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Transition écologique : les grandes entreprises appelées en renfort pour aider les PME dans leur décarbonation
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Transition écologique : les grandes entreprises appelées en renfort pour aider les PME dans leur décarbonation

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Et si l’union des entreprises faisait aussi leur force en matière de transition écologique ? L’association Pacte PME veut y croire : elle vient de lancer une "Alliance pour la décarbonation", dans l’espoir d’accélérer le verdissement de l’économie. Son pari : miser sur le collectif et l’entraide entre grands donneurs d’ordres et sous-traitants.

Pour accélérer le verdissement de l’économie, Pacte PME avance deux idées simples : transformer les grands donneurs d’ordres en locomotive de la décarbonation et aiguiller leurs fournisseurs vers un accompagnement personnalisé — Photo : Alexas_Fotos - Pixabay CC0

La transition écologique des entreprises sera collective, ou ne sera pas. Persuadée par cette nécessité de coopération sur les enjeux environnementaux, l’association Pacte PME vient d’imaginer, à la demande de l’État, un dispositif d’accompagnement à destination des petites et moyennes entreprises. Ambition affichée : d’ici 2025, aider 3 400 d’entre elles à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Et toucher, au passage, 15 % des PME industrielles françaises.

Une main tendue des donneurs d’ordres à leurs fournisseurs

Particularité de cette initiative, baptisée "Alliance pour la décarbonation et la transition énergétique" : elle mise sur le rapprochement entre acteurs du secteur privé pour relever le défi climatique. Au cœur de cette union sacrée, les grands groupes et leurs fournisseurs.

François Perret, le directeur général de Pacte PME, espère convaincre une quinzaine de grands donneurs d’ordres et 3 400 PME de rejoindre son "Alliance de la décarbonation" — Photo : DR

Sept donneurs d’ordres participent ainsi à l’opération (Aéroports de Paris, Bouygues Construction, EDF, Engie, Sanofi, Schneider Electric et Thales), "dans une logique de rassemblement et d’élan", explique François Perret, le directeur général de Pacte PME. Leur mission ? Être la locomotive du dispositif. D’abord au niveau de la sélection des participants : charge à eux, en effet, de recruter l’essentiel des bénéficiaires, choisis au sein de leur pool de sous-traitants. Seront privilégiés les entreprises industrielles et du bâtiment, les grandes PME (plus de 50 salariés) et les plus gros pollueurs. Mais l’Alliance ne se voit pas pour autant comme un club fermé : sur les 200 premiers dossiers étudiés, un quart n’a pas été coopté, souligne François Perret.

Le haut-fonctionnaire n’en reste pas moins convaincu que la relation entre grands groupes et sous-traitants peut être moteur pour accélérer le verdissement de l’économie : "Aujourd’hui, et demain plus encore, le choix des fournisseurs sera dicté par la conformité à un certain nombre d’exigences RSE, dont la décarbonation. Ce programme représente donc une opportunité pour conforter, dans la durée, les liens avec son donneur d’ordres."

Un "parcours de décarbonation" adapté aux PME

Pas question pour autant de proposer un dispositif de plus à des patrons qui ont déjà l’embarras du choix. C’est l’autre pilier de cette démarche : y associer des opérateurs, spécialisés dans la transition écologique, pour bâtir un catalogue de prestations adaptées aux PME. "Aujourd’hui, il existe un problème de lisibilité de l’offre, qui est à la fois foisonnante et dispersée. Les dirigeants peinent à se repérer dans ce maquis, justifie François Perret. Nous voulons donc leur simplifier la vie, en les orientant vers un opérateur justement choisi pour coller au mieux à leur situation."

Ces intervenants seront sélectionnés en septembre, pour enclencher les premières actions dès l’automne. Pour les PME les moins avancées, la démarche supposera de réaliser un bilan carbone, puis de rédiger le plan d’actions qui en découle, jusqu’à aboutir in fine "au choix des investissements à réaliser" et "la mise en place des solutions technologiques" identifiées.

Une entrée gratuite, pour un engagement au long cours payant

Dans ces conditions, l’entrée dans l’Alliance est gratuite, mais elle aura un coût. L’entreprise s’engage en effet, par la signature d’une charte, à s’inscrire "dans un parcours de décarbonation, et donc à travailler avec l’un des opérateurs qui lui sera proposé", précise François Perret. Ces prestations seront nécessairement payantes, "mais nous imaginons deux sources d’atténuation du choc financier. D’abord en négociant les tarifs auprès de ces prestataires, car nous leur amenons un marché potentiel de plusieurs milliers d’entreprises. Ensuite en discutant avec des partenaires, notamment bancaires, pour obtenir des offres de financement supplémentaires."

Pas d’accès privilégié, en revanche, aux aides de l’État. Seule une enveloppe publique de 650 000 euros a été débloquée, uniquement pour contribuer à la mise en place de l’Alliance.

Une alliance profitable aux grandes entreprises

Quid des grandes entreprises ? Elles apporteront aux PME partage de conseils, retours d’expériences et pilotage du dispositif. Mais leur participation n'en est pas moins intéressée. Certaines pourront, à terme, pousser leurs offres auprès des participants, pour les convertir en nouveaux clients. Et, sur le fond, elles auront aussi un avantage à tirer de ce système d’entraide. "Ces grands donneurs d’ordres disposent déjà tous d’une stratégie de décarbonation. Mais ils sont en difficulté sur ce qu’on appelle le "scope 3", détaille François Perret, c’est-à-dire leurs émissions indirectes de gaz à effet de serre, celles induites par leur activité et pour partie produites par leurs fournisseurs. Or, ces rejets pèsent sur leur propre trajectoire de réduction" et leur bilan carbone au sens large. À ce titre, Pacte PME espère donc convaincre une quinzaine de grands groupes de rejoindre l’aventure, en plus de l’ouvrir à d’autres acteurs (fédérations professionnelles, organisations patronales, collectivités locales…).

Car l’association voit déjà plus loin : elle espère développer ce format de partenariat public-privé sur d’autres thématiques RSE, comme l’économie circulaire ou la biodiversité. En attendant, elle a trois ans pour faire la preuve de l’efficacité de son Alliance sur le champ de la décarbonation.

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