre plus. Et à l’heure de l’inflation des matières premières, il ne faut pas négliger cet aspect."

De la Normandie à Bordeaux

Jousselin a permis d’ouvrir d’autres marchés à Guillerm. "Nous avons gardé le nom de l’entreprise car ils étaient plus connus, notamment auprès des architectes." L’entreprise ligérienne était aussi davantage implantée en région parisienne. Désormais, sur la partie béton Guillerm fait 50 % de son chiffre d’affaires en Bretagne, Jousselin seulement 20 % car la société permet au groupe d’aller plus loin en région parisienne, en Normandie et à Bordeaux.

Guillerm travaille aussi en région parisienne. Ici à Noisy-Le-Grand – Abraxas pour des trumeaux (panneaux qui coupent l’espace entre deux fenêtres) de façade en béton blanc — Photo : DR

Parmi les grands chantiers, l’entreprise est notamment présente sur celui du Grand Paris. "Nous travaillons pour les lignes 16 et 18 en réalisant les escaliers de secours puis les grands escaliers monumentaux", se félicite Romain Guillerm. En local, Guillerm a travaillé sur le programme immobilier Vertigo aux Capucins à Brest pour le promoteur Oceanic en fourbissant la façade en béton dit "matricé". Aujourd’hui, Guillerm réalise 7,9 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’activité préfabriqué et Jousselin 9,5 millions d’euros.

La maison individuelle en valeur sûre

À Plouvorn, l’usine de béton travaille pour les clients extérieurs à 60 % mais aussi en interne pour l’autre branche du groupe : la construction de maisons individuelles, à 40 %. Guillerm Habitat reste d’ailleurs la principale activité du groupe qui est présent uniquement sur le Finistère avec trois agences à Plouvorn Brest et Quimper. Cette dernière a été ouverte en septembre 2021.

"Le marché a été ralenti avec la pandémie et a subi une baisse de 25 %. Nous avons donc ouvert dans le sud du département pour compenser en partie cette baisse ainsi que la perte de l’activité gros œuvre."

Guillerm Habitat construit 171 maisons par an — Photo : APENNEC

En 2021, Guillerm Habitat a construit 171 maisons. "Nous ne sommes pas inquiets car nous faisons aussi de l’aménagement avec le métier de lotisseur et du développement de maîtrise foncière. Des lotissements arrivent", assure Maxime Guillerm. Le groupe, lui, tire son épingle du jeu puisque le chiffre d’affaires est passé de 16,2 millions d’euros en 2018-2019 à 23 millions d’euros en 2021-2022.

Finistère Maine-et-Loire # BTP # Services # Conjoncture # Fusion-acquisition