Elle est "la" première licorne industrielle française. Créée à Croix près de Lille en 2015 après une incubation à Telecom Paris Tech, Exotec (550 salariés, 150 à 200 M€ de CA attendus pour 2022) déploie dans le monde sa robotique logistique. Avec ses robots Skypod qui parcourent les entrepôts à toute allure, la pépite française sert aujourd’hui une trentaine de clients sur 70 sites. Forte de 550 collaborateurs dont 350 dans le Nord, elle devrait passer la barre des 1 000 personnes d’ici la fin d’année 2023. Pour loger l’ensemble de ses forces, elle construit actuellement son futur siège à Wasquehal près de Lille. Le programme "Imaginarium" abritera d’ici 2024 non seulement les fonctions supports, le centre de R & D, celui de formation mais surtout l’usine. "D’abord parce que nous sommes fiers d’être français et de produire ici, explique Renaud Heitz, cofondateur et CTO d’Exotec. Pour le choix d’implantation, il faut surtout savoir si on peut recruter. Si on veut être capable d’innover, il faut que R & D et production travaillent ensemble, défend-il Pour cela, Lille est la ville idéale avec un bassin d’emploi qualifié, et est desservie par les transports en commun. Sans compter, une situation au cœur de l’Europe idéale pour le business, proche de Paris avec des entreprises mondiales de retail". Une attractivité territoriale essentielle donc pour attirer des talents et leurs familles.
Choix et défi français
Produire de la haute technologie en France pourrait toutefois se heurter à d’autres problèmes, notamment en termes d’approvisionnement en matières premières. Outre le développement des logiciels de flotte des robots ainsi que l’ingénierie système, Exotec conçoit et fabrique ses robots - comprenant pas moins de 1 000 pièces par unité - et autres racks. "Nos fournisseurs de rang 1 se situent en Europe, détaille Romain Heitz. Il est vrai qu’actuellement, nous rencontrons des délais sur l’électronique. Cela oblige notre R & D à se réinventer en trouvant des alternatives, par exemple en inversant des schémas d’approvisionnement chez nos fournisseurs". Idem pour ce qui est des éléments de stockage, se fournir en racks acier et en bacs plastiques représente un vrai défi. Pour autant, pas de quoi remettre en cause la stratégie industrielle : "Il y a du sens à faire de l’industrie en France et c’est une fierté de rassembler des équipes et d’innover ici". Un modèle qui pourrait toutefois s’exporter au gré de la croissance alors qu’Exotec vient de partir à la conquête des États-Unis. "Si nous devions dupliquer des usines, ce qui n’est pas à l’ordre du jour, la R & D resterait en France", résume le dirigeant.
