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Elections européennes : les propositions du Medef pour l’Europe
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Elections européennes : les propositions du Medef pour l’Europe

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En vue des élections européennes du 9 juin prochain, le Medef a formulé plusieurs propositions "pour une Europe qui entreprend". Des 30 propositions qui sont le fruit de ses échanges avec ses homologues européens, avec l’association BusinessEurope et des attentes des 1 200 chefs d’entreprise et des fédérations professionnelles récoltées lors de son Tour de France.

Patrick Martin, président du Medef : "L’Europe, que beaucoup présentent comme un problème, est en réalité une solution" — Photo : SIPA - ROMUALD MEIGNEUX

Le Mouvement des entreprises de France se dit "viscéralement" pro-européen : "Nous avons foi dans l’Europe. Nous sommes chaque jour un peu plus pro Europe", a martelé son président Patrick Martin. "L’Europe, que beaucoup présentent comme un problème, est en réalité une solution. C’est un support, un vecteur, un levier extraordinaire pour lever les nombreux défis auxquels sont confrontés les chefs d’entreprise".

L’urgence d’un "choc de simplification"

À la veille des élections européennes, l’organisation patronale a formulé 30 propositions pour apporter une vision et une aspiration pour "réorienter" l’Europe. Des propositions qui ont été regroupées dans huit défis jugés urgents. Premier d’entre eux, un "choc de simplification", qui se traduit par plusieurs mesures, telles que l’élaboration d’un plan global d’allègement des réglementations applicables aux entreprises. Le Medef pointe du doigt "une dérive en termes de charges normatives".

Selon le syndicat patronal, l’Europe a généré 5 000 pages de textes en plus et 850 nouvelles obligations pour les entreprises entre 2017 et 2022. Vice-président du Medef en charge de l’Europe, Fabrice Le Saché déplore que les chefs d’entreprise se soient transformés en "agents administratifs", qu'ils perdent du temps, voire qu’ils soient parfois "empêchés" de nouer des marchés.

Autre mesure plébiscitée sur cette thématique, la systématisation des tests PME, qui commencent à être expérimentés en France. Ces dispositifs mesurant l’impact des réglementations et des lois pour les entreprises sont pour l’heure "mal appliqués" ou du moins "pas suffisamment", poursuit Fabrice Le Saché.

Un "Buy european act"

Deuxième thème, "l’Europe de la production", soit une réindustrialisation, et au sens large, une politique favorable à la production dans tous les secteurs. Concrètement, cela passe par le "Buy european act" pour soutenir les produits fabriqués en Europe et par la création d’un "fonds souverain européen au service des technologies stratégiques". Celui-ci représenterait 10 % du budget annuel de l’UE, soit aujourd’hui 12 milliards d’euros. Mais l’objectif est bien d’engendrer, par effet de levier, jusqu’à 200 milliards d’euros d’investissements privés, chiffre le Medef.

Le Medef plaide pour la neutralité technologique

Autre défi, "la transition vers une économie plus durable", avec l’adoption d’une directive bas carbone pour sanctuariser la complémentarité des solutions technologiques, ou autrement dit, la neutralité technologique. "Ce n’est pas à la commission de choisir quel chemin technologique il faut emprunter. Il faut laisser la capacité aux entreprises de pouvoir le faire", estime Fabrice Le Saché.

Et Patrick Martin de déplorer lui aussi le "micro management des institutions européennes" qui veulent "tout gérer dans les moindres détails" pour déterminer les technologies pertinentes. "Cela nous paraît dangereux et malsain", assène-t-il.

Mieux flécher l’épargne des européens vers les entreprises

Autre axe, le développement du financement des entreprises. Cela passe par la revitalisation du marché de capitaux, à la fois "pour débloquer des capacités de financement de crédits bancaires et avoir une industrie financière plus compétitive", indique le vice-président du Medef. Objectif, répondre au double enjeu de "mieux flécher l’épargne européenne vers les entreprises européennes" et "d’avoir la capacité d’attirer des capitaux extra-européens en Europe".

"La prospérité économique de l’Europe est la condition de la réussite de l’Europe"

Si en 2010, l’économie de la zone euro rivalisait avec celles des États-Unis, aujourd’hui le PIB de la zone euro – 16 000 milliards de dollars – ne représente plus que 57 % de son homologue américain et place l’Europe au troisième rang derrière les États-Unis et la Chine. Alertant sur "le décrochage" qui s’amplifie entre l’Europe et le reste du monde, et notamment les États-Unis, Patrick Martin plaide pour que l’UE prenne conscience de ses forces et se projette dans l’avenir pour rester dans la compétition. Il appelle de ses vœux à une "Europe puissante, visionnaire et beaucoup plus stratège". Déplorant que la tendance de l’Europe "à ne pas anticiper ou à réagir à ce que font nos compétiteurs" et ait perdu de vue au fil du temps son origine économique, le président du Medef se dit "convaincu que la prospérité économique de l’Europe est la condition de la réussite de l’Europe".

La France étant dans "l’incapacité de faire face seule à l’intensité de la compétition économique et commerciale internationale" et l’Europe constituant "le premier marché mondial" pour la France avec 60 % des exportations françaises réalisées au sein du bloc UE, le Medef souhaite se focaliser sur le sujet. Eu égard aux tensions géopolitiques aux frontières de l’Europe qui impactent sa situation économique et aux "tensions économiques et commerciales qui s’exacerbent à la surface de la planète, il est important que nos décideurs européens prennent mieux en compte cette situation qui ne se calmera probablement pas dans les prochains mois ou dans les prochaines années".

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