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Jean-Yves Jousselin: La passion du béton l’emmène jusqu’en Chine
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Jean-Yves Jousselin: La passion du béton l’emmène jusqu’en Chine

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À 58 ans, Jean-Yves Jousselin a décidé de céder la branche préfabrication de l’entreprise familiale créée par son grand-père en 1936 à Chazé-Henry, dans le nord-ouest du Maine-et-Loire, conservant pour quelques années encore le secteur de la construction. Mais l’homme ne s’éloigne pas pour autant du métier qui le passionne et fourmille toujours d’idées et de projets.

A 58 ans, Jean-Yves Jousselin a encore des tonnes de projets à réaliser, professionnels et personnels. — Photo : Olivier Hamard JDE

« Des milliers de fois, j’ai entendu : la première génération crée l’entreprise, la deuxième la développe et la troisième la plante. Moi, je suis cette troisième génération ! » Et Jean-Yves Jousselin ne l’a pas plantée, l’entreprise familiale. À son entrée en 1982, ils étaient 115. Aujourd’hui ils sont 200, partagés entre la construction et la conception et préfabrication de béton. « C’est surtout cette branche que j’ai développée. Il y avait une demande sur ce créneau et nous avons su nous démarquer. Aujourd’hui, beaucoup nous appellent, constructeurs, architectes, souvent en amont des projets parce qu’on peut apporter des solutions. »

Le béton, Jean-Yves Jousselin est tombé dedans quand il était petit… « Enfant et adolescent, je passais mes week-ends et mes vacances sur les chantiers, assure-t-il. Ça me plaisait, on ne m’a jamais forcé. Je suis un fou furieux du béton ! » Malgré tout, Jean-Yves Jousselin n’a pas débuté dans l’entreprise familiale : « J’ai commencé comme manœuvre en Vendée et je me souviens de mon tout premier salaire : 839 francs ! (311 € - NDLR) Je suis revenu ici comme ouvrier et je suis passé par tous les postes. J’ai repris l’entreprise à mon père et mon oncle en 1998, associé à un de mes frères. »

« J’ai toujours pris du plaisir dans mon métier »

La préfabrication pesait alors 900 000 francs (185 000 € - NDLR) dans le chiffre d’affaires de l’entreprise. Mais Jean-Yves Jousselin était certain qu’on pouvait y amener une valeur ajoutée.

« Initialement, cela ne servait que pour nos propres chantiers. On pouvait aller plus loin en vendant nos produits, mais il fallait se distinguer en faisant du beau et de la qualité. Nous avons créé un bureau d’études pour innover avec de nouveaux matériaux. »
En témoigne l’actuel chantier de 5 millions d’euros réalisé actuellement à Genève, pour le compte d’un horloger suisse de renom : le béton préfabriqué qui habille les façades inclut du marbre, lui donnant un aspect poli et brillant. « Mais nous n’utilisons que 10 % de notre production. La grande majorité est vendue à des entreprises concurrentes, beaucoup pour des chantiers en région parisienne ou dans de grandes agglomérations. » Aujourd’hui, la branche préfabrication représente 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 13 pour la partie construction.

La construction d’une usine à Shanghai

S’il a su faire grandir l’entreprise, Jean-Yves Jousselin n’en tire pas gloire : « Il y a parfois une certaine fierté de faire de belles choses mais je ne me gargarise pas avec ça. L’important, c’est que j’ai toujours pris du plaisir dans mon métier. » Pour lui, prime aussi la pérennité de ce que trois générations ont bâti. Dans les années soixante, son grand-père, maire de Chazé-Henry, avait embauché par dizaines les hommes remontant pour la dernière fois des mines de fer du village que l’on fermait. Jean-Yves Jousselin ressent cette même responsabilité sociétale : « Ce qui m’importe, c’est que ça perdure. Il y a un devoir vis-à-vis des gens qui nous font confiance, pour certains depuis trente ans. » C’est pour cela aussi qu’il préfère attendre encore un ou deux ans pour céder la partie construction à deux de ses cadres : « Les dix dernières années ont été difficiles. L’activité repart, nous allons solder des chantiers compliqués pour qu’ils reprennent l’entreprise en bon état. »

Ensuite Jean-Yves Jousselin n’arrêtera pas pour autant de travailler : il lance une nouvelle société, Jousselin Ingénierie, et a mis pour la première fois cette année le pied en Chine, par l’intermédiaire de l’architecte Frédéric Rolland : Je travaille avec une entreprise locale pour développer la préfabrication. Il s’agit de créer une usine de 80 000 mètres carrés. Je suis chargé des achats, du recrutement, de la formation… Il y a là-bas de très gros besoins. » Jean-Yves Jousselin passe donc une semaine par mois à Shanghai, où se construit le second opéra de la ville, dont les façades sont réalisées en béton préfabriqué…

Dans les prochaines années, l’homme vaut aussi prendre son temps. Passionné de voile, lui qui a déjà effectué avec un ami entrepreneur une transat La Rochelle-Québec et passé deux fois le cap Horn aimerait naviguer plus, avec toujours ce souci des autres : « J’emmène parfois des personnes handicapées sur mon bateau et je voudrais le faire plus souvent ».


L’entreprise Guillerm a repris Jousselin Préfabrication

Jean-Yves Jousselin a donc cédé Jousselin Préfabrication début novembre à l’entreprise Guillerm, 140 salariés pour 27 M€ de chiffre d’affaires, installée à Plouvorn, dans le Finistère.

L'entreprise Jousselin Préfabrication a entre autres réalisé la salle de Paris la Défense Arena 92, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, ouverte en 2017 — Photo : Groupe Jousselin

« J’aurais pu attendre un peu plus, mais je me suis quand même donné le temps de réfléchir, précise le dirigeant angevin. J’avais presque conclu un accord avec un autre repreneur quand ils m’ont appelé. Leur profil et leur philosophie sont identiques aux nôtres et le courant est très bien passé. Ce sont les deux fils d’Alain Guillerm qui lui succéderont. Ils sont un peu comme moi il y a trente ans et je trouve ça plutôt sympa ! » Le nom de l’entreprise demeure, les 75 salariés sont conservés et les services communs à Jousselin Construction continueront de travailler de manière identique.

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