Implanté à Saint-Romain-de-Popey (Rhône) Chab Solutions (5 salariés d’ici septembre 2023) prévoit de construire à horizon 2025 une usine en autoconsommation de plus de 1 000 m² (panneaux photovoltaïques, recours aux ENR) sans rejets d’eau et de gaz. Montant de l’investissement : 10 millions d’euros, qui seront financés à environ 25 % par des subventions et avances remboursables de France Relance.
"Nous préparons également une levée de fonds d’un montant de 2 à 3 millions d’euros et pourrions recourir à des emprunts" précise son président qui est actionnaire à 33 % de sa société, aux côtés de la société de fournitures textiles et composants pour l’aéronautique CTMI et de la société SMB Bord Côte. Le nouveau bâtiment abritera une vingtaine de machines capables de produire différents diamètres de chaussettes, soit environ 700 000 mètres de géotextile par an pour un chiffre d’affaires prévisionnel de 4 millions d’euros en 2026. 25 personnes devraient être embauchées.
8 années de recherche et développement
Chab a mis au point une technologie innovante de tricot tubulaire permettant de remplacer le tubage acier dans les fondations profondes, de renforcer les sols (colonnes ballastées, micropieux) et de mettre en œuvre des sondes géothermiques verticales. Sa solution géotextile de coffrage s’adresse à des chantiers dans des sols difficiles où les risques de surconsommation et de déperdition de béton sont importants. Une niche à fort potentiel alors que les terrains à construire faciles à bâtir se raréfient.
"Nos chaussettes géotextiles sont une alternative aux tubages acier qui requièrent des transports fortement émetteurs de CO2 et un outillage lourd pour les poser", explique Olivier Balas, président de Chab, qui estime que le transport de ses chaussettes sur palette émet 90 % de CO2 de moins que l’acheminement de tubes en acier. Un argument commercial de poids au moment où le BTP est pressé de faire des efforts de décarbonation…
Au total, 8 ans de travail ont été nécessaires, de la mise au point du brevet jusqu’à la phase de pré-industrialisation. Concrétisation du brevet déposé en 2019, ce projet industriel a bénéficié d’un R & D Booster de la région en 2018 à hauteur de 1,08 million d’euros et d’un prêt innovation Bpifrance de 200 000 euros en phase de pré-industrialisation. Une collaboration avec l’INSA Lyon a permis de tester la résistance du géotextile. L’entreprise a ensuite mis au point 2 machine pilotes capables de fabriquer deux diamètres de chaussettes.
Multiplier les chantiers
Leur production a été validée en conditions réelles lors de la construction du CSI 2 (Centre des Savoirs et de l’Innovation) de Saint-Etienne qui a nécessité la pose de 30 pieux pour les fondations de sa structure. "Cela nous a permis de tester avec succès notre solution. Nous devons nous immiscer sur d’autres chantiers pour nous faire connaître et accumuler des données utiles pour obtenir la certification EPG qui rassurera nos futurs clients maîtres d’ouvrage ", ajoute-t-il. Un défi majeur : comment convaincre des adeptes du béton qu’un textile innovant peut rivaliser avec des tubes en acier ? La tâche devrait être plus aisée à l’international où les "marques d’intérêt" sont fortes et la réglementation moins contraignante qu’en France.
