Vous travaillez au déploiement d’une nouvelle offre de béton à empreinte carbone réduite. Où en êtes-vous ?
Je rappelle qu’Edycem (350 salariés, 138 M€ de CA) est la branche béton du groupe Herige. Nous exerçons trois activités : la production de produits préfabriqués dans notre usine de Montaigu, en Vendée, la production de bétons prêts à l’emploi sur nos 36 sites dans l’ouest de la France et le recyclage d’inertes sur notre plateforme de Mérignac, en Gironde. Dans le cadre de la feuille de route du groupe Herige pour une croissance profitable et durable, nous travaillons depuis plusieurs années sur une nouvelle gamme de bétons à empreinte carbone réduite, baptisée Vitaliss. Celle-ci a progressivement évolué vers une démarche globale impactant l’ensemble de nos bétons prêts-à-l’emploi. En 2030, nous avons pour ambition que 90 % des bétons que nous commercialisons aient une empreinte carbone réduite et, même, que 40 % d’entre eux répondent au score A ou A +. Ce qui correspond à un poids carbone divisé par deux. Nous avons, en effet, mis au point une échelle de scoring de nos bétons, le Vitascore qui, sur le principe du Nutriscore, classe nos bétons en 6 catégories allant de E à A +, en fonction de leur niveau de décarbonation.
Ces bétons coûtent-ils plus cher ?
Nous avons fait le choix de rendre accessible notre offre de béton à empreinte carbone réduite, en proposant notre béton Vitaliss de catégorie C au même prix que les bétons traditionnels, alors que son taux de CO2 est inférieur de 20 à 30 %. Cela signifie que nous ne faisons pas de marge additionnelle sur ce produit. Nous sommes les premiers en France à afficher ce type de démarche. Nous pourrons ainsi progressivement proposer à nos clients des réductions de carbone supplémentaires en accord avec les futurs paliers de la RE 2020. Pour aller chercher plus de réduction carbone, nous avons poussé loin le curseur de l’innovation. Cela s’est fait notamment à travers notre chaire avec l’École Centrale de Nantes (ECN) qui nous permet de faire travailler une dizaine d’étudiants sur les bétons du futur. Les trois quarts de nos projets de recherche portent sur la réduction de l’empreinte carbone de nos bétons.
Cette stratégie s’accompagne-t-elle d’investissements ?
Oui, la mise en place de ces alternatives moins carbonées s’accompagne d’un plan d’investissement. Nous avons ainsi investi dans 7 silos supplémentaires, de 80 à 100 tonnes chacun, pour stocker les liants nécessaires à la production de ces nouveaux bétons et offrir du choix à nos clients. Des matériels sophistiqués représentant une enveloppe de plusieurs centaines de milliers d’euros arrivent pour équiper notre laboratoire. Nous avons réceptionné, en septembre 2022, notre nouveau siège entièrement réalisé en béton Vitaliss : il nous sert de vitrine. Il abrite, par ailleurs, un laboratoire où sont développés les nouveaux bétons. En partenariat avec l’ECN, nous travaillons sur les technologies de l’intelligence artificielle pour prédire la qualité et la tenue de ces bétons dans la durée. Nous avons également créé le dispositif La Fabriq by Ediycem pour favoriser les échanges avec les clients, les prescripteurs, les bureaux d’études et, ainsi, faire émerger des idées, expérimenter des solutions innovantes, établir des partenariats pour coconstruire les solutions de demain. Enfin, l’ensemble de nos collaborateurs a été formé à la démarche Vitaliss et à la fresque du climat. Cela donne du sens à la stratégie de groupe et contribue à notre attractivité pour attirer de jeunes collaborateurs.
