Meurthe-et-Moselle
Gris Group mise sur la diversification et la petite série
Meurthe-et-Moselle # Industrie # Stratégie

Gris Group mise sur la diversification et la petite série

S'abonner

Le fabricant de pièces de fixation et de composants mécaniques en acier basé à Lesménils, en Meurthe-et-Moselle, Gris Group, veut poursuivre sa trajectoire de croissance malgré les incertitudes pesant sur le secteur automobile.

Gris Group exporte sa production à plus de 65 % — Photo : Gris Group

En 2024, Céline Gris, la présidente de Gris Group, veut continuer à aller chercher de la croissance : "Hors crise, le groupe a toujours été en croissance. Et nous allons continuer", affirme la dirigeante du fabricant lorrain de pièces de fixation et de composants mécaniques en acier.

Employant 235 salariés sur deux sites, Gris Découpage à Lesménils, en Meurthe-et-Moselle, et Umformtechnik à Herscheid en Allemagne, le groupe a réalisé en 2023 près de 53 millions d’euros de chiffre d’affaires, un niveau d’activité à comparer aux 36 millions d’euros réalisés au cours de l’exercice 2020, plombé par la crise liée à l’épidémie de Covid-19. "Nous avons réussi à redresser la barre et désormais, nous avons un vrai sujet de diversification pour l’avenir", fixe Céline Gris.

Des process tournés vers la grande série

Travaillant à 60 % pour l’automobile et 20 % pour le poids lourd, Gris Group produit chaque année environ 750 millions de pièces. Sur les presses historiques de la société comme sur les nouvelles presses d’emboutissage à 3 millions d’euros, capables de produire 1 million de pièces à l’heure, l’ensemble des process chez Gris Group a été pensé pour réaliser de grandes séries, à des tarifs compétitifs.

Céline Gris est la présidente de Gris Group — Photo : Jérôme Baudoin

Mais dans un coin de l’atelier, l’équipe de la PME lorraine vient d’installer une machine à découper au laser. "Nous avons acheté cette machine d’occasion, pour 160 000 €", révèle Jean-Yves Dosdat, le responsable industriel de Gris Découpage. Un tarif dix fois inférieur à celui d’une machine neuve, qui permet aux équipes de Gris Découpage de mener sereinement une série de tests. "Sur nos presses, rien que de fabriquer l’outillage pour réaliser la pièce, cela nécessite déjà plusieurs dizaines de milliers d’euros", souligne Jean-Yves Dosdat. "La découpe au laser est un procédé beaucoup plus lent, mais qui ouvre la possibilité de faire de petites séries." La présidente de Gris Groupe, Céline Gris, révèle avoir déjà eu des discussions avec les dirigeants du fabricant de vélo Moustache Bikes pour "regarder ce qu’il est possible de faire."

Hier peu tourné vers l’innovation "produit", puisque travaillant à 100 % sur un cahier des charges fixé par le client, l’équipe de Gris Group vient de solliciter Bpifrance pour un prêt à l’innovation, afin d’avancer sur la création d’un "plateau à dimension variable". Une innovation "procédé" visant là aussi à répondre à des clients recherchant des volumes moins importants de pièces, tout en permettant d’utiliser les presses de l’entreprise.

Impact du prix de l’énergie

À côté des contacts dans le secteur du vélo, Céline Gris explore aussi le domaine de l’éolien ou encore du nucléaire, sans rien s’interdire. "Suite à l’annonce de la fin de la vente des voitures thermiques pour 2035, nous avons projeté 25 % de chiffre d’affaires en moins", souligne Céline Gris. "Mais depuis, nous sommes tout de même positionnés sur le véhicule électrique." Quand Gris Group ne faisait pas un euro avec des pièces destinées au véhicule électrique en 2019, l’entreprise réalise aujourd’hui près de 12 % de son activité sur ce créneau.

Pour autant, Céline Gris ne veut pas se bercer d’illusion : "Nous ne reviendrons pas aux volumes que nous avons connus". Occupée sur tous les fronts, la dirigeante cherche actuellement à limiter la hausse des coûts de l’énergie sur les résultats de son entreprise. "Avant la crise, l’électricité nous coûtait 270 000 € et ce n’était un sujet pour personne", rappelle Céline Gris. Contraint de renégocier un contrat avec EDF en pleine explosion des tarifs de l’énergie, Céline Gris a vu le prix du MWh passer de 80 à 350 €. Conjugué à la hausse des tarifs de l’acier, "l’impact sur nos résultats est de 800 000 € de charges supplémentaires dont 500 000 € d’énergie", précise la présidente de Gris Group. "Pour 2024, si les tarifs restent à ce niveau, notre résultat net baissera de 40 %."

Meurthe-et-Moselle # Industrie # Mécanique # Automobile # Stratégie # Investissement industriel # PME