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Boris Saragaglia (Spartoo) : "Nous avons réussi à être profitables dans un contexte très compliqué pour la mode"
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Boris Saragaglia fondateur et PDG de Spartoo "Nous avons réussi à être profitables dans un contexte très compliqué pour la mode"

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Malgré la hausse de l’inflation, qui a pesé sur la consommation des ménages et sur le secteur de la mode l’an dernier, Boris Saragaglia, PDG de l’enseigne grenobloise d’articles de mode en ligne Spartoo est parvenu à maintenir le cap grâce à une stratégie de gestion active des stocks, couplée à une politique d’investissement optimisée.

Spartoo devrait stopper les ouvertures de boutiques en 2024, pour tenir compte du contexte inflationniste — Photo : Guillaume Murat

Vous avez connu en 2023 un recul de votre chiffre d’affaires de 4,5 % à 200 millions d’euros, comment l’expliquez-vous ?

Il y a plusieurs raisons à cela. L’inflation tout d’abord, qui a progressé de 8 % à 10 % sur l’année, a entraîné un recul de la demande de 15 % à 20 % en volume. Dans ce contexte de hausse des prix, les gens ont davantage repoussé leurs achats : le délai d’achat est ainsi passé de 120 jours à 180 jours. L’année a donc été particulièrement difficile, notamment pour les acteurs de l’e-commerce et plus globalement pour le secteur de l’habillement et de la distribution, soumis à l’impact de la forte baisse du pouvoir d’achat. De nombreuses marques ont émis des "profit warning", telles que JD Sport, ASOS ou Farfecth ou été placées en redressement judiciaire. L’année 2023 a également été marquée par une météo peu favorable à notre secteur : l’été a mis beaucoup de temps à commencer et les consommateurs ont donc patienté avant d’acheter. Par ailleurs, l’hiver a été le plus chaud depuis les années 1980, or c’est la saison où nous gagnons le plus d’argent car nous vendons des produits un peu plus couvrants et un peu plus complexes en termes de production.

Vous êtes malgré tout parvenu à être profitable en générant 2 millions d’euros, avez-vous profité de cette année compliquée pour resserrer les cordons de la bourse ?

Pour faire face à ce recul des ventes, nous avons effectivement optimisé le retour sur investissement de nos frais marketing, qui ont diminué de 5 millions d’euros. Nous avons aussi baissé de plus de 20 % nos coûts d’acquisition clients et réduit le stock en valeur de l’activité online de 14 %. Tout ceci était ambitieux mais nous a permis de générer 2 millions d’euros d’Ebitda et d’obtenir une amélioration de plus de 20 millions d’euros de notre flux de trésorerie disponible.

Est-ce aussi pour cette raison que vous avez décidé de fermer votre deuxième entrepôt au second semestre ?

Nous avons en effet fermé notre entrepôt de Saint-Quentin-Fallavier que nous avions ouvert au moment de notre introduction en Bourse en 2020 et situé à quelques kilomètres de notre autre dépôt. Nous sommes passés de 90 000 mètres carrés d'entrepôt à 65 000 mètres carrés pour tenir compte de la baisse des volumes.

Allez vous poursuivre votre politique d’ouverture de boutiques cette année ?

Les ventes en boutiques, qui représentent 10 % environ de notre activité, ont été bonnes l’an dernier et ont progressé de 30 %, notamment grâce à l’ouverture de 15 nouveaux magasins portant à 47 notre nombre de points de vente. Nous allons néanmoins mettre en pause l’ouverture de boutiques cette année. Ce genre d’actifs est effectivement très indexé et dépendant du coût des loyers, de l’énergie et des salaires, qui devraient tous continuer à progresser en 2024. Notre objectif pour cette année est de continuer à être profitable pour amener de la capacité d’autofinancement, avec des stocks plutôt équilibrés, tout en maintenant notre niveau de dette.

Après le rachat des marques GBB (2018), Little Mary (2019), Easy Peasy (2020) et JB Martin et Christian Pellet (2021), avez-vous d’autres projets de croissance externe ?

Nous avons également pris une participation de 40 % dans la marque SAAJ en août 2022, qui a réalisé une bonne croissance cette année, de l’ordre de 20 %. De manière générale, le chiffre d’affaires lié aux marques acquises par le groupe a progressé de 21 % par rapport à 2022 notamment grâce à l’accélération de leur digitalisation. Pour 2024, nous restons opportunistes mais souhaitons surtout optimiser nos flux de trésorerie et notre profit. Nous serons plus agressifs en termes d’acquisition lorsque nous verrons que les fondamentaux de la consommation sont à nouveau présents. Aujourd’hui nous pensons qu’il est encore un peu tôt.

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