L’équipementier industriel lyonnais Boccard (3 500 salariés dans le monde, dont environ 1 300 en France) s’apprête à fabriquer pour le compte de Siemens Energy, les 72 électrolyseurs du site de production d’hydrogène renouvelable Normand’Hy d’Air Liquide à Port Jérôme (Seine-Maritime). Cet électrolyseur d’une capacité initiale de 200 mégawatts devrait notamment alimenter en énergie la raffinerie normande de TotalEnergies. Destiné à décarboner l’industrie et la mobilité, l’électrolyseur d’Air Liquide, dont la livraison est prévue fin 2025, sera l’un des premiers de cette taille en exploitation dans le monde. Montant total de l’investissement : 400 millions d’euros.
Dirigée Patrick et Bruno Boccard, représentants de la 4e génération à la tête du groupe, l’ETI familiale éponyme, implantée à Villeurbanne (Rhône) était initialement spécialiste de la tuyauterie, lors de sa création en 1918 par leur arrière-grand-père Joseph. Depuis la fin des années quatre-vingt, la firme lyonnaise s’est diversifiée avec succès dans la conception et la fabrication d’équipements industriels.
Une diversification menée tambour battant
Elle a notamment mis son site de production de cuves inox de Roanne, au Coteau au service de cette stratégie de diversification. Créée en 1937 et reprise en 1986 par Boccard, cette chaudronnerie traditionnelle fabriquait à l’origine des cuves inox pour la viticulture. Mais, trop concurrentiel, le secteur ne s’avère pas porteur. À partir de 2015, l’outil de production, qui emploie aujourd’hui une centaine de salariés, est réorienté vers les marchés de l’agroalimentaire, de la cosmétique hygiène, de la pharmacie, du nucléaire et depuis 4 ans, fournit également des équipements pour les biotechs. "Toute cette expérience nous a aidés à emporter le projet Normand’Hy. Nous sommes des spécialistes de l’inox dotés d’un savoir-faire pour fabriquer des usines clés en main dans nos propres ateliers. Ces sous-ensembles préfabriqués sont ensuite assemblés in situ", résume Eric Maurincomme, directeur business area Boccard life solutions.
Usines clés en main
L’avantage ? Une mise en œuvre rapide (18 mois pour le chantier Normand’Hy), vitale également pour la cosmétique et l’agroalimentaire dotés de forts besoins de réactivité sur leurs propres marchés souvent volatils et qui a de surcroît l’intérêt d’éviter la "coactivité". Une expression qui signifie que les sites de production ne pâtissent pas des inconvénients d’une fabrication sur place, qui expose à des problèmes d’hygiène et de potentielles perturbations de la production.
Le projet va mobiliser une cinquantaine de salariés chez Boccard, qui compte en recruter plus de la moitié (techniciens, opérateurs, etc.). C’est ce mode opératoire qui a également séduit Danone pour son usine de fabrication de desserts lactés à Saint-Just-Chaleyssin (Rhône) et pour la transformation d’un site de yaourts aux fruits à Villecomtal-sur-Arros (Gers) pour produire du lait d’avoine, un produit dans l’air du temps sur lequel le géant de l’agroalimentaire veut se positionner rapidement. Le projet représente un investissement de 43 millions d’euros. Boccard déclare être leader européen sur le marché de la cosmétique avec des clients comme les laboratoires Bioderma, Dior et L’Oréal. Il vient notamment de finaliser l’implantation d’une nouvelle ligne de production - un investissement de plusieurs millions d’euros - dans l’usine L’Oréal-Vichy de Vichy (Puy-de-Dôme).
