Bas-Rhin
Coronavirus - Bürkert : « L’épisode de grippe H1N1 en 2009 nous a préparés pour cette crise »
Interview Bas-Rhin # Industrie

Patrick Reimeringer directeur général de Bürkert France Coronavirus - Bürkert : « L’épisode de grippe H1N1 en 2009 nous a préparés pour cette crise »

S'abonner

Le groupe Bürkert produit des composants nécessaires à la régulation des fluides. Pour fournir ses clients, notamment les industries médicales, la filiale française de ce groupe allemand a poursuivi son activité dès le début du confinement sur son site de Triembach-au-Val, dans le Bas-Rhin.

— Photo : © DR

Le Journal des Entreprises : Bürkert France (CA 2019 : 62 M€ ; 250 collaborateurs), filiale du groupe familial allemand (CA 2019 : 550 M€ ; 3 000 collaborateurs), produit à Triembach-au-Val (Bas-Rhin) des composants nécessaires à la régulation des fluides. Le site que vous dirigez est resté ouvert depuis le confinement. De quelle manière l’activité est-elle organisée ?

Patrick Reimeringer : Le site de Triembach-au-Val héberge à la fois la direction commerciale française de Bürkert et son site de production. Nous y fabriquons des accessoires nécessaires à la régulation des fluides dans quatre secteurs principaux, pour l’hygiène dans la pharmaceutique et l’agroalimentaire, pour le traitement des eaux, pour le médical ou encore dans le domaine des gaz. Par exemple, nous retrouvons nos composants dans les appareils qui servent à remplir un sachet, à former un vaccin en verre ou encore à contrôler des fluides gazeux ou liquides. En cette période de crise sanitaire, nous nous devions d’autant plus d’assurer la production puisque nos produits ont notamment des usages dans le monde médical. 150 de nos salariés sont en télétravail et la production est assurée par une soixantaine de personnes, contre 100 en temps normal. Le site, d’une superficie de 10 000 m², est fractionné et nous travaillons en petites équipes de trois à six personnes et les services sont scindés en deux. L’usine est morcelée pour éviter les risques de propagation du virus. Si un des collaborateurs est suspecté d’être malade, il est envoyé en quarantaine, ainsi que son équipe proche par précaution.

Quelles ressources avez-vous mises à profit pour faire face à la situation ?

Patrick Reimeringer : Même si celui-ci n’a pas eu la même portée, l’épisode de grippe H1N1 en 2009 nous a beaucoup préparés pour appliquer des mesures sanitaires. De plus, suite à la crise financière de 2008, nous avons mis en place un compte heure pour chaque salarié. Ce qui nous a permis, jusqu’à présent, de ne pas activer le chômage partiel. Au-delà de ces mesures, c’est la vision du groupe qui nous permet d’anticiper et d’agir. Bürkert a une culture de l’innovation et nous développons et lançons régulièrement de nouveaux produits pour aller aux devants des demandes du marché. Nous sommes habitués à anticiper. Par ailleurs, nous investissons dans des machines programmables à distance. Ce qui représente 10 à 15 % de budget supplémentaire mais c’est une vision à long terme et cette fonctionnalité est utile dans ce contexte. Avec cette logique en tête, nous sommes bien préparés et nous cultivons aussi la culture de la confiance et de l’engagement entre le groupe et ses filiales. Enfin, nous avons également été bien accompagnés par l'UIMM, l'Union des industries et métiers de la métallurgie, qui a fourni une liste des points à valider pour sécuriser les sites.

Avez-vous tout de même rencontré des difficultés pour maintenir l’activité ?

Patrick Reimeringer : La réorganisation du site et de notre façon de fonctionner n’a pas eu d’impact sur l’activité car, pour pallier l’absentéisme, pour garde d’enfants par exemple, nous avons réaffecté le personnel présent à la production. Au début du confinement, nous avons en revanche dû faire face à la fermeture de nos fournisseurs qui ont pris cette décision sans nous avoir avertis. De même, nous devons justifier auprès des transporteurs, à la fois pour nous faire livrer en matière première mais également pour livrer nos clients, que notre activité est nécessaire aux industries de la santé notamment. Pour ce faire, nous avons adressé des courriers administratifs pour prouver nos applications dans la fabrication de vaccins, de respirateurs, de médicaments etc. Nous avons ainsi observé un certain effet de panique en France au moment du confinement alors que nos fournisseurs italiens sont restés ouverts par exemple.

Que pouvez-vous déjà retenir de la situation ?

Patrick Reimeringer : Nous parvenons à assurer un taux de service de l’ordre de 90 % quand celui-ci est de 97 à 98 % habituellement. C’est-à-dire que nous livrons 90 % des commandes comme prévu avec, en moyenne, un retard de deux jours. Cependant, un des éléments à retenir de cette crise sera peut-être d’intégrer des situations spécifiques dans nos contrats avec nos fournisseurs. Notre plan de formation pourra également être réorienté vers des modules consacrés au management d’équipes à distance ou encore à la gestion de l’imprévu.

Bas-Rhin # Industrie