Le soleil printanier contribue à faire grimper le chiffre d’affaires des piscinistes et de leurs fournisseurs. Et le confinement a servi d’accélérateur. C’est le cas pour AS Pool, basé à Spay, au sud du Mans. Ce concepteur et fabricant de volets de sécurité pour piscines avait vendu 4 700 volets en 2015, puis 7 500 en 2018 et 13 700 en 2021, en B to B. Un quart de ces produits sont partis à l’étranger, dans 52 pays (principalement en Allemagne, en Suède, au Portugal). Le chiffre d’affaires suit la courbe : 28 millions d’euros en 2018 et 49,5 millions d’euros l’an dernier. On comptait 79 salariés en 2019, on arrive à 92 aujourd’hui, plus 50 saisonniers en haute saison. Il est prévu 14 recrutements en 2022.
Capacité de production doublée
L’usine va installer pour le 15 mars une nouvelle machine, qui "constituera une rupture technologique", selon Laurent Marchal, le directeur opérationnel. Non seulement, elle va couper les lames, souder, étanchéifier comme aujourd’hui, mais le travail de manutention (approvisionnement et déchargement) va être assuré par deux robots, plutôt que par des opérateurs. "Cela va permettre de doubler notre capacité de production" expose le patron. Un investissement de 1,2 million d’euros.
Mais qui dit activité, dit déchets. "L’usine produit 350 tonnes de déchets par an, dont 120 t sont des chutes de plastique, issu des lames qu’on découpe pour réaliser les volets sur-mesure", décrit Alain Boulier, responsable technique, et chargé Environnement pour le groupe Nextpool. Cette matière est "noble" car neuve et répondant à des normes précises. "Il est dommage que ces chutes partent dans des filières traditionnelles de recyclage, car, par ailleurs, nous n’avons pas le droit de réinjecter des matières rebroyées pour faire fabriquer nos lames".
Ces responsables observent un autre gaspillage : le bois contreplaqué qui constitue le container de livraison du volet. Il mesure environ cinq mètres de long, soit 80 kg de bois, plus de mille tonnes par an. "Nous avons conscience de consommer beaucoup de bois, qui est perdu. Et pour le client, c’est une contrainte, puisqu’il doit le porter en déchetterie" poursuit le directeur.
Ces constats trouvent écho dans un positionnement global de l’entreprise : "Dans le cadre de la RSE, nous appliquons l’éco-conception dès le début des projets, avec l’analyse du cycle de vie. Cette préoccupation est entrée dans notre quotidien", précise Laurent Marchal. "Et nous souhaitons anticiper la réglementation. Pour le bâtiment, il y aura obligation de contribuer à la récupération des produits en fin de vie d’ici 2023", complète Alain Boulier.
Container anti-gaspi
Une solution prend forme : un nouveau container plus écologique et moins gourmand en matière va associer les deux matériaux. Seules quelques planches de bois seront utiles pour donner de la rigidité. Les planches seront reliées par des montants (brides) et des pièces de socle issues du recyclage des chutes. Ces chutes de plastique vont en effet être broyées, recyclées puis usinées dans des moules, pour constituer ces montants. "La solution est tripartite. Les chutes sont rendues au fournisseur de notre fournisseur de lames. On maîtrise la matière initiale et on n’utilise pas d’autre plastique pour faire les pièces. Par ailleurs, les planches démontables pourront être récupérées et utilisées par les clients" exposent les deux cadres. "Les montants seront réutilisables. On étudie la mise en place de consignes".
Ce projet représente un investissement de 200 000 €, et a obtenu 93 000 € de subventions dans le cadre de l’appel à projet Économie Circulaire 2021 de l’Ademe et du Conseil régional. Les premiers essais doivent démarrer en septembre pour une mise en route en 2023.
AS Pool fait partie du groupe Nextpool, implanté à Ecully (Rhône) et composé de six sites (dont un en Allemagne et un autre en Espagne). Pour chaque marque, une spécialité de l’univers des piscines : liners, voiles d’ombrage… AS Pool réunit les volets Abriblue et les systèmes de traitement d’eau Stérilor (d’où les initiales).
