Burn-out : « Le dirigeant a du mal à accepter ce qu’il considère comme une défaite »
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Burn-out : « Le dirigeant a du mal à accepter ce qu’il considère comme une défaite »

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Pour Françoise Siegel, médecin coordinateur d’Alsace Santé au Travail, le premier enjeu avec le burn-out des dirigeants d’entreprise, c’est de pouvoir repérer les patients.

Pour Françoise Siegel, médecin coordinateur d’Alsace Santé au Travail, le premier enjeu avec le burn-out des dirigeants d’entreprise, c’est de pouvoir repérer les patients — Photo : @photosrebnicki.com

Il n'est jamais simple d'accepter sa vulnérabilité. Pour Françoise Siegel, médecin coordinateur d’Alsace Santé au Travail et référente en matière de risques psychosociaux, le premier enjeu avec le burn-out des dirigeants d’entreprise, c’est de pouvoir repérer les patients. « Notre problématique, c’est de pouvoir rencontrer les personnes qui sont en train de glisser, que l’on identifie avec l’aide de l’entourage professionnel. De réussir à amener les employeurs à exprimer leur souffrance et à sortir de leur isolement ».

Attirer un salarié, c’est déjà compliqué. Attirer un dirigeant, c’est pire, indique la médecin : « Ils ont encore plus de mal à accepter ce qu’ils considèrent comme une défaite. Surtout dans les entreprises de petites tailles, où aux soucis de trésorerie, aux préoccupations de gestion, s’ajoute l’émotionnel, le sentiment de responsabilité vis-à-vis des salariés, mais aussi la menace de perdre son patrimoine, sa maison, son couple… Il y a encore hélas peu de structures neutres, confidentielles et pluridisciplinaires pour les prendre en charge. »

Des outils de diagnostic inadaptés

Autre problématique, pour Françoise Siegel : « Les outils dont nous disposons ne sont pas adaptés à la cible des dirigeants. Je pense notamment au questionnaire d’évaluation du stress au travail Karasek, qui me semble obsolète. Il y a déjà beaucoup de littérature sur le burn-out des salariés, mais très peu sur celui des dirigeants. Les seules données dont on dispose ? Le nombre de suicides, à partir d’un document de l’Inserm de 2014… De plus, traditionnellement, le médecin du travail se pose du côté du salarié, contre le dirigeant. »

Depuis 2007, Alsace Santé au Travail travaille sur un programme portant sur les risques psycho-sociaux des dirigeants. En parallèle, certaines fédérations professionnelles commencent à mettre des actions en place. Mais les personnes concernées par un burn-out n’arrivent pas à faire leur « outing » pour ne pas être exposées vis-à-vis de leurs pairs, de leurs concurrents et de leurs partenaires.

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