Emmanuel Macron veut déployer plus rapidement les projets de parcs éoliens en mer
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Emmanuel Macron veut déployer plus rapidement les projets de parcs éoliens en mer

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En visite le 22 septembre sur le parc éolien offshore de Saint-Nazaire, premier du genre en France, le Président de la République Emmanuel Macron a rappelé le dur contexte mondial, souligné le retard de la France, promis une planification ainsi qu’une déclinaison de la stratégie énergétique nationale sur les territoires. Avec de fortes ambitions sur l’éolien en mer en particulier.

Emmanuel Macron, en visite sur le parc éolien en mer de Saint-Nazaire le 22 septembre 2022 — Photo : David Pouilloux

La venue d’un président de la République n’est jamais innocente. Emmanuel Macron était à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 22 septembre, pour ce qui ressemblait à un symbole puissant, plus qu’à une visite de fin de chantier. Le chef de l’État, à l’approche de la présentation du projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables, tenait à mettre en lumière le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, premier du genre dans l’Hexagone.

"Plus de dix ans"

Là où d’autres pays comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne comptent 2 500 éoliennes offshore pour le premier, 1 500 pour le second, la France affiche ses 80 premières éoliennes en mer sur le banc de Guérande. Un retard considérable. "Ce parc éolien est opérationnel, mais cela a pris plus de dix ans, a commencé le Président. Si nous étions allés plus vite et plus fort sur l’éolien en mer, nous aurions les 3 gigawatts qui nous manquent pour l’hiver."

L’ambition du président avait été fixée en février 2022, à Belfort. Avec un objectif gravé dans le marbre dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) : construire, d’ici à 2050, au large de nos côtes, 50 parcs éoliens offshore pour une production de 40 gigawatts d’électricité. Soit grosso modo 2 500 éoliennes à installer.

L'éolien en mer ? Une solution qui apparaît évidente, dans un contexte actuel angoissant imposé par la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie, de l’électricité et du gaz en particulier. "Aujourd’hui est un jour heureux, affirme le Président, mais dans un temps d’inquiétude. La guerre a bousculé le modèle européen de politique énergétique". Le chef de l’État dénonce alors "une spéculation folle sur l’énergie". Et d’ajouter : "L’énergie est devenue une arme de guerre et un moyen de manipulation." L’allusion au chantage funeste de Vladimir Poutine n’échappe pas à l’assistance, rassemblée dans la cour de la Sous-Préfecture de Saint-Nazaire, après le tour en mer au milieu des alignements de mats des géantes ailées.

Livrer une bataille sur l’électricité

Mais le président, qui revenait de sa conférence à l’Onu, à New York, ne semblait pas près de baisser les bras : "Nous allons nous battre pour faire baisser le prix du gaz, au niveau de l’Europe. Et nous allons livrer une bataille aussi sur l’électricité, pour que le marché soit plus cohérent." Des actions à même d’envoyer "un message au marché." Emmanuel Macron a conscience que les particuliers, les entreprises et les collectivités sont plongés dans l’inquiétude la plus grande au vu de la montée des prix de l’énergie. "Pour aller plus loin et plus fort, on doit évidemment déployer une stratégie. Elle reposera sur la sobriété, le nucléaire et sur les énergies renouvelables, solaire et éolien en mer en particulier. Trois objectifs sont définis : assurer la souveraineté, décarboner notre énergie pour lutter contre le changement climatique et proposer un coût de l’énergie abordable pour les citoyens."

Mais le chef de l’État lance un rappel à l’ordre. Le premier pilier de sa stratégie énergétique reste bien la sobriété, avec cet objectif immense : "Réduire de 40 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030". Et de souligner en parallèle la nécessité de "produire 40 % d’électricité en plus d’ici à 2050". Enfin, le président a précisé que cela passerait par deux moyens "la planification" et par "la loi". Loi qui vise à "simplifier et accélérer les procédures" pour lutter contre le temps perdu par la masse des recours. L’administration sera mise à contribution.

Planification stratégique et déclinaison territoriale

Emmanuel Macron, en visite sur le parc éolien en mer de Saint-Nazaire — Photo : David Pouilloux

La planification ? Une attente gigantesque du côté des industriels, des producteurs d’électricité et des exploitants de parcs. Tous ont besoin de visibilité pour leur business, savoir où et quand seront construits les prochains parcs. Aujourd’hui, dix parcs éoliens en mer sont en cours de développement (7 très avancés) et 5 autres sont ciblés par le gouvernement, dont celui d’Oléron, de Centre-Manche 2 et de Bretagne-Sud et les deux de Méditerranée. Pas d’annonces tonitruantes pour l’heure, mais une intention.

Pour produire les 100 gigawatts d’énergie renouvelable, via le solaire et l’éolien en mer, le président compte aller "deux fois plus vite", soit réduire de 5 ans le temps d’instruction et d’implantation d’un champ éolien. Sur le solaire, il faudra gagner deux ans.

Autre élément du langage du Chef de l’État : saluer le dynamisme des entreprises de cette nouvelle filière industrielle qu’il a chaleureusement félicitée, et lancer une "déclinaison à l’échelle des territoires", et des régions en particulier, de "la stratégie nationale". Entre les lignes, une invitation claire lancée aux élus locaux qui devront s’emparer du sujet, le porter et l’incarner.

La première concernée, du côté régional, accompagnait Emmanuel Macron, à bord du navire présidentiel, Le Palais. "La visite du Président de la République est une vraie fierté, estime Christelle Morançais, présidente de la Région Pays de la Loire. C’est une reconnaissance du collectif qui s’est monté ici, de notre écosystème de PME qui a réalisé le premier parc éolien en mer français. C’est aussi une vitrine de l’excellence industrielle de notre territoire et des emplois qui en découlent. Dans le contexte actuel, cela fait aussi beaucoup écho à la volonté de construire notre souveraineté énergétique. Par ailleurs, cette filière est importante en Pays de la Loire et permet de l’identifier."

De nouveaux parcs pour les Pays de la Loire

Parc éolien en mer de Saint-Nazaire. 80 éoliennes et une sous-station électrique qui envoie le courant à 225 000 volts en direction du continent — Photo : David Pouilloux

La suite ? Christelle Morançais se veut volontariste. "Il faut aller plus loin, ne pas s’arrêter à ce parc, poursuit la présidente de Région. Le président a fixé l’objectif de 50 parcs éoliens en mer pour notre pays, et lancé la déclinaison sur les territoires. Je m’inscris pleinement dans cette dynamique. Nous n’avons d’ailleurs pas le choix, car les enjeux sont colossaux. Il faut lancer la concertation, expliquer les enjeux, et préparer les emplois de demain."

Après celui de Saint-Nazaire et celui d’Yeu-Noirmoutier ? "Je vais m’atteler à ce que, dans la région Pays de la Loire, on puisse en avoir d’autres", conclut la présidente. Une ambition qui apportera du baume au cœur aux industriels locaux, qui ont participé activement à la construction des éoliennes et des sous-stations électriques.

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, était aussi du voyage. "Nous sommes à quelques jours du projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables, et cette visite est une démonstration des savoir-faire de nos industriels, aussi bien sur nos territoires qu’en Europe, où les entreprises françaises sont présentes. Le sujet est de savoir comment on accélère les projets pour que cette filière, promise à un bel avenir, puisse conserver ces savoir-faire, les amplifier, et augmenter les investissements", a commenté l’ex-maire d’Angers.

Se retrouver autour d’une ambition

Comment la loi en préparation pourra-t-elle aider à accélérer ? "Le projet de loi présenté le 26 septembre présente un ensemble de mesures, qui permettra de savoir comment gagner du temps, sans s’asseoir sur des procédures environnementales, indique Christophe Béchu. Nous mettons en moyenne deux fois plus de temps que nos voisins pour sortir un projet d’énergies renouvelables, et ça, ce n’est pas une bonne nouvelle pour nos industriels et nos citoyens. Car on retarde le moment où l’on sort du fossile, alors que l’on a un enjeu climatique crucial et un enjeu budgétaire qui l’est tout autant. Le texte, qui passera au Sénat puis à l’Assemblée nationale, est équilibré, et tous ceux qui sont attachés à la souveraineté de notre pays et qui défendent les emplois que cela génère devraient se retrouver autour des ambitions de ce texte." Une majorité à conquérir, un effort parlementaire qui demandera sans aucun doute beaucoup d’énergie et du souffle.

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