Moselle
Comment Ïhou va vous faire manger des insectes
Moselle # Agroalimentaire

Comment Ïhou va vous faire manger des insectes

S'abonner

Basée à Faulquemont (Moselle), Ïhou vient de boucler un deuxième tour de table pour un montant de 800 000 €. La start-up opère sur un marché porteur : l'élevage et la transformation d'insectes pour l'alimentation humaine.

Elevé puis transformé par Ïhou à Faulquemont, en Moselle, le grillon devient une source de protéine crédible — Photo : © Alim'Ento

« Notre stratégie est celle d'un pionnier : nous prenons position. » Si Déborah Findeis-Schäfer se définit comme une dirigeante prudente, elle est aussi capable de faire des paris risqués. La création de la société Alim'Ento et de la marque Ïhou, spécialisée dans l'élevage et la transformation d'insectes pour l'alimentation humaine, se révèle aujourd'hui être un pari payant. « Avec une capacité de production de 5 tonnes annuelles, nous sommes le leader européen de la production d'insectes pour l'alimentation humaine », souligne Déborah Findeis-Schäfer. « Le marché est encore étroit, mais nous avons une carte à jouer. »

Après un mois de juin 2018 marqué par une deuxième levée de fonds, pour un montant de 800 000 €, septembre a été synonyme de déménagement : l'équipe d'Ïhou a en effet pris ses quartiers dans les locaux d'un ancien supermarché de 1 600 m2,, à Faulquemont (Moselle). Une surface qui va permettre à la société de passer d'une capacité de production d'environ 500 kg à plus de 5 tonnes par an, et de disposer d'un atelier de transformation dimensionné pour absorber la croissance de l'activité. « Nous allons aussi embaucher huit personnes, pour porter l'effectif à dix salariés », précise la dirigeante.

Les professionnels veulent du grillon

La première levée de fonds, en juin 2017, avait permis de rassembler 200 000 € et de montrer que les insectes étaient une source crédible de protéine. Mais dès décembre 2017, les deux créatrices de la société, Déborah Findeis-Schäfer et Pauline Barré, font le constat qu'elles sont dépassées par le succès. « Au lancement de la société, en 2016, nous avons fait 47 000 € de CA en six mois. Aujourd'hui, nous allons boucler l'exercice sur près d'un million d'euros », détaille Déborah Findeis-Schäfer.

Suivie par ses actionnaires historiques, Ïhou a été soutenu pour un deuxième tour bouclé très rapidement, avec les réseaux Yeast et Alsace Business Angels. La croissance s'explique notamment par le développement de l'activité en BtoB, une surprise pour les deux associées. « Les produits de marque Ïhou pèsent environ 20 % de l'activité », précise la présidente d'Alim'Ento. « Les 80 % restants sont des professionnels, intéressés par cette source de protéine alternative. » Pour ces clients, les insectes sortent de l'atelier de transformation sous forme de farine.

Misant sur la qualité et le 100 % Made in France, l'équipe d'Ïhou a travaillé un an pour mettre au point un pilote industriel répondant à toutes les exigences, notamment en termes de respect de la législation. L'espèce d'insecte retenue, le grillon domestique, se nourrit de céréales et de fruits bio, et loge dans des alvéoles en cellulose : en huit semaines, les œufs pondus par la femelle deviennent des grillons adultes capables de se reproduire. « Dans 100 grammes de bœuf, il y a 24 grammes de protéines, contre 70 pour le grillon », précise Pauline Barré, cofondatrice et responsable de la production. S'il est loin d'être mature, le marché a déjà passé le stade de la curiosité : ce ne sont plus les produits de snacking, où l'insecte est encore visible qui vont faire la croissance de la société. « La demande de transparence dans l'alimentation, mais aussi la recherche de sources de protéines alternatives, tout nous est favorable », assure Déborah Findeis-Schäfer.

Moselle # Agroalimentaire