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Coronavirus : Le second confinement de Christophe Guicheteau
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Coronavirus : Le second confinement de Christophe Guicheteau

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Christophe Guicheteau en est à son deuxième confinement. L'entrepreneur a vécu il y a trois ans une première période d'isolement suite à la défaillance de Mon caviste à la maison, une PME angevine qu'il avait fondée quelques années plus tôt. Alors, quel est le plus dur a affronter : l'échec entrepreneurial ou l'épidémie de coronavirus ?

Trois ans après l'échec de Mon caviste à la maison, Christophe Guicheteau vit un nouveau confinement à l'issue duquel il espère voir naître de nouveaux modèles basés, sur l'intelligence collaborative — Photo : Christophe Guicheteau

Après la liquidation de Mon Caviste à la maison, une PME qu’il avait créé en 2012, Christophe Guicheteau, avait vécu deux mois de solitude et d’introspection, début 2017, oscillant alors entre l’amertume et la volonté farouche de repartir vers une autre aventure. Trois ans plus tard, devenu consultant en mécénat, initiateur aussi de l’antenne angevine de l’association 60 000 Rebonds, qui accompagne des dirigeants ayant connu la liquidation dans un nouveau projet professionnel, il parle de la période actuelle comme de son « second confinement ».

« À l’époque, j’étais coupé de tout »

Après avoir créé, en 2012, Mon caviste à la maison, un concept de vente en réunion de vins à domicile, Christophe Guicheteau a connu la liquidation de ses sociétés en septembre 2016. Plus de 20 salariés, des vendeurs indépendants dans toute la France, et des projets… Puis une machine qui s’enraye, les déboires et pépins en cascade menant à une fatale liquidation judiciaire. Et avec elle, son lot de « dégâts collatéraux » : expulsion, absence de revenu, RSA…

« Quand on perd sa boîte, on sort des écrans radars. Actuellement, personne n’est sorti de ces écrans et on est tous connectés les uns aux autres »

« Les réseaux aussi se coupent puisque l’on n’a plus le statut de dirigeant, confiait-il il y a quelques mois, et ça, c’est une claque supplémentaire ! Si les amis sont là, la solitude veille quand même et on peut facilement plonger avec un profond sentiment de honte et la sensation d’être un loser. »

En janvier et février 2017, Christophe Guicheteau vit une période de huit semaines d’isolement difficile mais pour lui salutaire. Un premier confinement vécu très différemment de celui imposé par la crise sanitaire. « Quand on perd sa boîte, on sort des écrans radars, explique-t-il. Actuellement, personne n’est sorti de ces écrans et on est tous connectés les uns aux autres, alors qu’à l’époque j’étais coupé de tout. »

Un premier confinement plus difficile

Il y a trois ans, les deux mois d’introspection de Christophe Guicheteau n’ont pas tout résolu, mais ils ont été salutaires pour l’ancien dirigeant. Huit semaines pour commencer à se reconstruire peu à peu, à accepter le nécessaire pas de côté pour regarder l’avenir autrement. Comme une retraite personnelle et méditative, à la fois choisie et contrainte, tant de portes s’étant soudainement fermées.

Le terme de « confinement », l’un des plus utilisés en France depuis deux mois, Christophe Guicheteau ne le prononçait pas non plus pour évoquer cette période qu’il avait vécue, coupé de tout, beaucoup plus difficilement : « J’éprouvais un sentiment d’isolement, avec un regard négatif que je portais sur moi et culpabilité. Ce confinement était beaucoup plus difficile. Mais j’étais déjà dans ce même état d’esprit qu’aujourd’hui, où je me demande en quoi l’énergie que je déploie peut servir l’intérêt général. »

Pour trouver des réponses à ce questionnement, depuis le 17 mars, l’ancien dirigeant travaille en visioconférence ou en rendez-vous téléphonique, participe à des forums ou des webinaires… « J’en profite pour m’améliorer ma base de données de prospects, mon offre commerciale et mes supports, pour me former. Je regarde de près tout ce qui a trait à la transition écologique et à mon métier. Il y a un élan fantastique en termes d’initiatives et de mise en œuvre de l’intérêt général, et j’espère qu’il en restera quelque chose. »

Un nouveau regard sur l’échec

Pendant son premier confinement, Christophe Guicheteau avait croisé la route de l’association 60 000 Rebonds, qui aide les entrepreneurs à repartir vers un nouveau projet professionnel après un échec. Un accompagnement qui l’a aidé à reprendre pied, et dans lequel il s’est engagé ensuite, lançant une antenne de l’association en Maine-et-Loire fin 2019 et y consacrant une à deux demi-journées par semaine. « J’ai reçu, donc je donne, confiait-il il y a quelques mois. Sans ce soutien, j’aurais eu beaucoup plus de difficultés à me reconstruire. »

Depuis le début de la crise sanitaire et économique qui fragilise nombre d’entreprises, cet engagement prend pour Christophe Guicheteau un sens encore plus fort. : « Malheureusement, même si personne ne le souhaite, il y aura sans doute plus de casse qu’en période normale. Or, on ne s’interroge jamais sur toutes les raisons qui ont amené à une liquidation. C’est souvent un tas de facteurs qui s’additionnent jusqu’à la goutte qui fait déborder le vase et renverse tout. Demain, si des gens venaient à mordre la poussière, ce sera pour des raisons exogènes à leur entreprise. Cette crise va certainement atténuer la stigmatisation et faire changer le regard sur l’échec en France. »

Christophe Guicheteau craint comme beaucoup que certaines entreprises ne se relèvent pas à l’issue de cette période très tourmentée, dans quelques mois ou dans les années à venir. Mais l’ancien dirigeant de Mon caviste à la maison espère aussi que de cette crise naîtront d’autres modes de fonctionnement, avec une réorientation vers de nouvelles priorités. Il trouve en ce sens la période « inspirante », qui pourrait bien faire évoluer notre système. « L’esprit collaboratif va probablement en sortir renforcé, se dit-il convaincu. Des mutations étaient déjà là, elles vont sans doute s’accélérer après la crise. La part de gens qui vont vouloir travailler ensemble va augmenter, et on va s’entraider pour emmener tout le monde en laissant le moins de personnes possible sur le bord de la route. La volonté que chacun y mettra permettra les plus grands changements. »

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