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Les Ateliers Perrault riment avec les chantiers d'exception
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Les Ateliers Perrault riment avec les chantiers d'exception

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Les Ateliers Perrault, à Saint-Laurent-de-la-Plaine, reconstruisent actuellement la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris, détruite lors de son incendie il y a quatre ans. Au-delà de la reconnaissance de l’excellence de son travail, l’entreprise, qui a intégré en 2019 le groupe Ateliers de France, continue de mener de nombreux chantiers de prestige en France et à l’étranger, en mariant son savoir-faire traditionnel avec des technologies de pointe.

Jean-Baptiste Bonhoure, directeur général des Ateliers Perrault, depuis 2019, devant la charpente de Notre-Dame de Paris, qui sera posée sur l’édifice à partir de septembre — Photo : Olivier Hamard

Le long de la route qui longe de chaque côté les Ateliers Perrault, à l’entrée de Saint-Laurent-de-la-Plaine, s’érige peu à peu à la vue des passants la charpente du chœur et de la nef de Notre-Dame de Paris. Une occasion de la découvrir et de mesurer l’excellence dont font preuve les Compagnons de l’entreprise angevine, avant qu’elle ne prenne le départ pour la capitale en septembre où elle commencera à être posée, probablement pour des siècles encore. Le travail des Ateliers Perrault sera terminé en février 2024. Ce chantier hors normes est pour l'entreprise une reconnaissance d'un travail vieux de 260 ans. " C'est le fruit de toutes ces années, témoigne Jean-Baptiste Bonhoure, du travail réalisé par les gens dans les ateliers comme dans les bureaux, et de tous ceux qui nous ont précédé. Ce chantier fédère tout le monde dans l'entreprise et nous fait grandir. " L'entreprise s'est associée avec les Ateliers Desmonts, dans l'Eure, une société de charpente de 10 personnes (CA NC) qui utilise des techniques anciennes. "En interne, personne n'a douté de nos capacités à réaliser ce chantier, témoigne Jean-Baptiste Bonhoure. Rien n'a arrêté nos équipes car elles savaient qu'elles avaient le savoir-faire exigé. C'est un travail de passionnés et les collaborateurs de l'entreprise sont tous très fiers." Si la société plus que deux fois centenaire est sous le feu des projecteurs avec ce chantier hors-norme, elle n’en mène pas moins d’autres projets de prestige, partout en France et à l’étranger.

Un travail sur mesure

La réalisation de 75 menuiseries de 6 mètres de haut destinées au Grand Palais à Paris, l’aménagement d’une villa en Floride, 6 clochetons pour le château de Chambord ou la rénovation de la charpente d’une église dans le Finistère sont autant de chantiers sur lesquels travaille actuellement ou ont récemment œuvré les Ateliers Perrault, en plus de la reconstruction de la charpente de Notre-Dame. "Nous répondons à la fois à des appels d’offres publics et privés pour travailler sur des bâtiments patrimoniaux, témoigne Jean-Baptiste Bonhoure, directeur général des Ateliers Perrault, comme des châteaux, des églises ou des hôtels particuliers.

L’activité de l’entreprise se divise en trois tiers : la charpente, la menuiserie-ébénisterie et la fenêtre — Photo : Ateliers Perrault

Nous avons une activité qui se répartit en trois tiers, la charpente, la menuiserie-ébénisterie tels que les parquets, les boiseries ou les escaliers, et la fenêtre. Nous effectuons de la restauration et du neuf en restitution d’époques traditionnelles. Dans tous les cas, il s’agit toujours d’un travail sur mesure." Pour cela, l‘entreprise s’appuie sur 175 collaborateurs, dont 25 apprentis et deux personnes dans un atelier de forge, qui ne travaille que pour des projets internes. Elle a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros. "Dans le patrimoine, l’activité est actuellement très forte avec beaucoup de demandes tant dans le public que dans le privé, ajoute Jean-Baptiste Bonhoure, ce qui n’a pas toujours été le cas. Avec un fort volume aussi bien dans la fenêtre, la menuiserie que la charpente, nous remplissons le carnet de commandes pour fin 2024, ce qui nous permet de nous projeter. Ce peut être des chantiers d’une semaine ou de plusieurs années, dans ce cas le plus souvent par phases, comme pour le château de Chantilly en région parisienne. "

Projets d’exception

Les Ateliers Perrault réalisent 10 à 15 % de leur chiffre d’affaires à l’international, comme actuellement en Floride, mais aussi par le passé avec des chantiers à Londres, en Suisse ou aux États-Unis. Au large du Cap Horn, tout au sud de l’Amérique, l’entreprise avait par exemple participé il y a quelques années déjà à la restauration du phare du Bout-du-Monde, au large de la Patagonie. Intégrée dans le groupe Ateliers de France, l’entreprise des Mauges s’est donné une ouverture supplémentaire à l’international.

Les Ateliers Perrault travaillent uniquement sur des chantiers de prestige publics ou privés, qu'ils soient en France ou à l'étranger — Photo : Ateliers Perrault 

"Nous décrochons des projets à l’international souvent via des architectes d’intérieur avec qui nous travaillons, précise Jean-Baptiste Bonhoure, qui a lui-même dirigé une filiale d’Ateliers de France au Royaume-Uni. Grâce au groupe, qui compte 25 maisons à l’étranger, nous pouvons être amenés encore plus à travailler à l’export, ce qui nous permet d’avoir une corde supplémentaire à notre arc si les commandes en France viennent à baisser." C’est en 2019 que l’entreprise, qui employait alors 140 personnes pour un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros, a été reprise par le groupe Atelier de France. Présent dans 12 pays avec une cinquantaine d’entreprises, il emploie plus de 2 000 collaborateurs dans 55 métiers pour un chiffre d’affaires de 422 millions d’euros et travaille exclusivement dans les domaines du patrimoine et du luxe. " Appartenir à un groupe nous apporte une synergie commerciale et une assise financière, explique Jean-Baptiste Bonhoure. Lorsque nous sommes arrivés, tout le monde a bien compris que nous n’étions pas là pour tout chambouler et qu’il fallait conserver l’âme de l’entreprise. C’était tout l’enjeu. Il ne faut surtout pas effacer le passé mais aussi ne pas rester statique pour continuer de croître. "

Modernité et technologie

Cette "âme" de l’entreprise s’est forgée au fil de ses plus de 260 ans d’existence. Née en 1760, elle a vu se succéder jusqu’à sa reprise récente 8 générations de dirigeants de la famille Perrault, toujours à Saint-Laurent-de-la-Plaine. L’entreprise est ainsi intimement liée au village et à son histoire. "C’est quelque chose qui nous dépasse, constate Jean-Baptiste Bonhoure. D’artisan au départ à l’entreprise qu’elle est aujourd’hui, les Ateliers Perrault ont conservé leur taille familiale et humaine, en gardant leur exigence. On fait du beau. La vie de la société a été marquée par de grands projets et il y a une vraie fierté de travailler ou d’avoir travaillé ici. Pour exemple, c’est l’association des retraités qui effectue les visites des ateliers. Nous disposons aussi d’une bibliothèque de milliers d’ouvrages sur nos métiers."

Ce qui n’empêche en rien les Ateliers Perrault de se tourner vers l’avenir et la modernité. Deux à trois millions d’euros ont été investis en 2020-2021 dans l’outil de production, comme des machines à commande numérique pour la fabrication de fenêtre, et l’entreprise poursuit cette année ses investissements dans ses équipements. Car si l’export peut représenter un levier de croissance, le savoir-faire de l’entreprise, dans les domaines de la charpente, de la menuiserie-ébénisterie et de la fenêtre en est un autre. Pour cela, l’entreprise sait allier dans ses réalisations la tradition et la tech. "Pour faire la fenêtre de demain, il faut y mettre de nouvelles technologies, assure Jean-Baptiste Bonhoure, et c’est une de nos forces. Nous savons réaliser des fenêtres en bois avec les méthodes traditionnelles tout en étant pare-feu, en y incluant de la domotique, avec des vitres pare-balle. Les portes-fenêtres destinées au Grand-Palais sont par exemple équipées de vérins hydrauliques."

Forte démarche RSE

Pour travailler sur ces projets, outre les savoir-faire de ses Compagnons, l’entreprise s’appuie aussi sur un bureau d’études, fort entre autres d’une dizaine d’ingénieurs. "Nous faisons appel parfois à des compétences d’autres métiers, ajoute Jean-Baptiste Bonhoure, qui nous apportent une ouverture. Nous avons aussi beaucoup de formations internes sur divers sujets, et nous allons renforcer cela à partir de la rentrée de septembre. Nous arrivons à conserver nos collaborateurs parce qu’ils sont amenés à aborder beaucoup de facettes de leur métier, qu’ils peuvent évoluer dans l’entreprise et qu’ils travaillent sur de l’exceptionnel." Aussi parce que "l’âme" qu’évoque le dirigeant s’entretient et se transmet, et que l’entreprise, très longtemps familiale, cultive une forte démarche RSE. "Nous travaillons par exemple avec des ESAT, poursuit Jean-Baptiste Bonhoure. Nous accueillons des personnes en insertion, les collaborateurs ont la possibilité de donner des RTT à des associations et nous sommes aussi engagés dans le mécénat." Chaque salarié peut également disposer chaque année de bois de chauffage issu de chutes, l’entreprise recycle ses matériaux ou encore s’est équipée de véhicules hybrides. Elle mise aussi beaucoup sur le renouvellement de ses équipes, en accueillant des jeunes en formation, dans des métiers qui se féminisent. Trois apprenties se forment ainsi actuellement aux savoir-faire de la société.

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