Vendée
Benoît Hennaut (groupe Herige) : "Nous investissons massivement dans la data et l’intelligence artificielle"
Interview Vendée # BTP # ETI

Benoît Hennaut président du directoire du groupe Herige "Nous investissons massivement dans la data et l’intelligence artificielle"

S'abonner

Trois ans après son arrivée à la présidence du directoire du groupe vendéen Herige (3 000 salariés, 793 M€ de CA), Benoît Hennaut dévoile sa stratégie de croissance. Dans un contexte compliqué pour le bâtiment, l’ETI, active dans l’industrie du béton, la menuiserie industrielle et le négoce de matériaux, fait de l’économie circulaire et de la data les piliers de son développement à venir.

Benoît Hennaut, Président du directoire du groupe vendéen Herige — Photo : Matthieu Engelen

Entre inflation et hausse des taux, la conjoncture est moins favorable pour le bâtiment. Comment le groupe Herige se positionne-t-il ?

Effectivement, nous évoluons sur un marché qui traverse de fortes turbulences. Ce qui va nous imposer de gigantesques transformations en interne pour nous adapter à la nouvelle donne. Celle-ci se caractérise par un marché de la construction en fort repli (- 23 % de logements autorisés à fin juillet). Le marché des travaux publics se consolide et devrait profiter du cycle électoral. Enfin, et c’est le point positif, les marchés de la rénovation, notamment énergétique, de la réhabilitation des friches et de ce que l’on appelle "la France moche" vont offrir d’énormes opportunités dans les vingt ans à venir. Cela exige que nous positionnions bien nos activités pour nous en emparer et répondre aux enjeux énergétiques et de décarbonation.

Quelles répercussions cela aura-t-il sur vos différents métiers ?

Notre feuille de route est claire. Nous avons l’ambition de faire d’Atlantem, notre activité de menuiserie, un acteur industriel de référence en neuf et en rénovation. Cela passera par de nouvelles croissances externes et un développement sur les marchés des logements sociaux et collectifs, dans une logique de conquête. Même état d’esprit offensif pour Edycem. Nous souhaitons continuer à capitaliser sur l’innovation pour créer de nouvelles gammes et nous différencier de la concurrence avec des produits décarbonés. Concernant notre activité de négoce sous l’enseigne VM Matériaux, il s’agit de se positionner sur des produits autour de l’efficacité énergétique.

En ligne avec la stratégie RSE du groupe, VM Matériaux a fait l’acquisition d’un camion BioGNV — Photo : HERIGE

En termes d’organisation, quels sont les leviers de votre transformation pour vous adapter à la nouvelle donne ?

Nous avons mis depuis plusieurs années la RSE au cœur de notre stratégie, en nous adossant à une trajectoire climatique validée par l’initiative Science Based Targets (SBTi). Celle-ci vise à atteindre des émissions nettes nulles avant 2050, afin de limiter à 1,5 degré le réchauffement climatique. Nous sommes la première ETI française de notre filière certifiée par le SBTi. Nous nous sommes ainsi engagés à réduire de 42 %, d’ici 2030, nos émissions de gaz à effet de serre directement liées à nos consommations d’énergie (scopes 1 et 2). Et nous mettons en place des mesures permettant de couvrir 67 % des émissions indirectes provenant de notre chaîne de valeur (scope 3). La RSE irrigue tous les secteurs de l’entreprise : les financements, avec 100 % d’emprunts verts en 2023, la gouvernance avec des rémunérations et des politiques d’intéressement fondées sur les critères RSE, la formation avec l’intégration des enjeux RSE dans le cursus de notre Herige Académie

Cette orientation RSE modifie-t-elle également votre offre ?

Oui, nécessairement. Nous allons continuer à déployer nos solutions bas-carbone à travers l’activité Edycem et sa démarche Vitaliss. L’objectif est d’atteindre, en 2030, la commercialisation de 90 % de bétons à empreinte carbone réduire, dont 40 % de score A et A + sur l’échelle développée par Edycem. Ce qui correspond à une empreinte réduite de moitié. Pour réaliser cet objectif, nous avons fait le choix de rendre accessible notre offre de béton à empreinte carbone réduite, en proposant notre béton Vitaliss de catégorie C au même prix que les bétons traditionnels, alors que son taux de CO2 est inférieur de 20 à 30 %. Cette stratégie porte ses fruits : fin août 2023, un béton sur deux vendu est issu de la gamme Vitaliss. Et d’autres développements sont en cours via la chaire de recherche que nous avons établie avec l’École Centrale de Nantes. En ce qui concerne Atlantem, le défi que nous souhaitons relever est d’augmenter la part de matières recyclées dans le process de fabrication des menuiseries, pour la porter de 15 % actuellement jusqu’à 35 % selon les gammes à l’horizon 2025.

Edycem, branche béton du groupe Herige, exploite 36 centrales à béton en France — Photo : Groupe Herige

Cela signifie que vous vous inscrivez dans une logique d’économie circulaire ?

Tout à fait, nous voulons penser les déchets comme de nouvelles ressources et accélérer dans cette voie en mode business. Herige prend ainsi le parti de remonter dans la chaîne de valeur, via des acquisitions comme la plateforme de granulats recyclés de Mérignac. C’est un nouveau métier qui s’ouvre pour Edycem. Il se concrétisera avec le lancement de "Circuit + by Edycem". Cette démarche d’économie circulaire en circuit court se déploie sur les trois activités d’Edycem : la fabrication de béton prêt à l’emploi, la préfabrication et sur la plateforme de recyclage de Mérignac. L’ensemble de la gamme de blocs "classiques" intègre désormais 10 % de granulats récupérés, issus exclusivement des rebuts de production d’Edycem et sans surcoût pour le client. Nous travaillons avec des partenaires pour créer des écosystèmes, remplaçant les déchets par des matériaux reconditionnés.

Vous prévoyez également d’investir de façon importante dans la data et l’intelligence artificielle ?

Oui, nous voulons faire de la data et de l’intelligence artificielle un levier majeur de notre transformation, en connectant tous les flux d’information au sein de notre organisation. C’est un vrai changement de culture pour le groupe, qui passe par des investissements massifs. Je n’en préciserai pas le montant. Mais l’intelligence artificielle représente 30 à 35 % de l’enveloppe globale de nos investissements. Notre ambition est d’intégrer la donnée comme un produit du groupe pour devenir une entreprise "centrée données". Nous voulons valoriser la donnée dans le pilotage de la performance interne du groupe, que ce soit dans ses dimensions commerciales, de production, RH, RSE… Nous avons ainsi identifié plus de 30 cas d’usage communs sur l’ensemble des métiers.

Vendée # BTP # ETI # RSE # Innovation # Transition numérique
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise HERIGE