C’est une "forme de retour à la période pré-Covid" qu’observe l’ETI familiale girondine GT Solutions, dont le siège est à Bassens et qui emploie actuellement 2 000 personnes. Après deux années marquées par la crise du Covid (son chiffre d’affaires avait notamment dévissé de 17 % en 2020), elle affiche un prévisionnel à 220 millions d’euros en 2022 et une croissance de 10 % au premier semestre, avec une "dynamique commerciale forte", assure Matthieu Sarrat, directeur général de l’entreprise spécialisée dans la location de véhicules avec conducteur.
Besoin de 100 conducteurs
Si 2023 devrait marquer le pas pour l’entreprise qui s’attend à une "activité plus modérée" malgré une forte dynamique commerciale, elle continue à investir. Elle va ouvrir en novembre une nouvelle plateforme (en location via l’investisseur Logicor) de 8 000 m2 pour une centaine de salariés à Garonor pour sa branche "réseaux spécialisés" et une quatrième agence d’intérim pour conducteurs de poids lourds à Toulouse en fin d’année.
De quoi tenter de juguler un métier en forte tension sur les recrutements, notamment "en Île-de-France ou la pénurie connaît une ampleur nouvelle", affirme Matthieu Sarrat. Pour lui, le déficit de conducteurs serait "d’environ une centaine", même si le volume d’embauches reste élevé. "Nous allons voir partir 500 conducteurs, on va en recruter autant". Pour les fidéliser, GT solutions compte sur des chargés de recrutement aux profils de "chasseurs de têtes", une forte présence sur les réseaux sociaux, son modèle d’actionnariat salarié (5 à 6 %) ou des recrutements "avec un écart de 3 % au-dessus du SMIC horaire".
Chers camions électriques
Pour autant, des incertitudes plus immédiates demeurent. "Nous commençons à avoir des clients qui rallongent beaucoup les délais de paiement, ce qui laisse un doute sur leur bonne santé financière. On découvre même que certains d’entre eux, ou leurs fournisseurs, sont endettés à taux variables", s’interroge Matthieu Sarrat. Au-delà de ces questions financières, la crise énergétique et la hausse du carburant pèsent lourd sur les dépenses de l’entreprise, qui dispose d’une centaine de véhicules roulant au GNV (sur 1 250 véhicules). "Ce qui nous déstabilise beaucoup plus que le gazole, c’est la hausse du prix du gaz, multipliée par trois, voire quatre ou cinq lors de l’accès de fièvre de septembre", ajoute le chef d’entreprise, citant également l’interdiction des véhicules diesel dans Paris et sa proche couronne en 2024.
Pour lui, l’argument écologique du GNV se réduit considérablement du fait de la flambée des prix. "Aujourd’hui, ça nous coûte 1 000 euros, soit 10 % en plus par mois pour exploiter un camion au GNV", déplore-t-il. "Nous nous retrouvons avec des véhicules sur les bras que nous n’arrivons pas à mettre sur la route, et il n’y a pas de revente pour ceux qui s’arrêtent. C’est l’incertitude, aujourd’hui le gaz n’est plus pertinent". GT Solutions, qui consacre 15 à 20 % de ses dépenses dans le carburant, a commandé deux camions électriques (et en projette cinq de plus), sachant qu’un camion électrique "coûte 250 000 euros à l’achat contre 80 000 euros pour un camion thermique".
Enfin, l’entreprise a répondu à un appel à projets régional en Occitanie pour tester un véhicule à hydrogène, mais le bout du tunnel n’est pas attendu avant 2025.
