Eurobiomed : "France 2030 ouvre de vraies opportunités pour nos adhérents"
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Émilie Royère directrice générale d’Eurobiomed "France 2030 ouvre de vraies opportunités pour nos adhérents"

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Réuni en assemblée générale, Eurobiomed le pôle de compétitivité santé des régions Sud et Occitanie que dirige Emilie Royère, fait le bilan de l’année 2022 et dresse sa feuille de route. L’objectif principal du pôle : tirer toutes les opportunités de France 2030.

Émilie Royère, directrice générale d’Eurobiomed — Photo : Jean-Marie Huron/ATCG Partners

Quel bilan faites-vous de l’année 2022 ?

Beaucoup de choses se sont passées pour les pôles de compétitivité en général et pour le pôle Eurobiomed en 2022. L’année dernière a été une année de réflexion stratégique avec en ligne de mire la relabellisation dans le cadre de la phase V des pôles de compétitivité, que nous avons obtenue. Pour Eurobiomed, il nous fallait aussi reposer notre stratégie dans ces années post-Covid et l’inscrire dans le contexte du plan France 2030, qui change la donne dans la santé, avec une enveloppe de 7 milliards d’euros pour le plan innovation santé 2030. C’est un montant tout à fait inégalé, qui ouvre de vraies opportunités.

Avec 80 entreprises accompagnées de manière individuelle, en 2022, Eurobiomed devient un acteur incontournable de l’accompagnement des entreprises, que ce soit sur des sujets d’innovation, mais aussi sur des sujets plus vastes, comme les besoins en fonds privés, les besoins fonciers, les besoins en collaboration. Pour encore mieux accompagner nos adhérents (426, dont 360 entreprises) dans leur croissance, nous avons signé des accords avec des partenaires de l’entreprise, comme le fonds UI Investissement (1,5 milliard d’euros d’actifs sous gestion) ou la société DocCity (cette entreprise développe et propose des lieux pour l’accueil d’entreprises innovantes en santé, NDLR).

Puis, nous avons créé avec trois autres pôles français (BioValley France, Lyonbiopôle Auvergne-Rhône-Alpes, Medicen Paris Région), l’association Enosis Santé, réunissant plus de 1 400 membres. Cette association doit permettre de renforcer les synergies en matière d’accompagnement, de mettre en œuvre un programme commun d’actions à l’Europe et à l’international et des actions d’animations. L’objectif pour la phase V est de ne plus avoir de frontières entre les pôles santé du territoire.

On attend les pôles en matière d’innovation, de collaboration, de levées de fonds, moins sur le sujet du foncier. Pour quelles raisons Eurobiomed s’est-il emparé de ce sujet ?

Nous nous sommes rendu compte que des entreprises de la santé étaient aujourd’hui freinées dans leur développement par manque de foncier pour accueillir leurs salariés. Cela est vrai pour les entreprises endogènes, c’est aussi vrai pour les entreprises qui souhaitent venir en régions Paca ou Occitanie. Selon une étude que nous avons commandée, rien qu’à Marseille, le besoin foncier atteint les 19 000 m². L'entreprise DocCity va nous permettre de débloquer 5 000 m² rapidement. Il s’agira d’un biopole centré sur la recherche et l’innovation pour permettre aux sociétés innovantes de la région de bénéficier d’un lieu urbain entièrement aménagé et propice à leur développement. Il devrait ouvrir à la mi 2024 dans le 9e arrondissement de Marseille.

Comment comptez-vous aller chercher les fonds de France 2030 ?

Pour élaborer notre stratégie en vue de capter les fonds de France 2030, nous avions deux options. Une option prospective de la santé au sens large. Une option plus pragmatique, qui est celle que nous avons retenue : nous allons tout mettre en œuvre pour que nos entreprises et acteurs académiques bénéficient au maximum de ces financements. Nous allons jouer le rôle de courroie de transmission en identifiant les projets et opportunités de France 2030 et toutes les entreprises de notre territoire qui pourront être accompagnées par ce plan.

Quatre projets en santé, en Paca et Occitanie, viennent de décrocher des aides au titre de France 2030.

En effet, nous avons accompagné ou soutenu quatre projets lauréats de France 2030 en 2023. Un biocluster à Marseille pour catalyser le développement d’un écosystème innovant de dimension mondiale dans le domaine de l’immunologie recevra 97 millions d’euros. Trois IHU (instituts hospitalo-universitaires) ont également été retenus : l’IHU RespirERA à Nice tourné vers la recherche sur les maladies respiratoires et le vieillissement recevra 20 millions d’euros, l’IHU Immun4Care, dédié aux maladies auto-immunes à Montpellier recevra également 20 millions d’euros, puis l’IHU HealthAGE, spécialisé dans la gérontologie et le vieillissement à Toulouse recevra 5 millions d’euros.

Ces projets ont un sens sur les territoires et ils consacrent un point de vue que nous avons toujours poussé, à savoir la promotion d’une thématique d’excellence sur chaque territoire donné.

Par ailleurs, sur 100 projets reçus en 2022, nous avons réussi à en faire financer 30 pour un montant total d’investissement de 90 millions d’euros. Nous constatons un vrai retour des grands projets d’innovation grâce à France 2030, mais aussi un soutien accru des collectivités pour tous les sujets liés à la santé.

Quelle est la stratégie d’accompagnement du pôle pour les années à venir ?

Nous avons su créer un réseau d’adhérents fidèles depuis 2009 et aujourd’hui, nous avons décidé de ne pas chercher à tout prix à nous étendre. Nous allons nous focaliser sur l’accompagnement de nos adhérents de manière plus étroite sur des projets innovants d’excellence autour de thématiques prioritaires : la santé numérique, la biothérapie et la bioproduction, les dispositifs médicaux et les maladies infectieuses. Nous avons sur nos territoires de belles entreprises en santé et tout l’enjeu pour nous est de faire émerger des pépites industrielles. Nous nous sommes fixé l’objectif de 10 entreprises de dimension internationale dans les 10 prochaines années. Pour cela, nous allons concentrer nos moyens d’accompagnement sur des entreprises à fort potentiel. Le pôle Eurobiomed continuera aussi d’être présent à l’international, au Japon, aux États-Unis, mais aussi en Afrique. Nous souhaitons que d’ici 5 ans, notre territoire, de Toulouse à Nice, constitue une porte d’entrée européenne pour l’Afrique. Ceci grâce à des partenariats noués avec des acteurs africains en santé.

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