Cinéma, une filière sous les projecteurs
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Cinéma, une filière sous les projecteurs

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Un fonds d'aide régional renforcé de 2 millions d'euros, des formations structurantes initiées, une offre d'équipements solidifiée : à l'occasion du 70e Festival de Cannes, la filière cinéma de Paca a fait l'objet de toutes les attentions. Parce qu'elle le vaut bien... Retour sur une filière qui pèse bien plus que ce que l'on croit.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Dix jours durant, Sébastien Aubert a couru. D'un rendez-vous à l'autre, le co-fondateur de la société de production cannoise Adastra Films a multiplié les rencontres. Scénaristes, réalisateurs, distributeurs et autres commissions du film... l'agenda était chargé. « C'est le moment clé de l'année », glisse-t-il à propos du Festival de Cannes qui s'est achevé le 28 mai dernier. Un moment d'autant plus clé qu'au cours de cette édition 2017, pour la première fois, Adastra y a présenté un film devant un parterre d'acheteurs potentiels : The Stranges Ones, deuxième long métrage de cet ex-spécialiste du court qui justement travaille sur quatre nouveaux projets, dont trois devraient être tournés en région Paca. « On a tourné en Géorgie, en Californie, il est désormais temps de le faire ici », sourit celui qui, dans ce cadre, vient d'obtenir un financement pour soutenir la phase d'écriture et de développement de ces projets. Quelques dizaines de milliers d'euros issus du fonds d'aide aux tournages régional que Paca vient de revoir à la hausse.

Des aides revues à la hausse

La convention de coopération triennale entre la Région et le Centre national du cinéma (CNC) a ainsi été signée le 23 mai. Si la Région injectait jusque-là 4 millions d'euros dans ce fonds, l'enveloppe a été portée à 6 millions d'euros, dont près de 90 % consacrés aux aides à la production. « Cette hausse permet de mieux accompagner tous les types de projets et, notamment, ceux qui avaient moins de moyens, comme l'animation avec 950.000 euros au lieu de 300.000 euros », confie l'ex-président de la Région, Christian Estrosi, répondant ainsi aux attentes des professionnels de la filière Cinéma qui regroupe, en Paca, 448 sociétés pour 6.500 emplois. Les aides au développement sont par ailleurs doublées, et les montants unitaires accordés passent de 5.000 à 10.000 euros pour un documentaire - « secteur très important pour la région » - et de 7.000 à 15.000 euros pour les longs métrages de fiction.

5000 jours de tournage

Paca est à ce jour le deuxième pôle français de tournages. Une place privilégiée initialement due à son positionnement géographique et à la multiplicité de ses paysages. « Il est vrai que ce sont avant tout les extérieurs qui attirent les productions », confirme-t-on à la Commission régionale du film, organe de coordination des dix bureaux d'accueil de tournages de Paca. Un cadre naturel et un ensoleillement qui captent entre 500 et 600 tournages chaque année. « En 2016, nous avons enregistré 5.000 jours de tournage, contre 4.500 en 2015. C'est le signe que l'engagement des collectivités qui promeuvent notre territoire à l'étranger paie. Tous les acteurs régionaux ont pris conscience de la réalité de la filière. Et que sa seule situation géographique ne suffisait plus », souligne Marianne Carpentier, présidente du Pôle transmédia Primi qui regroupe 110 membres de la filière : cinéma, jeux vidéo, communication digitale... Il faut dire que l'enjeu se mesure en pièces sonnantes et trébuchantes. En 2015, l'activité tournage, avec 369 projets, a permis d'injecter directement 60,6 millions d'euros sur le territoire de la Côte d'Azur. La Mission Cinéma de Marseille annonce, elle, plus de 40 millions d'euros de retombées en 2016.

Ecosystème renforcé

Plus largement, « les métiers liés à l'image représentent à l'échelle de la Région environ 29.000 emplois, hors intermittents du spectacle », indique Didier Parakian, élu à la ville de Marseille en charge du développement des entreprises. Une filière « importante » donc, mais qui « demeure difficile à cerner ». Elle représenterait ainsi 12.000 établissements générant un chiffre d'affaires de 3,8 milliards d'euros. « Plus que le secteur informatique qui ne représente que 3 milliards d'euros », commente Marianne Carpentier. D'où la volonté de renforcer l'écosystème dédié pour « augmenter la présence des équipes de tournage mais aussi et surtout l'utilisation des professionnels locaux afin de solidifier les entreprises qui manquent parfois de débouchés », insiste David Lisnard, président de la Commission du film 06 et maire de Cannes. Laquelle s'équipe. Un premier studio de post-prod de 1.200 m² - porté par un investisseur privé pour 11 millions d'euros ? sera opérationnel en 2019. Pile en même temps que le campus universitaire, l'une des composantes du projet de technopole de l'image, qui accueillera la Chaire internationale du Storytelling financée par Vivendi et Canal +. Une formation à l'écriture de longs métrages, séries TV, jeux vidéo... y sera délivrée en collaboration avec l'UCLA TFT, le volet audiovisuel de l'Université de Los Angeles. « C'est unique en France. Cannes deviendra le centre européen de la formation aux métiers de l'écriture », s'enthousiasme le premier édile. Et Paca, elle, gagnera - encore - en attractivité.

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