Des start-up bretilliennes touchées par la crise de financement mais pas coulées
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Des start-up bretilliennes touchées par la crise de financement mais pas coulées

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Le Poool vient de livrer les résultats d’une première enquête sur la santé des start-up d’Ille-et-Vilaine. 400 entreprises ont été interrogées. Elles font part d’une situation "fragile" pour la moitié d’entre elles, tout en se montrant optimistes pour l’avenir.

Malgré la crise économique, Le Poool (Daniel Gergès, son DG, à gauche) a accompagné la création de 34 entreprises innovantes en 2023 en Ille-et-Vilaine. Parmi elles, Orsec Technologies (David Legeay, cofondateur, à droite) — Photo : Baptiste Coupin

Elles s’appellent Sekoia, Sweetch Energy et Check & Visit. Ces trois start-up bretilliennes ont su séduire les investisseurs en 2023 en captant plus la moitié des 119 millions d’euros dévolus aux PME innovantes d’Ille-et-Vilaine en 2023, selon le comptage du Poool (association au service des start-up et entreprises technologiques innovantes d’Ille-et-Vilaine, NDLR).

Trois jeunes pousses qui cachent la forêt car pour le gros du bataillon des start-up, la situation économique se tend. La période où l’argent coulait à flots est révolue. La société de Cesson-Sévigné Acklio en sait quelque chose. En manque de liquidités, le spécialiste de l’internet des objets créé en 2016 a vu son aventure stoppée net. Son savoir-faire a été récupéré par le costarmoricain Actility qui a racheté l’affaire à la barre du tribunal de commerce de Rennes, à l’été 2023. Tout récemment, c’est l’entreprise d’électronique rennaise OneWave (20 collaborateurs), spécialisée dans la sécurisation hardware, qui vient de rendre les armes. "Plusieurs bridges financiers (quatre levées de fonds en tout, NDLR) ont été réalisés mais les décalages et retards de financements successifs ont compromis notre stabilité financière et la bonne marche de la société, notamment industrielle", rend compte la PME sur son site internet.

Des porteurs de projet réunis à Rennes, le 20 février 2024 à la Matinale des créateurs — Photo : Rivacom

"Les règles du jeu sur le financement ont changé. Les entreprises doivent d’abord vendre, prouver la valeur de leur technologie et savoir se projeter sur un horizon de rentabilité. C’est ce que regardent aujourd’hui les investisseurs", analyse Daniel Gergès, directeur général du Poool.

Une enquête inédite sur la santé des start-up

Plongé dans le quotidien de l’écosystème des entreprises innovantes depuis des décennies (le Poool est né d’un mariage entre la technopole Rennes Atalante et la French Tech Rennes Saint-Malo), le réseau vient de livrer une enquête inédite sur la santé des start-up d’Ille-et-Vilaine. Elle a interrogé 400 entreprises évoluant dans différents domaines d’activité (santé, énergie, services, cybersécurité…). Son objectif : comprendre leur état d’esprit, leurs profils, leurs priorités et leurs engagements. L’association en a livré les principaux enseignements à l’occasion de la Matinale des créateurs qui s’est tenue le 20 février à Rennes à la halle de la Brasserie. Si 6 entreprises sur 10 déclarent être en croissance, elles sont une sur deux à faire état d’une santé financière "fragile". Ce chiffre monte à 59 % pour les start-up créées après 2020. En 2024, leurs principaux enjeux sont le développement commercial et le financement, suivis de près par le recrutement.

Une dynamique de création d’entreprises importante

Il n’y a pas de fatalisme. Le territoire de Rennes Saint-Malo, labellisé Capitale French Tech depuis 2014, compte parmi les écosystèmes du numérique phares en France et la dynamique de créations reste importante. 34 entreprises innovantes ont ainsi vu le jour en 2023 avec l’accompagnement du Poool.

Parmi elles figure la SAS rennaise Orsec Technologies (5 salariés), éditeur et concepteur de solutions en cybersécurité. Malgré la crise, son cofondateur David Legeay est optimiste : "Chaque époque a ses difficultés. Crise, guerre… En fin de compte, il faut savoir répondre à un besoin d’entreprise. Or, apporter des technologies de renseignement aujourd’hui aux entreprises est essentiel, parce que les attaques sont de plus en plus sophistiquées. Nous sommes confiants sur notre proposition de valeur". À Rennes toujours, Sollys (3 associés), producteur de centrales solaires thermiques à concentration, a vu le jour en avril 2023. Adressant les industriels de l’agroalimentaire, la start-up positive également. "Nous sommes sur un sujet porteur, et qui va s’accélérer. Nous sommes avant-gardistes dans notre domaine et avons anticipé les choses. Le fait que l’État soutienne la filière via le Fonds chaleur nous conforte dans notre projet", informe Pierre-Louis Lee, président de la TPE. Souhaitant réunir plus de un million d’euros avant la fin de l’année à l’occasion d’une première levée de fonds, Sollys envisage de lancer trois centrales en France embarquant sa technologie, dans les deux ans qui viennent.

Selon l’étude du Poool, 86 % des jeunes pousses se déclarent confiantes pour les années à venir, notamment grâce à un marché porteur. L’optimisme, voilà l’élément de traction qui leur sera sans doute primordial pour relever les défis à venir.

Rennes Ille-et-Vilaine # Informatique # Levée de fonds # Conjoncture # Innovation