Alpes-Maritimes
Eurobiomed : "Pour les start-up de la santé, tout est plus long et tout coûte plus cher !"
Interview Alpes-Maritimes # Santé # Réseaux d'accompagnement

Morgane Miltgen responsable des accompagnements au sein du pôle de compétitivité Eurobiomed "Pour les start-up de la santé, tout est plus long et tout coûte plus cher !"

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Pôle de compétitivité dédié à la Healthtech en région Sud et Occitanie, Eurobiomed regroupe plus de 400 acteurs industriels. Chercheuse de formation, Morgane Miltgen y accompagne les porteurs de projets de la santé, pour les emmener vers l’entrepreneuriat. Quatre d’entre eux - Dimicare, Caranx Medical, Pearcode et Phenocell - ont récemment présenté à Nice leurs innovations et les défis qui leur restent à relever.

Morgane Miltgen accompagne des porteurs de projets dans le domaine de la santé, au sein d’Eurobiomed. — Photo : Olivia Oreggia

Les porteurs de projets suivis par Eurobiomed qui ont pitché lors de la récente soirée organisée au siège d’Horus Pharma à Nice, cumulent à eux tous un niveau qui dépasse bac + 100. Mais on se rend compte dans chacun de leurs témoignages que, malgré leurs parcours, on ne devient pas pour autant chef d’entreprise facilement…

Avoir une technologie et la faire avancer étape par étape pour la valider et qu’elle finisse sur le marché, c’est une chose, mais la recherche de financement, savoir trouver des effets leviers entre argent public et privé, ou savoir pitcher son projet à différents auditoires, cela s’apprend.

C’est d’autant plus difficile que les personnes qui sont à l’origine de l’innovation et de la technologie ne sont souvent pas les futurs dirigeants de la société. Ils seront souvent les directeurs techniques, mais ce rôle de chef d’entreprise peut être tenu par une personne externe qui va apprendre le cœur de la motivation de la société, ce qui aura habité le cofondateur et va apporter toute son expertise business.

"Des guichets de financement, il y en a, mais il faut savoir les décrypter."

Comment les aidez-vous en cela, au sein d’Eurobiomed ?

Nous les sensibilisons le plus tôt possible, car tous n’ont pas forcément conscience qu’il faut aller chercher ces autres niveaux de compétences.
Notre objectif est d’accélérer la mise sur le marché de nouveaux produits ou services de santé, cela passe par l’écoute, le sur-mesure, l’individualisation des services.
J’écoute les histoires des porteurs de projets pour optimiser ensuite leurs chances d’obtenir des financements. Des guichets de financement dédiés ou généralistes, il y en a, mais il faut savoir les comprendre, les décrypter. Nous avons ce rôle de traduction.

Soirée "biorézo" organisée par Eurobiomed au siège du laboratoire Horus Pharma à Nice, lors de laquelle plusieurs acteurs accompagnés par le pôle de compétitivité ont pitché leur concept — Photo : Olivia Oreggia

Est-ce plus simple pour une start-up de la santé de trouver des financements ?

Dans la santé, tout est plus long et tout coûte plus cher ! Quand on est "full numérique" (entièrement numérique), c’est moins compliqué, les dépenses sont moindres, mais dès que l’on adresse la santé, les réglementations sont très laborieuses, les contraintes plus nombreuses.
Trouver des investisseurs est aussi difficile. Il n’y a pas que l’argent public, on a besoin d’argent privé en face. Il faut pouvoir montrer des informations qui soient rassurantes pour convaincre un investisseur. Or, pour arriver déjà à ce stade-là, il faut beaucoup de financement. Cela peut être plus simple lorsque l’on a des fonds plus locaux, comme ceux rattachés à la Région Sud par exemple.

Recevez-vous de plus en plus de projets ?

Il y a, c’est vrai, une petite croissance dans la création d’entreprises, nous traitons une centaine de dossiers dans l’année. Mais l’enjeu n’est pas là, la création d’entreprises n’est pas une fin en soi. En revanche, qu’elles tiennent le coup, qu’elles survivent et avancent, c’est vraiment là qu’il faut s’investir.

Quelles sont les thématiques les plus porteuses dans la santé ?

Trois stratégies d’accélération prioritaires ont été dégagées au niveau national : dans la santé numérique, la biothérapie et les maladies infectieuses.
Dans les Alpes-Maritimes, il y a beaucoup de projets dans le numérique. Tous ceux qui utilisent de l’IA par exemple, comme Caranx Medical (start-up de robotique chirurgicale d’une vingtaine de salariées, basée à Nice, NDLR) ou Pearcode (qui travaille sur le stockage sur de l’ADN synthétique, NDLR) présents pour le pitch organisé chez Horus Pharma à Nice, ou encore Activity qui lutte contre la sédentarité. Il y a tout ceux qui sortent de l’Inria aussi.

Pierre berthet-Rayne (à gauche) et le docteur Éric Sejor, ont cofondé en 2020 Caranx Medical, société de robotique qui a développé deux projets autour de l’obésité et du cardio vasculaire — Photo : Olivia Oreggia

Il y a par ailleurs une belle communauté de biotech. Nous sommes en train de monter par exemple un projet structurant en dermatologie, sur la prise en charge des maladies de peau. Nous avons la chance d’avoir un ponte du sujet, le professeur Thierry Passeron, au CHU de Nice, qui est à la tête de ce projet qui va permettre de fédérer tout un écosystème émergent, auquel nous voulons aussi raccrocher beaucoup d’autres acteurs nationaux.
Et puis sur la Côte d’Azur, il y a le volet vieillissement, on ne peut pas le négliger. Ce n’est pas une thématique en soi car c’est transverse, dans le médicament, l’accompagnement, l’autonomie à domicile… mais comme nous avons tout le temps besoin de cohortes de patients, cela permet d’avancer sur ce sujet du bien vieillir.

Alpes-Maritimes # Santé # Réseaux d'accompagnement # Healthtech # Innovation # Biotech