Gironde
Ceva Santé Animale : "Nous proposons un vrai actionnariat salarié avec prise de risque"
Témoignage Gironde # Santé # Management

Ceva Santé Animale : "Nous proposons un vrai actionnariat salarié avec prise de risque"

S'abonner

Le groupe pharmaceutique vétérinaire basé à Libourne a mis en place un actionnariat salarié atypique, réservé à certains cadres, nécessitant un engagement personnel financier fort. Tous les cinq ans les cartes sont rebattues. Pour son PDG Marc Prikaszky, rémunérer ses collaborateurs au-delà du salaire est plus que jamais nécessaire.

Marc Prikazsky, PDG de Ceva Sante animale — Photo : Ceva - Sebastien ORTOLA

Le partage de la valeur est inscrit dans l’ADN de Ceva Santé Animale, depuis ses débuts en tant qu’entité propre, quand le groupe Sanofi (42 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, 100 000 salariés) s’est séparé de son activité vétérinaire en 1999. "On nous a dit que nous ne valions rien", se souvient-il. Avec une poignée de cadres, Marc Prikazsky décide de racheter la société (à l’époque moins de 1000 salariés, 100 millions d’euros de chiffre d’affaires) dont il deviendra PDG. "Nous avions 40 ans, des prêts immobiliers sur 30 ans. Nous voulions racheter la boîte mais on n’avait pas un sou en poche." Ils embarquent vite une centaine d’autres salariés, des banques, des investisseurs dans un LBO. Ils créent leur propre système d’actionnariat salarié, avec ses règles. "J’avais, rivé en moi, le souhait de rester indépendant. Pour cela, il fallait partager et ouvrir le capital aux salariés, sachant qu’on passait d’un groupe prestigieux de renommée mondiale à actionnaire d’une petite ETI. Beaucoup ne voulaient pas venir au début."

Prises de risques

Aujourd’hui, 1 000 cadres mondiaux sont actionnaires, sur les 6 500 salariés de l’entreprise qui réalise 1,53 milliard de chiffre d’affaires en 2022. Ils détiennent un quart du capital pour deux tiers des droits de vote. Une démarche engageante qui n’est pas ouverte à tous. "Vous ne pouvez pas le proposer à tout le monde, parce qu’en termes de gestion c’est extrêmement lourd et parce qu’il y a une vraie prise de risque, il faut emprunter pour devenir actionnaire. Il n’y a pas d’action gratuite donnée pour bons services. Chez nous, c’est du vrai actionnariat, de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros. C’est atypique. Au début, j’avais limité à un an de salaire, en raison de la prise de risque."

Seuls certains cadres sont concernés. "Nous pouvons refuser de le proposer à un poste élevé pour différentes raisons. De la même manière que chacun est libre de décliner ; dans certains pays c’est plus compliqué d’emprunter. Mais globalement les patrons des 47 filiales sont actionnaires, par exemple."

Aucun dividende n’est perçu pendant cinq ans, période au bout de laquelle les cartes sont rebattues. "Tous les actionnaires sont tenus de vendre. On refait un montage et on repropose aux personnes de redevenir actionnaires. Je fais en sorte qu’ils ne réinvestissent pas tout." Jusqu’à présent l’opération a toujours été profitable. "Les salariés actionnaires sont deux fois mieux rémunérés que les autres actionnaires. C’est normal, ils travaillent." Dans tous les cas, les portefeuilles demeurent secrets pour éviter les situations délicates qui verraient un collaborateur peser plus lourd que son responsable hiérarchique.

Participation, primes et intéressement

Marc Prikazsky perçoit dans l’actionnariat salarié une première étape vers l’ouverture du capital de l’entreprise, qu’il prône volontiers. "Je vois des entreprises familiales qui se drapent derrière le fait qu’elles ne sont pas des financiers. Pour moi, la famille, ce sont les salariés. Aujourd’hui, c’est presque un incontournable, les gens bougent de plus en plus, veulent du sens. Ils peuvent dire "cette entreprise, j’en ai un bout". Nos salariés sont très fiers. Rémunérer au-delà du salaire, c’est très important. Dès que nous pouvons verser des primes, type prime Macron, nous le faisons. C’est nécessaire en particulier sur les salaires les plus bas. Il nous est arrivé aussi d’abonder sur les participations."

Tous les collaborateurs français bénéficient de participation et intéressement. Dans d’autres pays, "c’est plus compliqué mais nous réfléchissons à monter des équivalents".

Gironde # Santé # Management
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise CEVA SANTE ANIMALE