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Comment Pharma and Beauty s'est construit en sauvant des entreprises en difficulté
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Comment Pharma and Beauty s'est construit en sauvant des entreprises en difficulté

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L’aventure entrepreneuriale, démarrée en 2012 par Laurent Dodet et Jean-Marie Total et baptisée Pharma and Beauty, a permis de sauver quatre entreprises françaises et 220 emplois. À force d’investissements et d’innovations, les dirigeants ont bâti un groupe qui réalise en marque blanche une large gamme de produits cosmétiques, dispositifs médicaux et compléments alimentaires. Il est passé de 2 M€ à 65 M€ de chiffre d’affaires et vise désormais les 500 M€ d’ici 6 à 8 ans.

Pharma and Beauty a repris l'entreprise Evaliance, implantée à Signes et ses 80 salariés en fin d'année 2017 — Photo : DR

En 2012, Laurent Dodet pose les jalons du groupe Pharma and Beauty (P & B), en reprenant, à la barre du tribunal de commerce de Marseille, une entreprise du monde de la cosmétique installée à Saint-Chamas, dans les Bouches-du-Rhône. Elle employait alors 25 personnes pour un chiffre d’affaires de 2 M€. Aujourd’hui, cette société est profitable, emploie 180 personnes et a triplé sa surface de production. Mais Laurent Dodet, associé à Jean-Marie Total, ne s’est pas arrêté en si bon chemin…

Quatre acquisitions d'entreprises en difficulté

Sa première acquisition a été rejointe par trois autres : CentrePharma, à Nevers, en Bourgogne, fabrique des produits liquides pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique ; les Laboratoires Richard, près de Montélimar, dans la Drôme, ont développé une gamme de compléments alimentaires ; Evaliance, à Signes, dans le Var, fabrique des produits cosmétiques à façon.

Toutes ces entreprises, sauvées de la liquidation, forment aujourd’hui un groupe de 380 personnes, qui réalise un chiffre d’affaires de 65 M€. « Mes deux premières acquisitions, à Saint-Chamas et Nevers, sont désormais profitables. Les deux suivantes, plus récentes, devraient être à l’équilibre l’année prochaine », confie Laurent Dodet, précisant que ce dont il est le plus fier, c’est d’avoir sauvé 220 emplois.

Des savoir-faire français sauvegardés

Pour remettre à flot ces entreprises, le dirigeant a réalisé des investissements importants dans les infrastructures, les outils de production, l’environnement, mais aussi et surtout, dans les hommes. « Pour réussir, l’humain doit être central au projet et je donne aux cadres la capacité de travailler comme des entrepreneurs. » À titre d’exemple, il a investi 2,5 millions d’euros dans la modernisation de l’outil de production des laboratoires Richard, près de Montélimar. Et chez Evaliance, le dirigeant a réalisé les premiers investissements de l’entreprise depuis huit ans.

« Quand on reprend des entreprises en difficulté, on ne peut souvent compter que sur soi-même. »

Mises bout à bout, ces acquisitions ont aussi permis au groupe d’acquérir des savoir-faire, de constituer une offre diversifiée, d’élargir sa gamme de produits. « Quand on reprend des entreprises en difficulté, on mouille sa chemise et on ne peut souvent compter que sur soi-même… Car rien n’est fait pour aider les entrepreneurs qui investissent pour regagner la confiance et finalement sauver l’industrie française. Mais, quand le résultat est là, cela permet d’asseoir une belle culture d’entreprise. Et puis, à chaque fois, nous pouvons compter sur un personnel riche de plusieurs années d’expérience. Pour monter la même chose en partant de zéro, il faut au moins 5 à 6 ans », précise Laurent Dodet.

Des innovations de rupture

Pour sortir ces usines de leurs difficultés et bâtir la croissance future du groupe, Laurent Dodet investit également massivement dans l’innovation et dédie une équipe de 25 personnes à la R&D. « Nous ne voulons pas empiler les usines. Notre croissance future sera organique (30 % par an) et externe, selon les opportunités. Nous visons les 500 M€ de chiffre d’affaires d’ici 6 à 8 ans et nous devrions créer une centaine d’emplois. »

P & B a mis au point ou a noué des partenariats autour de cinq innovations, dont certaines ne demandent plus qu’à sortir des cartons. Le groupe a breveté un gel à raser sans conservateur et vient de lancer sur le marché une gamme de produits cosmétiques pour le bébé, également sans conservateur.

Par ailleurs, il a mis au point une eau enrichie en minéraux et ionisée et identifié une matière active, issue des plantes, pour traiter les taches sur la peau. Et, récemment, P & B Group est entré au capital de la start-up marseillaise Calysens, détentrice de deux licences exclusives et d’une expertise scientifique dans la lutte contre le vieillissement de la peau. « Nous les accompagnons depuis leurs débuts et avons décidé de les soutenir davantage : sur un marché mondial de la cosmétique estimé à 500 milliards de dollars, l’anti-âge pèse 25 milliards de dollars. Si nous prenons seulement 1 % de ce marché, ce sont 1 000 emplois créés chez P & B », explique Laurent Dodet.

L'international en ligne de mire

Cette capacité à innover, en partenariat ou en interne, est indispensable pour le chef d’entreprise : « Elle permet à une petite entreprise comme la nôtre d’exister et d’accrocher de belles marques à l’international (200 en portefeuille actuellement, NDLR). »

L’international est justement un chantier que P & B a récemment ouvert, en nouant un partenariat avec un géant mondial de la cosmétique, le groupe suédois Cetes Cosmetics (1,5 milliard d’euros de CA). Ensemble, ils ont monté une structure commune, dans laquelle le groupe français détient 90 % des parts. Alors que Pharma and Beauty réalise aujourd’hui 20 % de son chiffre d’affaires à l’export, Laurent Dodet espère à moyen terme approcher les 50 %. Il pourra, pour cela, s’appuyer sur le made in France, qui constitue « un réel atout dans l’univers de la cosmétique ».

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